Qu'on se le dise, Romain Collin est un pianiste sur lequel il va falloir compter. Expatrié aux
Etats-Unis depuis une dizaine d'années après des études classiques, il intègre la Berklee de Boston en 2005 puis l'institut Thelonious Monk de Los Angeles en 2007. Ce parcours
plutôt "traditionnel" lorsqu'on est américain attire de plus en plus d'étrangers décidés à venir puiser sur ces terres le savoir-faire et les connaissances des meilleurs musiciens de jazz. Pour
peu que vous ayez un réel talent, il n'est pas rare que vous puissiez démarrer une carrière une fois sorti de ces écoles prestigieuses, ce qui fut le cas de Romain Collin. Il
apprend la technique comme il se doit, aux côtés de maîtres tels Larry Goldings, Russell Ferrante, Ron Carter, Charlie Haden,
Mulgrew Miller et Wynton Marsalis.
Très vite repéré par Terence Blanchard (directeur artistique du T.M Institute), Herbie
Hancock et Wayne Shorter, il est convié à partir avec eux en tournée
au Vietnam et en Inde. Durant les 2 années suivantes il partagera la scène avec de nombreux musiciens célèbres; parcours d'un jeune sideman déjà mature et digne de confiance. C'est donc
naturellement que sort en 2009 son premier album (celui dont il est question maintenant), album dont certaines critiques ne manqueront pas de souligner la singularité expressive ainsi que
l'espoir de voir renaitre en lui l'esprit d'évolution d'un jeux moderne et brillant compris entre classique, jazz et pop, tout en s'inspirant comme il se doit de la grande tradition du trio
piano-basse-batterie.
Et c'est vrai qu'il y a de cela dans la musique de Romain Collin, un pur mélange de tradition et de
modernité à la fois. "The Rise And Fall Of Pipokuhn" garde une acoustique contemporaine tout en s'associant au travail subtil et distillé de l'électronique ajouté. Rien
de démesuré sur le plan de l'écoute avec seulement quelques insertions d'effets post-production, ainsi qu'un petit peu de programmation sur le titre "Ashes And Snow"
pour un rendu global au niveau de ce qui se fait de mieux disons, pour faire simple..... sous la forme post E.S.T (le titre "The Rise And Fall Of Pipokuhn", magnifique, en
est la parfaite illustration).
Les compositions écrites par Romain Collin (un total de 8 pour 58 minutes) sont interprétées avec une
extrême délicatesse. On y trouve beaucoup de finesse dans le jeu et dans l'apport des harmonies, de l'espace et du temps, et une grande richesse mélodique. Sa musique touche un large spectre
émotionnel et embrasse plusieurs univers sonor distincts, notamment dans les arrangements. Progressive, esthétique, sophistiquée mais sans grande "complication" dans la résonnance globale ou dans
les "chorus" de chacun, elle touche juste à chaque fois et promet de ne pas s'ennuyer une minute. J'espère que vous y serez aussi sensible que moi et que, tout amateur de bonne musique que vous
soyez, y trouverez de quoi vous réjouir.
Romain Collin (piano - design sonor - programmation), Joe Sanders (contrebasse),
Zach Harmon (batterie - tabla - percussions), augmentés sur "Ashes And Snow" de Gilad Ronen à la flûte et de Nicolas Farmakalidis pour les
programmations ajoutées.
Enfin, pour tous ceux qui auront été touchés par la musique de ce pianiste, sachez qu'il a sorti un deuxième album
courant mai intitulé "The Calling" (toujours en trio mais avec une autre formation). En ne suivant pas l'actualité je reconnais que je vais un peu à contre courant de ce
qui se fait en général sur d'autres blogs, mais j'attends encore l'album qui ne devrait pas tarder à arriver et vous en dirai sans doute plus à son sujet d'ici un moment.
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