SEUL LE SILENCE de R.J. Ellory

Editions Livre de poche601 pages7,50 euros

Résumé :
Joseph a douze ans lorsqu'il découvre dans son village de Géorgie le corps d'une fillette assassinée. Une des premières victimes d'une longue série de crimes. Des années plus tard, alors que l'affaire semble enfin élucidée, Joseph s'installe à New York. Mais, de nouveau, les meurtres d'enfants se multiplient... Pour exorciser ses démons, Joseph part à la recherche de ce tueur qui le hante. Avec ce récit crépusculaire à la noirceur absolue, R. J. Ellory évoque autant William Styron que Truman Capote, par la puissance de son écriture et la complexité des émotions qu'il met en jeu.


L'avis de Dup :
Je ne sais par quel bout prendre cette chronique tant cette lecture m'a désemparée. Je suis incapable de dire si j'ai aimé ou si je n'ai pas aimé. J'en avais entendu tellement de bien de ce livre que du coup je suis un peu déçue.Tout d'abord, il est étiqueté thriller et je m'attendais à une lecture haletante, stressante, ce qui fut totalement l'inverse. Soit, il est question d'une traque d'un tueur en série, mais ceci sur une période de vingt ans et le rythme est lent. C'est vraiment loin d'être un page turner comme je les affectionne habituellement. Ensuite parce que j'ai deviné bien trop tôt qui était le coupable et j'en ai voulu à l'auteur de m'avoir gâché la fin de cette lecture.

Cependant, l'écriture de ce monsieur Ellory est un vrai plaisir. Découvert avec Les anonymes, je reste vraiment fan. La profondeur des émotions qu'il arrive à faire passer ne peut laisser quiconque insensible. Les descriptions des lieux sont très visuelles et parfois poétiques. L'ambiance régnant dans l’Amérique profonde alors que les prémices de la seconde guerre mondiale secouent l'Europe parfaitement retransmise. Cet auteur n'a pas son pareil pour décrire des personnages, c'est très souvent savoureux, exemple :Clement Yates avait un visage plat et quelconque, exception faite de son oeil droit dont un coin se relevait au niveau d'une cicatrice nette, comme si quelqu'un lui avait accroché le sourcil avec un hameçon et avait tiré pour le dégager. En outre, il était un peu lent, et sa bouche oblique, son menton flasque donnaient l'impression qu'il avait à vrai dire gobé l'hameçon, et aussi le plomb et la ligne, et qu'il attendait maintenant patiemment d'avaler la canne.On va suivre la vie de Joseph Vaughan pendant plus de vingt ans, et le moins que l'on puisse dire c'est que celle-ci n'est vraiment pas cool. Il est tout juste orphelin de père lorsqu'à douze ans il découvre le premier meurtre : le corps d'une fillette violée et découpée en morceaux, pas très loin de chez lui. Chez lui, c'est Augusta Falls, petit village entouré de marais au fin fond de la Géorgie où tout le monde connait tout le monde. Il a quinze ans lorsque sa mère est internée en HP. Il découvre l'amour à dix-neuf ans, se marie à vingt et est veuf à vingt-et-un... et ce n'est que la moitié du parcours que je viens de résumer là ! Joseph est un futur écrivain en herbe, plein de promesses malgré un manque de confiance en soi, et Ellory va lui concocter un parcours initiatique sur fond de drame familial... C'est dur, c'est poignant et on ne peut que compatir et apprécier ce personnage si malmené, dont la vie est jalonnée de meurtres qui finalement vont devenir son obsession, sa raison d'être : trouver le coupable.Roman d'ambiance, roman noir qui va raisonner encore longtemps dans ma tête. Un roman que je ne peux que vous conseiller, tout en sachant dès le départ que ce n'est pas un thriller que vous allez lire.