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Les auteurs :
Portrait par Bernard Sesé à découvrir ici.
Luis Sepúlveda est né le 4 octobre 1949 à Ovalle, dans le nord du Chili. Étudiant, il est emprisonné sous le régime de Pinochet pendant deux ans et demi. Libéré puis exilé, il voyage à travers l'Amérique latine et fonde des groupes théâtraux en Équateur, au Pérou et en Colombie.
En 1978 il participe à une recherche de l'UNESCO sur "l'impact de la colonisation sur les populations amazoniennes" et passe un an chez les indiens shuars.
En 1982 il s'installe en Allemagne jusqu'en 1996. Depuis 1996 il vit dans le nord de l'Espagne à Gijón (Asturies). Il a reçu le prix de poésie Gabriela Mistral en 1976, le prix Casa de las Americas en 1979, le prix international de Radio-théâtre de la Radio espagnole en 1990, le prix du court-métrage de télévision de TV Espagne en 1991. Ses œuvres sont aujourd'hui des best-sellers mondiaux.
Il écrit des chroniques dans
El
País en Espagne et dans divers journaux italiens.
Le Vieux qui
lisait des romans d’amour, son premier roman traduit en français, a reçu le Prix France Culture du roman étranger en 1992 ainsi que le Prix Relais H du roman d’évasion et connaît un
très grand succès dans le monde entier, il est traduit en 35 langues.
Luis Sepúlveda est le fondateur du Salon du Livre ibéro-américain de Gijón (Espagne) destiné à promouvoir la rencontre entre les auteurs, les éditeurs et les libraires latino-américains et leurs homologues européens.
Il a également assuré en 2001 la mise en scène de Nowhere, film tiré
du conte, Actes
de Tola, extrait du recueil Rendez-vous d’amour dans un pays
en guerre. Et divers documentaires. (Source : éditeur)
Daniel Mordzinski est photographe, né à Buenos Aires en 1960. Il travaille depuis trente ans à un ambitieux « atlas humain » de la littérature. Argentin ancré à Paris, il a fait les portraits des auteurs les plus connus des lettres ibéro-américaines. Il a exposé en Argentine, en Colombie, au Mexique, en Italie et en France. Il est actuellement le correspondant en France du journal espagnol El País. (Source : La cause littéraire)
L’histoire :
« Nous sommes partis un jour vers le sud du monde pour voir ce qu’on allait y trouver. Notre itinéraire était très simple: pour des raisons de logistique, le voyage commençait à San Carlos de Bariloche puis, à partir du 42e Parallèle, nous descendions jusqu’au Cap Horn, toujours en territoire argentin, et revenions par la Patagonie chilienne jusqu’à la grande île de Chiloé, soit quatre mille cinq cents kilomètres environ. Mais, tout ce que nous avons vu, entendu, senti, mangé et bu à partir du moment où nous nous sommes mis en route, nous a fait comprendre qu’au bout d’un mois nous aurions tout juste parcouru une centaine de kilomètres. Sur chacune des histoires passe sans doute le souffle des choses inexorablement perdues, cet «inventaire des pertes» dont parlait Osvaldo Soriano, coût impitoyable de notre époque. Pendant que nous étions sur la route, sans but précis, sans limite de temps, sans boussole et sans tricheries, cette formidable mécanique de la vie qui permet toujours de retrouver les siens nous a amenés à rencontrer beaucoup de ces «barbares» dont parle Konstantinos Kavafis.
Quelques semaines après notre retour en Europe, mon socio, mon associé, m’a remis un dossier bourré de superbes photos tirées en format de travail et on n’a plus parlé du livre. Drôles d’animaux que les livres. Celui-ci a décidé de sa forme finale il y a quatre ans : nous volions au-dessus du détroit de Magellan dans un fragile coucou ballotté par le vent, le pilote pestait contre les nuages qui l’empêchaient de voir où diable se trouvait la piste d’atterrissage et les points cardinaux étaient une référence absurde, c’est alors que mon socio m’a signalé qu’il y avait, là en bas, quelques-unes des histoires et des photos qui nous manquaient. » Luis Sepúlveda, avant-propos du livre
Ce que j’ai aimé :
Dernières nouvelles du Sud est un récit touchant, l'amour des gens transparaît dans chaque mot, chaque phrase, chaque chapitre. Luis Sepulveda et Daniel Mordzinski sont des hommes qui aiment aller à la rencontre des autres pour mieux les comprendre, les entendre, écouter leur histoire et se laisser charmer par la magie des récits... Ils réussissent à communiquer cet amour profond de l'humanité avec intelligence et simplicité.
"Car dans le conglomérat de croyances qui constituent la foi d'un écrivain, il y en a une en laquelle je crois tout particulièrement : celle qui nous avertit du danger de confondre la vie qui coule au fil des pages d'un livre avec l'autre, celle qui bouillonne de l'autre côté de sa couverture. Lire ou écrire, c'est une façon de prendre la fuite, la plus pure et la plus légitime des évasions. On en ressort plus forts, régénérés et peut-être meilleurs. Au fond, et malgré tant de théories littéraires, nous autres écrivains nous sommes comme ces personnages du cinéma muet qui mettaient une lime dans un gâteau pour permettre au prisonnier de scier les barreaux de sa cellule. Nous favorisons des fugues temporaires." (p. 36)
Les personnages croisés durant ce périple sont comme irréels, nimbés d'une aura surnaturelle créée par le pouvoir de l'écriture, et pourtant, ils sont vrais : se croisent une vieille dame qui fait fleurir les fleurs en les effleurant du bout des doigts, les hommes du Patagonia Express, un passionné qui cherche le bois de son prochain violon, le shérif parti à la recherche de Butch Cassidy, et tant d'autres êtres devenus des personnages grâce aux auteurs du récit...
Le style de Luis Sepulveda agit tel un tapis volant, faisant naître sous nos yeux un univers magique insoupçonnable et pourtant bien réel...
"Presque à la tombée du jour, nous avons quitté dona Delia. Nous l'avons vue jeter des grains de maïs aux poules, caresser le chien, se pencher pour redresser une tige, rentrer dans sa maison, fermer la porte et allumer une bougie qui a baigné d'or son unique fenêtre.
Le soleil se couchait sur l'autre versant des Andes, l'orchestre des grillons accordait ses intruments. Un jour mourait en Patagonie mais, à l'aube suivante, une vieille dame de quatre-vingt-quinze ans, qui avait fêté son anniversaire avec deux hommes des grands chemins, garderait la merveilleuse habitude de vivre." (p. 87)
Les photos sont en parfaite adéquation avec ce récit magique conçu comme un dernier hommage à ces hommes et femmes de cette région du bout du monde ...
Ce que j’ai moins aimé :
- Rien
Premières phrases :
« Nous nous sommes mis en route sans savoir que la quila avait fleuri cette année-là. Cela n’arrive pas plus de trois fois par siècle et peut donc être qualifié de prodigieux. La quila est une variété de bambou andin qui pousse dans les ravins profonds de la cordillère. »
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Du même auteur : Le vieux qui lisait des romans d’amour de Luis SEPULVEDA
Autre : Récits de voyage
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Dernières nouvelles du Sud, Luis Sepulveda et Daniel Mordzinski, traduit de l’espagnol (Chili) par Bertille Hausberg, Métailié, avril 2012, 250 p. dont 80 photos, 20 euros