Ici chez les mouches, mais qui sait, peut-être aussi chez les usagers humains? Cette étude de l'Université de l'Illinois à Urbana-Champaign constate que les mouches des fruits exposées à la méthamphétamine réduisent considérablement leur alimentation et augmentent leur activité physique, tout comme …les humains usagers. Les chercheurs, qui ont suivi les changements métaboliques et comportementaux chez ces mouches ajoutent que la « famine » est alors le principal facteur de décès…
Le professeur d'entomologie Barry Pittendrigh (à gauche) et son étudiant, Kent Walters (à droite), ont mené cette recherche qui suggère l'effet anorexique de la « meth » chez les mouches à fruits. Ils rappellent que, chez les humains, la consommation de« meth » entraîne des effets secondaires nocifs en raison de composés toxiques, affaiblit le cœur, les muscles et les os. La méthamphétamine modifie le métabolisme énergétique dans le cerveau et tue un certain nombre de neurones.
Des études précédentes ont montré que la mouche Drosophila melanogaster est un modèle idéal pour étudier les effets de la méthamphétamine sur le corps et le cerveau. Les chercheurs confirment ici que l'exposition à la « meth » a des effets toxicologiques similaires chez la drosophile, et chez les humains et autres mammifères.
Question de gènes, de protéines ou de comportement ? D'autres études ont montré que la supplémentation alimentaire de la mouche avec du glucose ou d'autres composés métaboliques peut ralentir les effets néfastes de l'exposition à la méthamphétamine mais ces études n'ont pas précisé exactement comment la consommation de méthamphétamine affecte le métabolisme énergétique. Soit la méthamphétamine modifie l'expression des gènes métaboliques et / ou la fonction des protéines, soit elle modifie les comportements liés à l'alimentation et l'activité. Pour tester ces hypothèses, les chercheurs ont surveillé les réserves d'énergie de mouches des fruits en réponse à l'exposition à la « meth », avec et sans ajout de glucose alimentaire et ont suivi l'évolution du comportement d'alimentation des mouches, leurs niveaux d'activité et de respiration.
Comme chez l'Homme : Ils constatent que l'exposition à la méthamphétamine via le régime alimentaire, multiplie par 2 l'activité locomotrice des mouches et diminue de 60 à 80% leur consommation alimentaire. Les niveaux de triglycérides et de glycogène, les deux principales molécules de stockage d'énergie chez les mouches, a diminué régulièrement depuis l'exposition à la « meth ». Une évolution très similaire à ce qui a été observé chez l'Homme chez qui les amphétamines peuvent entraîner une diminution de l'appétit et une augmentation de l'activité physique. Enfin, l'ajout de glucose à l'alimentation a ralenti le déclin et prolongé la survie des mouches exposées.
« En dépit de ses nombreux effets toxiques déjà connus, chez l'animal, la « meth »conduit à l'anorexie et à un déficit calorique qui épuise les réserves métaboliques puis conduit au décès ». Ces résultats, au-delà de confirmer la légitimité du « modèle mouche à fruits » pour l'étude des effets de la méthamphétamine, suggèrent déjà la possibilité d'un effet similaire chez l'Homme.
Source : Journal of Toxicological Sciences Methamphetamine causes anorexia in Drosophila melanogaster, exhausting metabolic reserves and contributing to mortality
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