Kris – Pendanx © Futuropolis – 2012
Lorsque les faits historiques croisent la fiction et que Kris nous embarque au cœur de la Révolution Russe assouvir ses rêves de libertés.
Aux côtés de Pepa le dessinateur et de Jaroslav l’écrivain, nous partons en quête de liberté dont la finalité est la liberté et l’indépendance du peuple tchèque.
Petit retour sur ce qui s’était passé dans le premier tome : « 30 septembre 1938. Joseph Cerny, alias Pepa, a 38 ans lorsqu’il apprend à la radio que les accords de Munich ont été ratifiés. Pour cet ancien soldat tchèque qui a combattu sur le front russe en 1918, cette nouvelle affligeante fait vaciller ses idéaux et l’image qu’il avait de la France.
Il se retranche alors chez lui et reprend ses carnets de croquis et les textes écrits vingt ans plus tôt par son ami et compagnon d’armes Jaroslac Chveïk. Les deux hommes s’étaient rencontrés à Prague en 1914 à la veille de la première guerre Mondiale. Après quelques mois sans nouvelles l’un de l’autre, ils se retrouvent en mai 1918. Leurs trains sont bloqués en gare de Tcheliabinsk, ils souhaitent trouver un moyen de rentrer chez eux… » (source : Chezmo). L’aventure est engagée et va les mener aux quatre coins de la Russie.
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Le tome 1, intitulé De Prague à Tcheliabinsk, se relatait l’événement fondateur du récit : l’incident de Tchieliabinsk qui marqua le début du périple des troupes tchèques. Après avoir été coincés en gare pendant près de 3 semaines, les troupes ont pu reprendre la route. Mais suite à des affrontements avec les troupes russes, une partie des soldats de la Légion tchèque sont faits prisonniers. Ils seront libérés quelques temps après, grâce au Général Tchetchek.
Le tome 2 débute ainsi sur la libération de Jaroslav (prisonnier des troupes russes) et a reformation du duo Pepa-Jaroslav. Le groupe semble être dans l’impasse, le rythme du récit doit se recréer jusqu’à ce que la solution éclate : engager une pour gagner leur indépendance ! Une révolution nait dans la Révolution russe, ajoutant davantage de confusion au chaos ambiant. Nous sommes en été 1918. Trotsky déclare ces tchèques hors-la-loi, ce qui le confortant dans leur désir de rentrer chez eux. On découvre ainsi leur fuite vers Vladivostok et leur évacuation par le Transsibérien.
Kris reprend les rênes de ce combat pour la liberté tout en parvenant à le canaliser. Il recourt ainsi à des passages plus lents, dont la longueur est variable, et qui installent les éléments narratifs. Les interactions entre les personnages ne sont pas laissées pour compte. On sent l’auteur à l’aise sur cette trame historique. Son aisance sur ce type de récit mi fictif mi historique n’est plus à prouver (il avait d’ailleurs réalisé avec brio une série en 4 tomes sur la Première Guerre Mondiale : Notre mère la guerre ; pour accéder à mes avis sur ces albums, je vous renvoie vers la Catégorie KRIS de ce blog). Je vous propose également de découvrir une biographie de l’auteur sur Brestenbulle.
Au niveau graphique, les illustrations de Jean-Denis Pendanx sont une nouvelle fois somptueuses. On se perd dans la contemplation des paysages, on profite de l’expressivité des personnages et de la fluidité qu’il offre à la lecture. Son travail est une nouvelle fois d’une grande qualité. Les couleurs d’Isabelle Merlet sont justes. On voyage au milieu d’ambiances fluctuantes, tantôt bleutées, tantôt verdâtres, tantôt dans des rouilles plus chaleureux et insufflant à la fois la fougue des troupes et leur foi inébranlable à l’égard du combat qu’ils sont en train de mener. Elles accompagnent parfaitement le rythme du récit.
Les chroniques : Ceux de 14 (site dédié à la Première Guerre Mondiale), Les Sentiers de l’Imaginaire, Planète BD, Bulles Picardes.
Extraits :
« Qu’est-ce donc qu’un pays ? Des montagnes, des prairies, des lacs et des villes où nous serions nés, au sein desquels nous aurions mangé, bu, baisé plus que n’importe où ailleurs ? Est-ce un père, une mère, une langue et un Dieu, des danses et des chants, des drapeaux et des titres de propriété, des défaites et des victoires, des barrières naturelles ou des barbelés aux frontières, le temps qu’il fait ou un mauvais caractère ? Ou est-ce juste une bande d’animaux ayant décidé de vivre ensemble coûte que coûte et de se chamailler dès que possible avec leurs voisins ? » (Svoboda, tome 2).
« Rien à foutre ! Je suis indépendantiste chez les impérialistes, internationaliste parmi les patriotes, fraternel avec les égoïstes, individualiste pour les collectivistes, baiseur chez les moralistes, cocu chez les abstentionnistes, plutôt modéré sur les bords et extrémistes au milieu de nulle part. Les cimetières me rendent joyeux et il n’y a qu’au bordel que je tombe amoureux » (Svoboda, tome 2).
Svoboda !
Tome 2 : Iekaterinbourg, été 1918
Série en cours
Éditeur : Futuropolis
Dessinateur : Jean-Denis PENDANX
Scénariste : KRIS
Dépôt légal : juillet 2012
ISBN : 978-2-7548-0645-9
Bulles bulles bulles…
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