Le chassé-croisé des juilletistes et des aoutiens, comme l’assènent les journalistes TV englués dans la torpeur estivale, est le signal de la grande vacance des pouvoirs. Les politicrates ont rangé crayons et paperasses pour s’adonner à la joie du farniente. On ne peut les blâmer, ce ne sont que des humains « normaux », comme vous et moi.
Cette période d’abandon général est aussi celle de la procrastination, un des mots les plus laids de la langue française, une attitude somme toute banale qui consiste à remettre systématiquement à plus tard la plus petite tâche.
Ainsi en est-il du gouvernement actuel, qui après avoir passer les premières semaines de son règne à détricoter méticuleusement le travail de ses prédécesseurs et balancer une salve soutenue de nouveaux impôts et taxes, s’est bien gardé de régler les problèmes, bien gardé d’apporter des réponses concrètes aux grands enjeux, bien gardé d’amorcer le moindre début de réformes tant attendues mais encore reportées à la saint glin-glin…
Ainsi en est-il de la BCE et de son président Mario Draghi, qui après avoir emballé les marchés par des déclarations d’une fermeté rassurante pour sauver l’euro et l’Europe, a précisé jeudi dernier que la Banque Centrale Européenne interviendrait pour sauver les Etats malades à la condition express que les gouvernements fassent déjà leur boulot. Comprenez, qu’ils paient leurs dettes, réduisent la voilure de leurs administrations dispendieuses et décident de vraiment travailler ensemble pour faire avancer le fédéralisme européen. Beaucoup trop de conditions pour des politicrates plus enclins à sauvegarder leur pouvoir en reportant au lendemain ce qui doit être fait aujourd’hui.
Face à cette procrastination générale, les marchés ne vont pas attendre et sortir le bazooka pour tirer à vue. L’été est déjà pourri, ça risque de durer jusqu’à l’automne et bien au-delà…