Naour © Le cherche midi 2012
La chti ne supporte plus la grisaille parisienne. Lorsque son ami Claude propose de lui prêter sa maison à Noirmoutier, elle s’empresse d’accepter. Arrivée sur place, elle rencontre avec plaisir la « faune » locale au bar des menteurs. Une tripotée de noirmoutins et de noirmoutines imbibés du matin au soir. Des personnages haut en couleurs qui ont tous un surnom : La bernique, Y’a pas, Ardoise magique, Riz complet, Remets-moi ça… La chti va être initiée à la vie insulaire par ses piliers de bistrot à coup de rosé, de muscadet et de bière blonde.Des dialogues qui se voudraient inspirés par Audiard, des seconds rôles truculents et quelques situations cocasses, il y a là beaucoup d’éléments savoureux qui pourraient pousser à la lecture sans modération. Pourtant, je ne me suis pas laissé embarquer avec plaisir à Noirmoutier. Trop de clichés (les parisiens sont soit des mendiants, soit des bobos, les touristes en vacances sur l’île sont forcément des gros cons…), une volonté un peu artificielle de célébrer « l’ivresse joyeuse » (c’est bien connu, tous les pochtrons sont des gens formidables) et un ébahissement permanent devant la beauté des paysages ont eu raison de mon enthousiasme. Je comprends que l’on puisse trouver dans ce récit un hymne à la vie, à la fête, aux copains. Je comprends que l’on puisse avoir envie de s’accouder au bar des menteurs pour trinquer avec Remets-moi ça mais personnellement, je préfère passer mon tour. Pas parce que je suis un vieux réac rabat-joie (quoique…) mais parce que ce texte à l’écriture plutôt plate et aux dialogues pas si enlevés que cela m’a laissé de marbre.
Dans le genre « roman éthylique » de qualité, je préfère, et de loin, Les compagnons du verre à soif de François Vignes.
Le bar des menteurs d’Ingrid Naour. Le cherche midi, 2012. 120 pages. 13,00 €.