Taiwan : identité chinoise

Publié le 05 août 2012 par Egea

Intéressant article du Monde sur Taïwan, hier. Qui amène qq commentaires.

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Le reportage montre en effet les évolutions de l'île (je découvre d'ailleurs qu'il y a une population aborigène qui y demeure encore). En effet, après avoir été colonisée par les Japonais, son histoire tourne avec l'arrivée du Kuo Mintang en 1949 : la nouvelle élite des Chinois du continent domine l'île (et sa population autochotne), et se prétend représenter "toute la Chine". Puis le tournant des années 1970, quand la RPC remplace Taïwan dans les instances internationales, ouvre une nouvelle période, et au fond une interrogation :

  • poursuivre le débat "nous représentons toute la Chine" ?
  • Aller vers une "indépendance" qui constaterait deux systèmes ?
  • Au contraire, entamer un rapprochement d'abord économique mais aussi politique (d'ailleurs mené par le Kuo Mintang) dans une sorte d'inversion du projet d'une seule Chine ?

Mais au fond, on assiste à une nouvelle phase, que fait bien sentir le reportage : celle d'une sorte de néo-nationalisme qui part de l'expérience de la démocratie, acquise depuis maintenant une vingtaine d'années : ce que ne dit pas l'article, c'est que Taïwan se sent comme "en avance" par rapport à la Chine, ce que même les Chinois continentaux découvrent. Et les aspirations continentales à plus d'ouverture et de transparence trouvent un modèle sur l'île : au fond, les masses retrouveraient des schémas politiques du passé (dénués de leurs oripeaux idéologiques). Ainsi, Taïwan aurait réussi à hybrider plusieurs traditions...

Pourtant, Taïwan demeure un pion essentiel dans le projet géopolitique de Pékin (du moins dans sa partie maritime) : en effet, Taiwan articule la mer intérieure occidentale (liant la péninsule de Corée, le Japon et Taïwan) et la mer de Chine méridionale (qui fait d'ailleurs l'objet de revendications deplus en plus vigoureuses de Pékin depuis quelques moins, avec occupations d'îlots dans les Spratleys et les Paracels), comme je l’expliquai dans un billet passé.

Du coup, l'évolution taiwanaise va à l'encontre d'une démarche plus large qui dépasse le simple dialogue Pékin Taipei.

O. Kempf