Par Bernard Vassor
Sur cette caricature, nous voyons un lazariste s'acquitter avec ferveur de sa noble tache sous le regard ravi d'une dame qui bat la cadence de sa noble main; Tandis qu'un autre personnage qui semble détourner la tête est agrippé à son vêtement par la main gauche du moine qui ne semble pas avoir utilisé la verge qui est posée au sol sous le chapeau de Beaumarchais, préférant le frapper à main nue.
C'est sur la sollicitation du clergé que Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais fut incarcéré du 7 au 13 mars 1785 à la prison Saint-Lazare. Monseigneur de Juigné et son coadjuteur l'abbé de Beauvais interdirent d'aller assister au" Mariage de Figaro" et de lire les oeuvres de Voltaire que venait de faire publier à l'imprimerie de Khel le triste sire Caron, mais, les autorités religieuses autorisèrent la consommation des oeufs les jours de carème. C'est le roi Louis XVI qui n'avait pas digéré le Mariage expédia l'auteur dans l'ancienne léproserie du faubourg Saint-Denis. L'ordre d'arrestation avait été crayonné sur un sept de pique lors d'une partie de cartes le 7 septembre. Quatre jours plus tard, il change une nouvelle fois d'avis et fait libérer Beaumarchais.
Le roi avait la digestion très lente, sa condamnation ne fut prononcée que 2 ans plus tard. Il est vrai que l'indécision était un trait de son caractère, il avait dans un premier temps considéré que la pièce était injouable, puis sous la pression de ses proches, il donna l'agrément. La pièce fut même jouée par les Comédiens du Roi.
Ce fut cependant sur l"intervention de Marie-Antoinette que la pièce a été donnée au château de la belle ville de Gennevilliers chez le duc de Vaudreuil, en présence de la duchesse de Polignac, du comte d'Artois et de nombreuses dames de la cour, le 18 septembre 1783.
Comme il était d'usage, la règle humiliante à la prison Saint-Lazare pour les nouveaux arrivants était d'être déculottés et d'éprouver le supplice de la flagellation.
Plus tard, Beaumarchais prétendit n'avoir pas subi l'épreuve des verges.
Les 30 premiers volumes de "l'édition de Khel" déjà parus furent saisis et mis en pilon sur injonction d'un arrêt du Conseil d'Etat du Roi.