Formule intéressante, un peu, je crois l'avoir déjà dit, comme les bandes annonces au cinéma.
Mais encore ?
Outre le fait qu'ils sont publiés par un même éditeur, les ouvrages du recueil n'ont rien en commun. Je dirais même que la lecture successive des extraits de Keith Scribner et de Toni Morrison, cruelle pour le premier, illustrent à la perfection la différence entre un produit et une œuvre littéraire. L'expérience Oregon se vendra, connaîtra un grand succès, et il y a fort à parier que les droits d'adaptation au cinéma ou à la télévision ont déjà été retenus par quelque grande société de production; tout est parfait dans ce roman, n'y manque aucun adjectif ni adverbe, le lecteur y voit tout, y entend tout, chaque dialogue est à sa place, assez d'information pour renseigner le moins informé, le sujet d'actualité avec la juste d'ose d'insécurité et de bien-pensance. Comment en irait-il autrement, l'auteur enseignant le creative writing à Stanford... Bref, la perfection dans l'ennui : autant attendre la version télévisée avec son lot de stars plastifiées. Par comparaison, lisez trois paragraphes de Home de Toni Morrison, et vous serez happés par l'histoire, par la violence atroce de la ségrégation raciale; d'emblée vous êtes dans la littérature, et vous savez que la lecture de ce roman vous amènera ailleurs. Vivement, donc, le 23 août.
Je lirai peut-être le Vila-Matas, que j'ai déjà fréquenté il y a une dizaine d'années, mais dont j'ai fini par me lasser. Cette note tirée de Wikipedia illustre bien la raison de cette lassitude : « L’œuvre de Vila-Matas apparaît comme un exercice virtuose et ironique, où l’auteur, tel un funambule confronté au vide d’une « littérature qui parle de littérature », s’installe dans une véritable mise en abîme peuplée d’êtres réels ou fictionnels sur lesquels planent les anges tutélaires de Larbaud, Bove, Walser, Kafka... ». Virtuosité certes, mais exercice quand même, et ces jours-ci, je préfère me promener du côté de Stendhal plutôt que de Flaubert : un peu plus de vie, un peu moins d'art pour l'art... Pourtant, il y a quelques chose qui m'attire dans ce côté Hamlet du roman, de la fascination pour l'échec du héros...
Pour ce qui est de Linda Lê, et de son cadavre narrateur...