L’AC Milan s’est radicalement transformé à tous les niveaux. Le club a totalement changé de politique et s’est redimensionné (ou s’est adapté à la crise si vous préférez). La masse salariale a été diminuée de moitié. Le staff athlétique et la préparation estivale ont été fortement modifiés, San Siro a accueilli une toute nouvelle (et superbe) pelouse. L’équipe à disposition d’Allegri a été révolutionnée par le départ de 15 joueurs, y compris les sénateurs et les deux meilleurs joueurs. L’effectif a été nettement réduit et rajeuni : un nouveau Milan.
En résumé, Milan fait peau neuve et repart à zéro. C’est vrai qu’il y a l’inconvénient d’avoir perdu tous les repères mais il y a quelques gros avantages, comme celui d’avoir réglé de nombreux problèmes, qui concernent la société (masse salariale soutenable, finances propres) mais qui touchent surtout à l’équipe et son organisation : la saison 2011 – 2012 fut l’année de trop, celle des abus et des débordements (comme l’a avoué Gattuso, même s’il n’aurait pas du le dire). Face à l’anarchie, une révolution s’imposait pour éloigner (et se débarrasser) des perturbateurs et remettre de l’ordre. Avec un effectif trop étoffé, des sénateurs dominants et encombrants ainsi qu’un Ibrahimovic insolent et exigeant, le vestiaire était incontrôlable (on l’avait déjà souligné plusieurs fois). Finalement, après de nombreuses années d’oligarchie, l’entraineur peut prendre sa place et commander le vestiaire. L’AC Milan a retrouvé une organisation normale, avec un entraineur libre dans ses choix, qui transmet ses idées et une équipe qui écoute et exécute.
L’été est caractérisé par la préparation et les matches amicaux. Après avoir souligné l’importance, encore plus grande cette année, de la préparation physique, que peut-on déduire des quelques matches amicaux disputés jusqu’à présent? Tout d’abord, les contestations et critiques concernant les choix et / ou l’attitude de la société ne doivent pas influencer le jugement technique de l’équipe. D’une part il y a l’évaluation de la société, d’autre part celle de l’équipe qui joue au football. Ce sont deux éléments très différents, qui doivent rester parallèles mais ne doivent pas se mélanger. Ensuite, il ne faut pas oublier le plus important : la valeur des matches amicaux d’aout (mais surtout des résultats) est pratiquement nulle (et que dire de juillet…). Néanmoins, avec cette pré-saison aussi difficile qu’historique, ces matches assument une signification un peu plus importante. On ne peut évidemment pas donner de jugements définitifs sur une équipe en plein travail et incomplète mais on peut observer quelques faits marquants.
Les premiers matches amicaux (Trophée TIM) ont été déconcertant. L’équipe a donné l’impression de refléter l’actualité du club et l’attitude des plus hauts dirigeants : extrême confusion. On a pu observer un Milan qui a perdu ses repères (ses leaders) et ses certitudes (les meilleurs joueurs sur lesquels s’appuyer durant les moments difficiles). On a vu une équipe faible psychologiquement, en manque de confiance, signe d’un groupe qui vit une phase de transition et de doutes. Le manque de programmation de la société, traduit par l’absence de remplaçants, ainsi que la colère et le découragement des tifosi (justifiés) n’ont pas transmis l’enthousiasme nécessaire à l’équipe pour se reconstruire. Cela laisser présager le pire pour la suite…
Et pourtant face à Schalke 04, l’équipe s’est légèrement améliorée avec avant tout la recherche d’une (étonnante) solidité et de l’équilibre mais avec un jeu offensif quasi inexistant et des vieux réflexes de l’Ibra-dépendance, c’est-à-dire de longs ballons vers l’avant, inévitablement perdus puisque Zlatan n’était plus là… on a cependant pu observer un changement tactique et d’attitude des joueurs. Il est évident qu’Allegri travaille tant sur l’aspect tactique (surtout la phase défensive) que sur le plan mental : l’équipe devient plus soudée et retrouve peu à peu la confiance. L’équipe ne respirait pas la sérénité mais était déjà loin de celle vue lors du tournoi face à Juventus et Inter. Milan a joué avec de la détermination et surtout l’envie de ne pas perdre : une attitude positive d’une équipe qui veut se se battre prouver sa valeur. On peut dès lors considérer ce match amical comme positif car les Rossoneri ont bien tenu face à un adversaire respectable. Et puis, contrôler son adversaire (au complet et beaucoup plus avancée dans la préparation) dans son stade rempli et s’imposer avec une équipe hybride fait toujours plaisir et aide énormément vu la situation. Toutefois, cette amélioration ne doit pas faire oublier qu’il manque un défenseur central (Acerbi en difficulté), un milieu solide (Ambro ne peut pas être titulaire) et un attaquant de pointe qui donne du poids à l’attaque.
