Un militant islamiste a menacé hier la Russie d'un nouveau bain de sang et a revendiqué les attentats meurtriers perpétrés en juillet contre deux responsables religieux modérés au Tatarstan, république de Russie centrale de tradition musulmane souvent citée comme exemple de tolérance religieuse dans le pays.
Un homme qui s'est présenté comme étant le chef de la guérilla du Tatarstan a déclaré dans une vidéo postée sur un site internet utilisé par les combattants tchétchènes avoir donné l'ordre le mois dernier pour une attaque coordonnée.
"Le 19 juillet 2012, sur mes ordres, des opérations ont été menées contre des ennemis d'Allah. Louanges à Allah, nous croyons que l'opération a été un succès," déclare l'homme qui dit s'appeler Mukhammad.
Accroupi dans une forêt et tenant un fusil entre ses jambes, l'auteur de la vidéo adresse ensuite un avertissement sévère à tous les dirigeants musulmans modérés du Tatarstan qui refusent la pratique stricte de la charia islamique, respectée par la plupart des combattant rebelles en Russie.
"Nous continuerons à mener d'autres opérations contre les ennemis d'Allah", menace-t-il.
La voiture du mufti Ildous Faïzov, âgé de 49 ans, avait explosé en pleine rue dans le centre de Kazan, la capitale du Tatarstan. Blessé à la jambe, le mufti avait été hospitalisé et ses jours n'avaient pas été mis danger.
L'adjoint du mufti, Valioulla Iakoupov, avait quant à lui été tué par balles, le même jour, dans une attaque séparée survenue devant son domicile.
Cinq suspects avaient été arrêtés dès le lendemain. Ce matin, les autorités locales ont annoncé deux nouvelles arrestations, d'hommes qu'elles soupçonnent d'avoir joué un rôle important dans l'organisation des attentats.
Le mufti et son adjoint étaient connus pour être des responsables religieux engagés dans la lutte contre les courants de l'islam radical au Tatarstan, qui compte quatre millions d'habitants.
Les autorités de la république pétrolière du Tatarstan, jusqu'à présent considérée comme un modèle de tolérance religieuse, s'étaient inquiétées l'année dernière de l'apparition de groupes armés et de la montée du fondamentalisme.