Elle a pris son temps la belle Cat Power pour nous sortir un vrai nouvel album. Un album à elle, qui ne soit pas des reprises. En fait, Sun, c’est la galette qu’on attendait depuis 2006 et The Greatest. Elle a erré l’Américaine, elle a dévié, elle s’est murée dans un silence, elle a fait un retour scénique en demi-teinte. Et puis elle s’est finalement remis sérieusement au travail. Enfin, un nouvel album. Plus l’attente est longue plus le plaisir est là, dit-on. Et grand dieu, que cela fait plaisir d’entendre les nouvelles compositions de Chan Marshall. C’est après sa rupture avec son copain, l”acteur Giovanni Ribisi, qu’elle se remet finalement en selle. Un avion pour la France, elle débarque à Paris et rencontre Zdar, celui qui rallumera la flamme. L’album est enfin en route. On est en 2011.
Même si Sun arrive avec une séparation, ce n’est pas un album de rupture. Oui, elle parle encore un peu d’amour, et de douleur (“Cherokee”). Mais, ici pas de pistes mélancoliques. A croire que Cat Power a fini avec les depressive songs. Elle parle aussi de sujets plus engagés. Plus politique, elle parle du Monde (“Ruin”), des autres (“Human Being”). Et surtout, on la sent heureuse. Premier gros changement.
Le deuxième c’est la multitude d’instruments présents sur l’album. Chan Marshall a entièrement produit et presque tout joué sur cet album, et lui a donné un univers plus uptempo. Plus éléctro-pop aussi. On note la présence de synthé 80′s (“Real Life“), de beat éléctro, un peu d’auto-tune aussi (“3,6,9″). Mais, là où Bon Iver ou Sufjan Stevens ont abusé de la machine, Cat Power a su dosé la bête avec intelligence, juste ce qu’il faut pour rendre la piste étrange mais séduisante. Coup de coeur absolu pour Manhattan, déclaration d’amour à la ville. Une jolie ballade douce-amer où le piano et la boîte à rythme se marie parfaitement. Pour clôturer cet album, on retrouve “Nothing But Time“, un morceau immense de plus de 10 minutes avec un guest : Iggy Pop qui assure les choeurs. Le morceau fait clairement penser à “Heroes” de David Bowie. Normal, c’est un hommage à la rockstar et une belle manière de fermer cet album en tout point parfait. Rien à jeter.
En 20 ans de carrière, l’Américaine s’est toujours amusée à prendre les gens à contre-pieds, voguant d’un style musical à l’autre. Soul, folk, rock, blues…Il n’y a pas deux albums de Cat Power qui se ressemblent. Cela se vérifie encore une nouvelle fois avec Sun. Chan Marshall a dit adieu à la dépressive Cat Power. On la retrouve optimiste, heureuse. Et on l’aime aussi comme ça, Chan.
Sun, Matador Records.
Dans les bacs le 4 septembre 2012