Une séance de papotage entre copines sur le web, des emails et des invitations à quelques amies FB,nous voici partie pour une journée entre "filles", plutôt entre femmes, entre mamans durant l'été. Une coupure dans le week-end, un prolongement en ce lundi, nous sommes entre personnes du sexe féminin, sans aucun mâles, ni maris, ni amants, ni compagnons.
Des moments de complicités avec cette amie qui fait des massages, certaines ne se sont jamais offerts le plaisir d'un massage. Ni en institut, ni entre les mains de leur moitié. Elles savourent après avoir pris place sur la table dépliée dans un coin du salon, vers la terrasse, les autres discutent de leurs vies, de gourmandises et autres petites verrines amenées par la plus cuisinière d'entre-nous. Entre la simple purée d'avocats, verdis d'un jus de citron vert, avec un émietté de crabes frais, jusqu'au plus étonnant millefeuilles dans un verre haut, nous dégustons. Des couches de fins concombres se posent sur une purée de carottes au coriandre frais, des couches de chèvre frais doucement assaissonnés de ciboulette et d'échalottes, avec une goutte de vinaigre, et des feuilles de bric en rondelle pour donner des ruptures, mais l'explosion vient avec la mousse de crevettes fraiches, dans une poussière de piment d'espelette, savoureux, doux, chaud. Nous jouons de cuillères et de doigts pour les plus gourmandes.
Les discussions rebondissent en tous sens, sur nos sacs à main, sur les soldes, sur les robes de printemps trop chaudes pour l'été, jamais portées. On rit, on écoute, on s'échange des lieux pour des accessoires, des braderies et quelques soins beauté. Elle est là, elle sourit, détendue, elle regarde régulièrement son portable, un coin d'attention. Je la questionne "Business sous pression", elle me répond "Enfant sous pression". Quadra pimpante, elle a été la première à déguster le massage huilé, elle s'est enveloppé d'une tunique en coton léger, une touche corail, doucement froissé, un côté indien.
Nous libérons nos mots, à deux dans un coin de canapé, avec un souffle de vent d'été qui passe.
"Je suis maman d'un petit garçon, il est gardé pour presque la première fois. Je m'inquiètes de savoir si il trouve ses marques". Nos propos explorent les joies de nos enfants, leurs âges, les filles, les garçons, les surprises, les bébés, leur croissance si rapide, les ados, la vie, nos vies. Elle me confie que son petit dernier est différent, je crois comprendre le sens. Elle semble soudainement savourer doublement ce lieu, ces instants entre femmes. Elle porte à bout de bras cet enfant. Il est si gentil, parfois si actif, si violent avec lui-même, si loin dans son non-échange avec le monde. Elle le voit tourner, tendu, explosif, elle le voit aussi dans ses bras, calmé, rassasié de vie, à bouts de force. Elle vit pour lui, un peu avec les deux autres plus grands. Elle s'oublie, non elle s'oubliait avant. Avant cette rencontre avec d'autres parents, une association, des méthodes partagées, des problèmes évoqués, pas solutionnés pour autant, mais une vie différente maintenant. Elle a repris soin d'elle, d'eux, de sa famille, elle partage cette exclusivité, elle l'a ouvert à une garde partielle, juste quelques heures par semaine. Pour se détendre, oui, parfois simplement souffler, et l'aimer, l'aider encore mieux. Elle est fusionnelle avec ce garçon, ses autres enfants l'ont compris, l'aident, l'aiment ainsi.
Elle me sourit, bêtement sans savoir pourquoi avec cette inconnue, je l'entoure de mes bras.
Quelques minutes de paix. Mais déjà il lui manque.
A toutes les mamans, les couples qui accompagnent
d'amour leurs enfants différents.
Nylonement