Edition 12 pour ce free 3-day festival, organisé par la VZW Blues Oan Daa Stoazze.
Pas une sinécure pour arriver à Hamme un vendredi soir, premier week-end d'août signifie tension extrême au volant, bouchons horribles à l'entrée de l'autoroute vers la côte et quelques fameux barjots sur la Brusselsesteenweg entre Zellik et Asse.
Tu atteins la Koning Albertplein vers 18h15' pour, illico presto, te diriger vers la caisse et acheter quelques tickets te permettant t'étayer ta soif.
L'an dernier ce sympathique festival a fait la une des journaux lorsque Jeanne Carroll devait s'effondrer en plein set et décéder peu après, les organisateurs se souviennent encore de cette tragédie, mais, chapeau bas, ils ont réussi à remettre sur pied un événement dont l'affiche présente pas mal de noms attractifs.
18:30' la poisse semble ne pas vouloir les lâcher, la tête d'affiche, Barrelhouse, est coincée du côté d'Anvers, accidents sur le ring, les nombreux fans hollandais sont dans le même cas et côté météo, ce n'est pas la gloire, il pleuvine.
18:40 Ganashake
Le trio d'Erps-Kwerps monte à peine sur scène qu'une averse immonde inonde la place, heureusement les nombreux bénévoles ont dressé une quinzaine d'immenses parasols permettant au public de se mettre à l'abri.
Coup d'envoi postposé!
19h une accalmie, l'organisateur annonce Ganashake qui doit ouvrir en force.
Jess Jacob (vocals, guitar) Sander Goethals (bass) et Bert Minnaert (drums) ont décidé de secouer le cocotier d'emblée, les tympans vont être abreuvés d'un cocktail électrique et explosif de blues/ roots/ power rock piqué de quelques pointes de funk, que les anciens compareront volontiers à Taste - Cactus - West, Bruce &Laing ou Beck, Bogert &Appice....
Ta dernière rencontre avec Ganashake date de l'an dernier, depuis le combo a sorti un nouvel album ' Flirty Fishing' dont les plages sont régulièrement programmées par les animateurs de Classic 21 Blues.
Départ tonitruant avec ' Little black room' sur leur nouvelle plaque, une intro hard/psyché annonce un rock lourd, massif, sombre, pareil à celui d'un Led Zep en début de carrière.
Changement de gratte pour Jess, quelques méchants riffs ébauchent ' Dancing dose you trust' que certains, pas cons, imaginent être une réponse à 'All this dancing around' de Triggerfinger.
La guitare dégouline sur une rythmique trapue, pas question de dentelle, on travaille dans le viril.
Une basse à la limite de la disto attaque le plus vieux ' Special Sauce', Bert, tel un bûcheron n'ayant plus touché une femme depuis quinze jours, tabasse fébrilement toms et cymbales, la guitare crache des flammes... tu voulais un apprêt diététique, t'as sonné chez le mauvais traiteur.
Dans un accès de lubricité incontrôlée, Sander vient violer, sans préservatif, sa basse tout en se collant contre l'ampli.
' Sudden Affection' ah, d'accord!
' My Style'.
Quel style?
Steppenwolf, qui matraque sec!
Un pas content lance, eh mec, c'est pas du blues, votre truc!
Ecoute, fieu, pour te faire plaisir on joue rien que pour toi ' Gimme back my wig', un rock de Hound Dog Taylor.
La setlist mentionne ' Snelle Shuffle', en fait le trio a retravaillé 'Empty Arms' de Stevie Ray pour le transformer en power rock répétitif qui dégage des effluves Cream pas désagréables.
Un vrai blues qui pleure, Papy Mouzeau sera ravi, le classique 'It ain't nobody's business'.
Pour varier les plaisirs,' Swink', un swing blues.
Puis du blues funky ' Stopsigns' avant de revenir au blues rock en l'honneur de Sitting Bull, ' Indian Chief'.
' Bobby Hitchhike', tu vas où, Bobby?
