Titre original : The Five-Year Engagement
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Nicholas Stoller
Distribution : Jason Segel, Emily Blunt, Chris Pratt, Alison Brie, Lauren Weedman, Mimi Kennedy, David Paymer, Jackie Weaver, Jim Piddock, Eric Scoot Cooper, Dakota Johnson, Jane Carr, Rhys Ifans, Mindy Kaling, Kevin Hart, Molly Shannon…
Genre : Comédie/Romance
Date de sortie : 1er août 2012
Le Pitch :
Un an après leur rencontre, Violet et Tom décident de sauter le pas et de se fiancer. Commençant à planifier leur mariage, les deux amoureux sont pourtant pris de court quand Violet se voit proposé un super boulot à Detroit dans le Michigan, à plusieurs centaines de kilomètres de leur lieu de résidence californien. Tom, brillant cuisinier, décide de tout lâcher et de suivre sa belle. Le mariage devra attendre quelques mois. Mais la situation se complique considérablement, quand le contrat de Violet est prolongé. Vont s’enchainer alors les problèmes qui ne cesseront de repousser le mariage…
La Critique :
C’était à prévoir : 5 ans de réflexion est un excellent film. Une comédie romantique non seulement touchante, mais aussi réaliste et furieusement drôle. Pas de surprise en effet lorsqu’on regarde les forces en présence. Aux manettes, Nicholas Stoller est le type qui a offert au monde, il y a quelques années, l’une des comédies les plus drôles de la dernière décennie, avec American Trip. Stoller qui a aussi réalisé le très bon Sans Sarah rien ne va !, déjà avec Jason Segel, au scénario et dans le rôle principal. Jason Segel donc, qui joue ici aux côtés de l’impeccable Emily Blunt et de tout un tas de comédiens, dont la plupart sont des habitués de l’univers si particulier des productions Apatow. Car oui, c’est Judd Apatow qui (co-)produit la chose, lui qui a réinventé la comédie américaine, en réalisant des best-sellers comme 40 ans toujours puceau, En cloque mode-d’emploi et en produisant des œuvres inoubliables comme Frangins malgré eux ou Supergrave.
L’équipe derrière 5 ans de réflexion est donc bien rodée. L’alchimie entre Segel, Stoller, Blunt et les autres, saute aux yeux et contribue à porter cette vraie comédie vers les sommets de la discipline.
La concurrence peut toujours essayer de s’aligner. 5 ans de réflexion réaffirme le talent et l’incroyable cohésion entre des acteurs, producteurs et autres réalisateurs et scénaristes qui, au sein de la même équipe (celle d’Apatow), arrivent non seulement à offrir leur propre vision de thématiques parfois éculées, mais aussi à conserver une patte unique, qui ne cesse, à intervalles réguliers, d’offrir des films qui se posent immédiatement comme des références.
5 Ans de réflexion est bel et bien une production Apatow, pas de doute là-dessus. L’humour y est volontairement graveleux (et très drôle) et les sentiments – qu’il s’agisse d’amour ou d’amitié- sont dépeints avec sincérité et pertinence, tout comme les thèmes qui y sont abordés, comme le mariage et les concessions qu’entrainent la vie de couple.
Et au sein de cette écurie de talents, le réalisateur/scénariste Nicholas Stoller est l’un des plus grands. Son association avec Jason Segel, de How I met your mother fait à nouveau des étincelles et les clichés, bien présents, sont dynamités.
Une nouvelle preuve que finalement, ce n’est pas tant le sujet qui importe, mais la façon dont il est traité.
Car 5 ans de réflexion de brille pas par son originalité. D’autres en auraient tiré une énième romance mièvre, c’est sûr. Tous les éléments sont réunis pour cela, rendant l’exercice encore plus périlleux.
Ici, les acteurs et le metteur en scène font de la haute voltige. Tout juste alourdi pas certains ressorts qui tombent à plat et par une durée excessive qui ralentit un peu le tout, le long-métrage s’attache à ses personnages, soigne ses ambiances, prend soin de toujours rester réaliste et renforce par cela une certaine identification (et une identification certaine).
Le couple Emily Blunt/Jason Segel est formidable. Les deux comédiens, qui flirtaient déjà dans Les Voyages de Gulliver, dégagent un vrai truc qui contribue à donner au film son identité. Elle est charmante, pétillante, gentiment trash et pourtant toujours accessible, tandis que lui, continue d’incarner le monsieur tout le monde attachant par excellence. Son rôle n’évolue pas spécialement d’un film à l’autre, mais il faut admettre que Segel maitrise à fond la chose. À l’heure où l’acteur quitte le cocon How I met your mother, ce nouveau rôle finit de l’imposer comme l’une des valeurs sûres de la comédie américaine qui en a sous le capot.
Il est tentant de se dire que si toutes les comédies romantiques étaient comme 5 ans de réflexion, les salles de cinéma pendant la St-Valentin n’auraient pas le même visage. En France, quand on voit le peu de copies du film, on est en droit de penser qu’un mystérieux lobby empêche de telles œuvres de se répandre comme elles le devraient. Des trucs immondes comme Happy New Year ou Valentine’s Day par contre, passent partout, du multiplexe, à la Salle des fêtes du trou du cul du monde. Quelque-part, quelqu’un bosse pour que ce vieux modèle ringard de romance cinématographique perdure contre vents et marées.
Heureusement, aujourd’hui, les films ne mettent plus un an à sortir en vidéo. L’occasion de se rattraper et de déguster ce trip amoureux à la puissance dévastatrice pour les zygomatiques, se présentera pour tout le monde tôt ou tard.
5 ans de réflexion fait du bien et fait plaisir. Il rassure sur le cinéma américain romantique et s’apparente à une bonne dose de bonheur concentré. Il pense autant aux filles qu’aux garçons, sans donner l’impression de chercher à plaire à tout le monde. En bref, 5 ans de réflexion reste lui-même. Avec ses scènes destinées à rester (la borne incendie, le pull tricoté à la main…), ses petits regards que se lancent Emily Blunt et Jason Segel, ses vannes bien potaches, ce type qui porte des t-shirts Mötley Crüe, ses longueurs, ses défauts (assumés), son côté gentiment foutraque et son rythme un peu en dent de scie. Le mélange est surprenant c’est certain. C’est pour ça que c’est si bon !
Et puis, il suffit de voir l’affiche pour savoir que non, on ne s’apprête pas à mater un truc dégoulinant de guimauve.
@ Gilles Rolland
Créditis photos : Universal