Le Jeu de Robin et Marion au Festival d’opéra de Québec : l’enchantement lyrique en 2D de Claude Bernatchez et Luc Archambault

Publié le 05 août 2012 par Turp

4 août 2012
(No 2012-32)


Peggy Bélanger (Marion) et Frédéric Beaudoin (Robin)
et les instrumentistes de l’ensemble Anonymus
Photographie : Hélène Hall, 2012

Si la touche magique de Robert Lepage a opéré à nouveau au deuxième Festival d’opéra de Québec avec The Tempest de Thomas Adès, deux autres artistes de Québec ont offert des moments d’enchantement lyrique en adaptant pour la scène Le jeu de Robin et Marion d’Adam de la Halle. Le musicien Claude Bernatchez et le scénographe Luc Archambault ont illuminé la Chapelle du Musée de l’Amérique française en transformant l’œuvre en opéra-papier et en mettant en espace les quatre personnages de cette pièce remontant au XIIIe siècle. L’originalité de cette production à laquelle j’ai pu assister le jeudi 2 août 2012 repose sur l’espace scénographique créé par Luc Archambault et qui offre bel encadrement esthétique aux 26 tableaux de la pièce de la Halle. Les surfaces et les costumes 2D, que les quatre artistes sur scène manipulent avec grande habileté, contribuent également à l’enchantement,  comme le fait également la marionnette conçue également par Luc Archambault et articulée par Élyse Caron.

La qualité des prestations musicales et vocales de l’Ensemble Anonymus explique aussi le succès de cette production. Le ténor Frédéric Beaudoin se distingue particulièrement dans le rôle de Robin et projette efficacement une voix bien timbrée dans l’enceinte de la chapelle. Incarnant Marion, la soprano Peggy Bélanger chante, dès le départ et avec son premier air Robin m’aime, beau et vrai. Le baryton Emmanuel Lebel (Chevalier et Baudon) et la mezzo-soprano Rachèle Pelletier (Peronnelle) offrent aussi l’un et l’autre de belles performances vocales et participent à la qualité du jeu dramatique. Claude Bernatchez prête quant à lui sa voix personnage de Gauthier (et à la marionnette et qui le joue) et dirige consciencieusement, tout en étant à la vièle, au luth aux percussions), les trois autres instrumentistes de l’ensemble, soit Michel Angers (luth), Anne-Marie Forest (organetto) et Élise Guay (flûtes, cornemuses et chalémie).

L’inclusion de cette œuvre dans la programmation du deuxième Festival d’opéra de Québec est une initiative heureuse. Il est à espérer que l’Ensemble Anonymus puisse offrir, comme il l’avait fait lors du premier festival, une nouvelle production en 2013. Elle aura certainement  le mérite, comme celle de cette année, de nous rappeler d’où l’opéra tire ses origines et de situer l’art total dans sa perspective historique. Elle permettra aussi au festival de Grégoire Legendre de se positionner comme un événement qui soutient son milieu et valorise le travail de musiciens et scénographes qui, comme Claude Bernatchez et Luc Archambault, formulent des propositions artistiques aussi originales qu’audacieuses.

Sur Le jeu de Robin et Marion, je vous invite aussi à lire les vues du critique musical Richard Boisvert, « Le Jeu de Robin et Marion: pas parfait, mais charmant », Le Soleil, 31 juillet 2012.

De la Musique en plein air à la Maison Hamel-Bruneau

J’ai assisté le mardi 31 juillet au premier des deux concerts de Musique en plein air organisés dans le cadre du Festival d’opéra de Québec. Organisé en collaboration avec l’arrondissement de Sainte-Foy-Sillery-Cap-Rouge dans le décor champêtre de la maison patrimoniale Hamel-Bruneau, le concert a rassemblé plus d’une centaine de mélomanes qui avaient bravé une chaleur torride pour apprécier un programme d’œuvres lyriques, d’airs de comédies musicales  et de chansons françaises. La soprano Marie-Michèle Roberge, la mezzo-soprano Marie-Josée de Varennes, le ténor Guillaume Boulay et le baryton Bertin St-Onge ont commencé le programme par le très beau quatuor du deuxième acte de l’opéra Luisa Miller de Giuseppe Verdi et en terminant avec La mer de Charles Trenet. Ont pu aussi être entendus quelques beaux solos, duos, trios et quatuors d’opéras de Wolfgang Amadeus Mozart (Le Nozze di Figaro, Il Barbiere di Siviglia et Don Giovanni) ainsi que de Geogres Bizet (Les pêcheurs de perles) et de Jules Massenet (Manon). J’étais par ailleurs heureux d’entendre Le marteau de Lionel Daunais et l’inclusion d’une mélodie québécoise au programme.

