Sylvie Assé
Samedi soir, place Saint-Michel, retour d'une petite soirée en famille... Sous nos yeux, une autre famille - un jeune couple et ses deux fillettes - s'installe pour la nuit au pied d'un kiosque à journaux au beau milieu du trottoir.
A peine nous sommes nous éloignés de quelques mètres que nous observons le manège d'un homme planté devant
eux qui tente de faire rire les petites... Il s'éloigne. Reviens... Son manège m'angoisse.
Nous revenons sur nos pas et tentons d'amorcer le dialogue avec le couple : hélas, ils ne parlent ni
français, ni anglais, ni espagnol. Pendant que mes propres enfants jouent avec les petites filles qu'un rien amuse, je téléphone au 115. Miracle : on me répond au bout de deux sonneries (du
jamais vu !). Second miracle, un traducteur roumain est disponible !
Je prête mon téléphone au papa. En entendant la conversation, la jeune femme commence à replier couette et couverture. Je reprend le téléphone : cette famille est déjà connue du 115. Un hébergement en hôtel est sur les rails. En attendant, on me suggère de les conduire dans un lieu "où ils seront moins exposés".
Nous décidons donc de les conduire aux urgences hospitalières en espérant qu'ils pourront y dormir dans la salle d'attente.
Là, jolie surprise. La responsable du service les accueille bien et nous donne une info très intéressante : lorsque des familles sont à la rue avec des enfants ou que la maman est enceinte, l'AP HP a pour mission de les héberger temporairement après une consultation médicale.
La solution est donc trouvée pour ces 4 là en attendant la place à l'hôtel promise par le 115 !
A force de petits dessins, je leur fait comprendre que durant six nuits il leur faudra visiter 6 hôpitaux où ils pourront dormir tranquille ! Rassurés sur leur sort, nous les quittons alors qu'on
leur apporte un plateau repas.
Pour prendre connaissance de cette note du cabinet de la
direction générale de l'APHP, cliquez dessus.
Certes, cette solution à ses limites... Mais en espérant/attendant que des moyens soient dégagés pour l'hébergement d'urgence et pour le logement des précaires, on n'a pas le choix !
Elle - 29 07 2011
Depuis les coupes dans le budget du Samu Social, le 115 connaît d’énormes difficultés à prendre en charge les familles sans abri. Pour éviter la rue, des femmes avec leurs enfants trouvent donc refuge dans les services d’urgence des hôpitaux parisiens. Nous avons rencontré le Professeur Jean-Christophe Mercier, chef de service des urgences pédiatriques à l’hôpital Robert Debré (AP-HP) ainsi qu’Emilie Adam, l’assistante sociale du service. Ils nous expliquent comment ils accueillent ces familles et tirent la sonnette d’alarme (cliquer pour voir la vidéo) : si pour l’instant, ils réussissent à les prendre en charge, la situation risque de devenir critique à la rentrée.
François Michelot - Le monde de l'exclusion - 20 07 2011
Selon une étude de l'AP-HP, une centaine de familles ont été contraintes de passer la nuit aux Urgences entre le 4 mai et le 15 juillet, faute de solutions d'hébergement.
L'aide d'urgence est en effet confrontée à d'importantes réductions de son budget, alloué par l'Etat. Le Samu social orientait auparavant les sans-abris vers des hôtels. Désormais, les financements dont il dispose pour des nuitées hôtelières sont amputés de 25%. Résultat : le numéro d'appel d'urgence de la structure, le 115, se voit de plus en plus souvent obligé de réorienter les plus démunis vers les hôpitaux.
"Cri d'alarme"
Sur les 111 familles concernées par l'étude, 45 ont passé la nuit aux urgences. Les 45 autres ont été orientés vers des maternités. Parmi elles se trouvaient au moins 64 enfants, âgés de quelques semaines à 12 ans. Le document de l'AP-HP précise qu' "avant de venir sur les maternités plusieurs familles ont dormi dans la rue ou dans des halls d'immeuble."
La démission de Xavier Emmanuelli a mis en lumière la situation critique de l'hébergement d'urgence. La candidate à la primaire PS Martine Aubry a évoqué mardi un "cri d'alarme, qui traduit la gravité de la situation de l'hébergement d'urgence en France." L'association France Terre d'Asile a quant à elle estimé que cette démission "n'était que la partie émergée du profond malaise qui s'est emparé du secteur social en France."
Face aux critiques, François Fillon répond ce mercredi dans un communiqué que "la situation des sans-abris constitue une préoccupation permanente du gouvernement." Concernant les "difficultés d'hébergement rencontrées par certaines familles cette semaine", le Premier ministre ajoute qu' "il existe des solutions, même provisoires", demandant que "tous les moyens de l'Etat, en lien avec les collectivités locales, soient mobilisés pour trouver des réponses appropriées, dans des centres d'hébergement, ou en recourant à des chambres d'hôtel avant une orientation vers des solutions plus durables."