Panique complète à l’ouverture de Wall Street mercredi matin. Pendant 3/4 d’heure, les écrans s’affolaient affichant des cotations irrationnelles dans tous les sens.
Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Certains mauvais esprits diront qu’elle disjoncte souvent, la bourse de New York, mais là, c’est les vacances (enfin pas pour tout le monde car la zone est un tel état qu’aucun de ses responsables ne peut se permettre de partir), amusons nous un petit peu de la folie des hommes.
L’ouverture de Wall Street mercredi matin fut rock and roll. Pendant 3/4 d’heure, il se passait n’importe quoi. Exactement comme dans un film de science fiction, les écran s’affolaient affichant des cotations irrationnelles dans tous les sens. C’était le chaos complet. Les cotations de 140 sociétés sont parties dans tous les sens, faisant croire à une activité frénétique, totalement irraisonnée, qui à un moment faisait s’envoler les actions de Dole Food, à un autre plonger celle de Harley-Davidson. Les titres américains de Novartis ont, eux, décroché de 4%. Les images prises au ralenti – à la milliseconde – par la société Nanex révèlent que ces actions du géant pharmaceutique ont été l’objet de plus de 16 000 cotations et près de 1500 échanges entre 09 h 36 mn 01 s et 09 h 36 mn 56 s… Puis… tout est redevenu normal.
1/4 d’heure de folie, test d’un Super Vilain qui veut faire chanter la planète ? Rien de tout cela. Gros bug.
Il aura fallu plusieurs heures pour identifier le coupable qui ne s’est pas dénoncé tout seul : Knight Capital. La firme de courtage est un des principaux «market maker» de Wall Street. Ses ordinateurs achètent et revendent en permanence des titres, perdant ou gagnant une micro-somme au passage. L’explication officielle donnée par Knight Capital est «Un problème lié à l’installation d’un logiciel de trading a provoqué l’envoi de milliers d’ordres erronés.» En fait, le logiciel de trading en question se serait mis à tourner à l’envers, vendant en boucle les titres au prix demandé par les acheteurs – c’est-à-dire au plus bas – après les avoir achetés aux conditions visées par les vendeurs, donc au plus haut. Par exemple sur une valeur comme Exelon, «ceci signifie perdre 0,15 dollar pour chaque transaction ; quarante fois par seconde, 2400 fois par minute, ce qui en fait une redoutable machine à brûler les dollars». Finalement, les autorités de marché ont déclaré nulles les transactions réalisées ayant été opérées durant ces 3/4 d’heure sur six sociétés. Ce qui veut dire que Knight Capital doit régler la facture sur les autres. Une jolie ardoise de 440 millions de dollars. Une paille ! Quatre fois les profits de l’année dernière (115M$) disparus, envolés en moins d’une heure…
Le cours de Knight Capital a sérieusement dévissé le reste de la séance (pour se reprendre un petit peu hier) mais là, il ne s’agissait pas de mouvements irrationnels, au contraire !
----
Sur le web.