N'importe où mais à fond la caisse!
Un shuffle pour éjaculateurs précoces comme morceau final... baby, why won't you come when I come...
C'est vachement frustrant.
Faudra pas insister des heures pour le bis, le vicieux ' Catfish'!
Ganashake sera le 11 août à Aarschot Feest!
Une mise en place/soundcheck interminable, plus de 75'... il sera 21h30' lorsque le combo hollandais se présentera sur scène.
Barrelhouse: un juke-joint amstellodamois où il te faut ingurgiter 46 Heineken avant d'être légèrement ivre?
Un piano jazz aux accents boogie?
Non, un bluesband hup oranje hup, ayant vu le jour en 1973 et tournant à l'époque ( sans chanteuse) sous l'appellation Barrelhouse Bailey’s Blues & Boogie Band, formé d'anciens membres du Oscar Benton Blues Band ou de Head over Heels.
En 1974, Tineke Schoemaker se joint au quatuor initial, le band se nommera désormais Barrelhouse.
Changements de line-up, split, reformation... le lot habituel d'avatars que connaît un groupe rock, en 2012, Barrelhouse c'est: Tineke Schoemaker - vocals/Johnny LaPorte - guitar/Han van Dam - piano/Guus LaPorte - guitar/Bob Dros - drums/Jan Willem Sligting - bass, accordeon, doublebass et c'est surtout ce qui se fait de meilleur au rayon blues du côté des bouffeurs de maatjes.
Une discographie comptant près de 20 albums, un savoir-faire inégalable, de l'énergie et de la fougue dignes d'un jeune poulain, ce topact a enflammé Hamme malgré un crachin démoralisant.
Sonny Boy Williamson pour démarrer, ' Bring it on home'.
Mes aïeux, quelle voix, rauque comme il se doit, quelle présence... du blues à l'état pur!
Le band enchaîne sur une de leurs compos, le funky 'Skin and bones', pour ensuite te refiler une claque monumentale en interprétant ' Sally goes around with the roses' titre qui fut un one-hit wonder pour les Jaynetts en 1963, tu te rappelles avec une larme à l'oeil la version folky de Pentangle ou celle de Tim Buckley.
Tineke te produira un effet semblable, où sont les Kleenex?
Un slow blues 'If you really wanna leave', après une escapade sensationnelle du piano, les Laporte entrent en action: lyrisme et passion sont au rendez-vous!
Le très noir 'Coming home no more' pour rester dans la note romantique, puis un changement de direction, Jan Willem à l'accordéon entame an Irish tune about separation ' The parting glass', il n'y avait pas de Guinness à Hamme, dommage!
' I live the life I love' and I love the life I live ( au répertoire de Willie Dixon, Willie Parker, Buddy Guy, Muddy Waters...) pompe allègrement.
Changement de registre avec les gospels funky ( le premier) ou profond ' The Other Side' et 'O'Death', un piano magistral et un duel de guitares épique décorant le premier de ces titres.
Après le mysticisme on revient au remuant, ' Shake 'em on down' de Bukka White pour ensuite faire une incursion dans les swamps, 'Beware' , du voodoo blues dégoulinant.
' Tore down', t'as un problème, madame?
...Well, I'm tore down, I'm almost level with the ground.
Why d'I feel like this when my baby can't be found?...
Que comptes- tu faire?
Je voulais me jeter dans le fleuve!
Je te paye un verre?
A serious blues: ' Hard time killing floor blues', on ressort les mouchoirs!
A toi de jouer, Han!
Un boogie piano en folie, '29 ways' de Willie Dixon et enfin pour mettre fin à la soirée, du big band blues ' Let me love you'.
90' savoureuses, Barrelhouse, sure is the top!
L'organisateur les repousse sur scène pour le dessert: ' ' You don't have to go', la vingtaine de danseurs au taux d'alcoolémie variable on the dancefloor pour un dernier twist!
Une première soirée plus que réussie à Hamme!