Sarah Dearly,
Tome 1 : Mordue
Milady,
2010, p. 447
Première Publication : 2006
Pour l'acheter : Sarah Dearly, tome 1
Michelle Rowen, née en 1971 à Toronto au Canada,
est une écrivaine américaine de romans de fantasy,
de science-fiction et de thriller surnaturel.
Elle s'est créé deux noms de plume pour écrire
dans des genres différents : Michelle Maddox
pour écrire du suspense romantique futuriste et
Rachel Connor pour du thriller surnaturel.
ure semaine. Mon rendez-vous d’enfer… venait vraiment de l’enfer et il m’a mordue ! Je suis devenue une vampire. Mais j’ai tout de même rencontré un homme ce soir-là. Il est sexy, il a six cents ans et il est suicidaire. Personne n’est parfait, pas vrai ? Nous avons passé un marché : il m’apprend les ficelles du monde des vampires et je l’aide à se tuer. Bon, c’est pas gagné avec un immortel, mais je sais que je peux le convaincre que la vie vaut la peine d’être vécue… avec moi de préférence ! Sauf que pas mal de gens veulent nous faire la peau, à commencer par ces chasseurs de vampires, ces crétins qui ne comprennent rien à rien. Enfin bon, si tout se passe comme prévu, j’aurai un cavalier au mariage de ma cousine !
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e redoutais cette lecture et si je l’ai finalement entreprise, c’est parce que, non seulement elle fait partie du Baby Challenge Bit-Lit organisé par Livraddict mais surtout car il s’agissait d’un des derniers ouvrages présents dans ma valise vacancière. Pour moi, Sarah Dearly c’était un mélange de chick-lit et de bit-lit, avec tous les défauts que comportent ces deux genres que je n’apprécie pas toujours… J’avais peur de tomber sur une héroïne gourde et inintéressante et sur une intrigue déjà lue et relue…
Finalement, même si j’ai parfois eu un peu de mal avec la figure principale et si ses aventures ne m’ont pas transcendée, j’ai apprécié ce moment de détente. Je suis la première surprise mais j’ai souri plus d’une fois et même si je ne me jetterai pas sur la suite, je la lirai si j’en ai l’occasion.
Dans ce premier tome on fait donc la connaissance de Mademoiselle Sarah Dearly, assistante de direction bientôt trentenaire. Sa meilleure amie l’envoie à un rendez-vous arrangé, rendez-vous qui tourne vite au cauchemar puisque Sarah ne parvient plus à se débarrasser du psychopathe qui l’a mordue (dans le cou). Mais les ennuis s’enchaînent puisque, croyant tomber sur des sauveurs, elle se retrouve face à des chasseurs de vampires qui veulent lui faire la peau. Courant tant bien que mal en maudissant ses talons aiguilles, elle se réfugie auprès d’un suicidaire prêt à faire le grand saut. Dérangé dans son entreprise, celui-ci se résigne à venir en aide à la demoiselle en détresse, notamment en terminant la transformation de celle-ci. Parce qu’évidemment, en s’enfuyant à travers la grande ville de Toronto, elle tombe pile poil sur le plus vieux vampire de la région, qui met sa mauvaise humeur de côté pour aider cette hystérique débraillée… Et c’est le début du célèbre jeu du chat et de la souris entre ces deux-là que tout oppose.
Au début, Sarah ne me plaisait pas vraiment. Un peu trop gourdasse et portée sur le shopping à mon goût. Toujours à faire des bourdes qu’une gamine de cinq ans pourrait éviter en ayant un minimum de jugeote… mais heureusement la demoiselle évolue et finit par comprendre qu’elle est une vampire et qu’il y a certains trucs qu’il vaut mieux éviter : manger de la nourriture solide sous peine de tout vomir dans les fleurs de décoration du mariage de sa cousine, se tenir près d’un humain blessé en ayant rien dans le ventre depuis des heures ou encore, aller se saouler dans le bar des chasseurs de vampires et révéler sa nature à tue-tête ! Au fil des pages, sans devenir une héroïne que j’adorerais avoir comme meilleure copine, elle perd un peu en superficialité… et ce n’est pas dommage ! Malgré ses défauts, Sarah est bourrée d’humour et d’autodérision et ses remarques, dans les pires situations, sont assez cocasses (elle se promet de ne plus porter que des Nike si elle réchappe d’une course-poursuite, par exemple). Suivre ses aventures fait donc sourire et met d’excellente humeur !