J’ai particulièrement apprécié la voix de Marie-Michèle Roberge qui a offert une très belle interprétation de l’air Summertime de l’opéra Porgy and Bess de George Gerschwin, mais aussi – sous son parapluie multicolore- de la chanson Over the rainbow d’Harold Harlen tiré du film The Wizard of Oz. J’ai pu échanger avec la diplômée de la Faculté de musique de l’Université Laval et lui ai dit espérer la voir se distinguer sur nos scènes lyriques. Pour ceux et celles qui voudraient d’ailleurs l’entendre, elle présentera un concert sous le thème de « L’art lyrique » le dimanche 5 août 2012 dans le cadre des Matinées musicales Miranda de la maison natale de Louis-Fréchette à Lévis le dimanche 5 août 2012. Pour plus de renseignements sur ce concert, vous pouvez cliquer ici.


Marie-Michèle Roberge

La brigade lyrique…en superbe forme !

J’ai également pu voir La Brigade lyrique à l’œuvre au d Parc des Champs-de-Bataille le jeudi 2 août et ai retrouvé ces cinq membres en superbe forme. Avec leur accompagnateur Jean-François Mailloux, la soprano Judith Bouchard, le ténor Keven Geddes, la mezzo-soprano Priscilla Ann Tremblay et le baryton Dominique Veilleux ont présenté un programme qui s’est terminé en beauté avec L’heure exquise de La veuve joyeuse de Franz Lehar. Et l’auditoire rassemblé dans le Jardin Jeanne-d’Arc a également eu droit à un rappel et à l’interprétation du célébrissime quatuor de l’opéra Rigoletto de Giuseppe Verdi.


La brigade lyrique :
Priscilla-Ann Tremblay, Kevin Geddes,  Dominique Veilleux, Judith Bouchard et Jean-François Mailloux
Photographie : Daniel Turp, 2012

Comme les brigadiers et brigadières qui ont posé pour le blogueur lyrique (et photographe à ses heures!) me l’ont confié après le concert, le beau temps a été au rendez-vous pour leurs 14 premiers concerts. Si la température est toujours aussi clémente, la brigade réussira à donner ses 20 concerts et un sens à leur slogan : « L’opéra vient à vous ! ».

Le Nozze di Figaro en version concert au Festival d’Orford et une matinée d’opéra à l’Église d’Huberdeau

Le Festival d’Orford 2012 présente en ce samedi 4 août 2012 à 20 h une version concert des plus beaux extraits de Le Nozze di Figaro de Wolfgang Amadeus Mozart. Les interprètes seront les solistes du stage d’art vocal de l’Académie Orford et l’accompagnement leur sera offert par l’Orchestre de l’Académie Orford sous la direction de Jean-François Rivest…avec en prime une narration de François Le Roux.

Et demain le dimanche 5 août 2012, une Matinée à l’opéra aura lieu à l’église d’Huberdeau dans les Laurentides au Nord de Montréal. Elle mettra en présence l’Ensemble vocal Excelsior sous la direction d’Andrei Bedros. Les solistes seront le ténor Thomas MacLey et le baryton-basse Alexandre Sylvestre. Les deux chanteurs seront accompagnés par la flûtiste Andrée Lebrun et la pianiste Nicole Pontbriand et interpréteront des extraits des opéras Les pêcheurs de perles et de Carmen de Georges Bizet.

À l’émission « L’opéra comme un roman », Sylvia L’Écuyer diffusera le dimanche 5 août de 20 h à 23 h l’opéra Manon Lescaut de Giacomo Puccini d’’après L’Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, d’Antoine François Prévost. La distribution comprend Mirella Freni, soprano (Manon), Dwayne Croft , baryton (Lescaut), Luciano Pavarotti, ténor (Il Cavaliere des Grieux), Giuseppe Taddei, basse (Geronte de Ravoir), Ramon Vargas, ténor (Edmondo) et Cecilia Bartoli, mezzo-soprano (Un musico). Le chœur et l’orchestre du Metropolitan Opera  sous la direction  de Maestro James Levine. L’enregistrement utilisé par l’animatrice est celui paru sur étiquette Decca en 1993.

*****

Je publierai un dernier numéro spécial du blogue lyrique pour faire un bilan du deuxième Festival d’opéra de Québec le mardi 7 août.

Bonne fin de festival !