Cette nouvelle de Didier Daeninckx reprend un thème cher à l'auteur : l'histoire contemporaine et la réhabilitation de certaines vérités.
La grand-mère du protagoniste vient de décéder. Alors qu'il vidait sa dernière demeure, il découvre une malle contenant des vieilles photos où elle se tient aux côtés de plusieurs individus. Il se rend compte qu'il ne la connaissait pas beaucoup. Intrigué, il part à la recherche de ces personnages pour en savoir davantage sur elle.
Tous habitent la banlieue rouge, nom donné aux villes ouvrières d'après-guerre (Saint-Denis, Nanterre, Ivry, Choy-le-Roi). Notre héros va découvrir un tout autre visage de sa grand-mère, celui d'une militante au parti communiste qui s'est beaucoup investi. Voilà pourquoi elle s'est retrouvée auprès d'un immigré africain qui travaillait pour presque rien dans les années 70 et vivait dans des conditions spartiates, d'un Vietnamien venu entreprendre des pourparlers secrets avec les États-Unis durant la guerre du Vietnam, de la femme d'un rescapé de la tuerie du 14 octobre 1961 (à Paris, une manifestions pacifiste d'Algériens venus protester contre le couvre-feu imposé par les autorités françaises s'est terminée par une répression meurtrière de la part de la police française) et d'un espagnol qui a connu mai 68 et travaillé pour la résistance contre la dictature de Franco.
Daeninckx survole des événements importants qu'il a souvent abordés dans ses autres livres. Il nous dépeint quatre portraits d'anonymes, vivants en retrait dans des quartiers tombés en désuétudes, qui ont participé à des moments de l'histoire française d'après-guerre. Le texte est accompagné de dessins sombres d'Éric Gutierrez et donne une vision austère des villes que parcourt le protagoniste.