Face à Sarah, on trouve surtout des figures masculines. Il y a évidemment d’autres demoiselles dans cette histoire, mais elles ne possèdent pas des rôles très importants. Au contraire, Thierry et plus tard Quinn, sont régulièrement présents et mis en avant. Le premier, vampire multi-centenaire dépressif et grognon n’est pas très causant (faut dire, avec un prénom pareil, moi aussi je ferais la gueule si j’étais un vampire puissant, ténébreux et sexy) et pas très surprenant non plus. Mais bon, le suceur de sang déprimé, ça a toujours son petit charme… Je trouve cependant le personnage de Quinn beaucoup plus intéressant et complexe et son évolution est plus surprenante. Par contre, comme toujours (ou presque) dans ces histoires, on va avoir droit au triangle amoureux… j’espère que ça ne tournera pas à la niaiserie.
Je ne sais pas trop comment l’auteure pourra faire évoluer ses personnages par la suite, elle donne assez peu de pistes (à part en ce qui concerne Quinn) mais j’espère que le triangle amoureux ne sera pas le seul élément utilisé pour les futures intrigues.
En parlant d’intrigue, celle de ce premier tome reste assez « pauvre » et simpliste. Deux bons tiers du roman sont occupés par la prise de conscience de Sarah (elle est un peu longue à la détente) et la phase qui suit l’acceptation : devoir s’habituer à sa nouvelle nature contraignante. Et comme la demoiselle multiplie les bourdes, elle passe la seconde partie de son temps à échapper à ses ennemis. Le dernier tiers du texte est dédié à la guerre que se livrent vampires et chasseurs et vous vous doutez que Sarah, avec ses gros sabots, met les pieds dans le plat. C’est loin d’être original et haletant, mais portées par l’humour et l’ironie de l’héroïne, les pages défilent rapidement.
En revanche, si je peux admettre un schéma narratif simpliste, je suis assez déçue par l’univers mis en place par Michelle Rowen. L’auteure n’invente rien, elle reprend des éléments piqués à la culture populaire (Buffy, Anne Rice…) et nous offre finalement très peu d’informations sur ses vampires. Ce que j’aime le plus en Imaginaire, ce sont les mondes et « mythologies » construits autour des personnages. En bit-lit, c’est toujours intéressant de voir comment les auteurs parviennent à insérer le fantastique dans notre monde contemporain. Là, c’est définitivement très pauvre et je ne suis pas sûre que ça s’arrange par la suite.
Du bon (l’évolution des personnages, les situations cocasses) et du moins bon (une intrigue un peu pauvre et un univers fantastique trop peu développé) dans ce premier tome, mais je retiens surtout une héroïne à l’humour décapant qui offre une lecture détente particulièrement amusante !
"- Vous êtes une vampire?
- Oui
- Vous n'en avez pas l'air.
Je fronçais les sourcils.
- Et à quoi devrait ressembler un vampire, selon vous?
- Je ne sais pas. (Quinn se pencha en arrière sur son tabouret pour m'étudier de la tête aux pieds.) Plus équilibré, je crois. Entièrement vêtu de noir. Et avec des dents pointues... ne devriez-vous pas avoir des crocs?
Je changeai de position pour pouvoir croiser les jambes. C'est vrai qu'un pantalon de yoga rose et tee-shirt blanc imprimé du mot "DIVA" en lettre pailletées ne criaient pas vraiment "créature de la nuit". Je devais aller au centre commercial dès que possible pour me refaire une garde-robe."
"Il me fit un bref signe de la tête, puis il s'éloigna à sa façon très raide. Sérieusement, je me demandais où il avait pu trouver un balai assez petit pour se le fourrer où je pensais."
"Depuis notre retour, je m’étais fait quatre cocktails de B positif additionné de vodka. Ils ne m’aidaient pas à me sentir mieux. Je supposais que le B positif n’était pas aussi optimiste que son nom l’indiquait."
"Je bus une autre gorgée de mon cocktail tout en admirant le coucher de soleil. Peut-être qu'au fond, les vampires pouvaient être des héros de contes de fées et vivre heureux ensemble, pour toujours.
Qui sait ?
Ou peut-être était-ce encore la tequila qui parlait."