Après avoir retrouvé la solidité et l’équilibre contre Schalke, Allegri a voulu modifier la phase offensive face à Chelsea, en insistant auprès des joueurs sur l’importance de jouer plus le ballon et non pas envoyer de longues passes vers l’avant. Il a par ailleurs opté pour un 4-3-2-1 (voire 4-3-3 hybride) en misant sur une équipe solide et organisée et des reconversions rapides avec une attaque imprévisible. Résultat : une seconde victoire de 1-0 consécutive avec un but d’Emanuelson, une prestation solide et positive face aux champions d’Europe. Un Milan sérieux, humble, concentré et déterminé et une autre victoire qui fait du bien au moral, avec un Urby Emanuelson en pleine forme. Les Rossoneri ont joué collectivement, contrairement aux saisons précédentes, avec la présence focalisante d’Ibrahimovic, toujours le centre de sa propre équipe. Sans lui, le jeu sera-t-il plus fluide? En tout cas, sans Ibra, il faudra nécessairement un jeu pour pouvoir s’en sortir… Allegri y travaille.
Peu à peu, la dépression post Ibrahimovic et Thiago Silva commence à s’atténuer. Milan est décevant sur le marché des transferts mais prouve être présent sur le terrain. Ce Milan est une douce surprise au milieu d’un terrible été. Les deux victoires face à Schalke et Chelsea ont de quoi consoler les tifosi, même s’ils attendent toujours des signes de reprise sur le mercato. Attention, que personne n’essaye de nous convaincre que Milan est compétitif car il a battu Schalke et Chelsea. Ces victoires ne doivent absolument pas donner l’illusion d’être à la hauteur mais peuvent aider l’équipe à mieux travailler. Malgré « l’inutilité » des matches amicaux pour évaluer le niveau réel d’une équipe, Milan avait bien besoin de ces deux petites victoires pour retrouver un peu de confiance et de sérénité. Elles aident les Rossoneri à travailler avec optimisme et motivation.
On veut tous y croire car, avec humilité, ce groupe a prouvé vouloir démontrer sa valeur et vouloir s’en sortir malgré les départs aussi nombreux que douloureux. L’objectif de cet été est de retrouver la confiance et la détermination ainsi que de créer un climat positif. C’est en obtenant des victoires qu’une équipe se forge sa mentalité de gagnant, Allegri le sait et a adapté le Milan en fonction du moment particulier et des joueurs à disposition. L’AC Milan est encore un vaste chantier mais Allegri a fait d’une nécessité une vertu : il a déjà réussi à trouver les bases en régénérant mentalement l’équipe, en cherchant le beau jeu, tout en continuant les expérimentations tactiques et les observations sur les différents joueurs, toujours en attendant les renforts. Les résultats du travail sur la phase offensive ont immédiatement été visibles. Milan joue actuellement avec un 4-3-2-1 un peu hybride mais tout de même intéressant. Reste à savoir si c’est un choix dicté par les joueurs à disposition ou un réel changement tactique : seul le temps nous le dira (et cela influence également le mercato en attaque). Ces victoires sont comme un faible rayon de soleil au milieu d’un été de tempête, en attendant de revoir des titulaires comme Abbiati, Nocerino, Mexes, Montolivo, Pato et Cassano en forme et surtout en attendant de connaitre les renforts que la société trouvera pour renforcer et compléter dignement cet effectif. Allegri et les dirigeants ne perdent pas patience, ils sont satisfaits du travail effectué jusqu’à présent. Le Milan qui nait devra se baser sur un collectif construit avec des jeunes joueurs humbles et motivés, capables de développer un beau jeu et divertir les tifosi. Pour les résultats, on verra…
PS : Ce soir, à 22h30 heure française, autre match amical : Milan – Deportivo Olimpia.
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