Sobral © Delcourt 2004
Une série jeunesse sortie de nulle part dont chaque nouvel album se vend toujours plus que le précédent, c’est un phénomène de plus en plus rare, surtout en BD. Le mieux, pour comprendre pourquoi Les légendaires font un tel tabac auprès des enfants de 8-12 ans, c’est encore de lire leurs aventures.A la base, rien de révolutionnaire, loin de là. La série relate les faits et gestes d’un groupe de personnages héroïques dont les exploits font la fierté des habitants d’Alysia. Mais lorsque l’histoire débute, les cinq légendaires livrent un ultime combat à Darkhell, le sorcier noir. Au cours de l’affrontement, la pierre de Jovenia est brisée et un sortilège s’abat sur l’ensemble du pays, transformant toute la population en enfants. Rejetés par les leurs suite à la catastrophe, les cinq héros se séparent pendant deux ans. Mais leur leader Danaël les sollicite à nouveau pour tenter de réparer leur faute, lançant la petite troupe dans une quête palpitante...
Un chevalier, une magicienne, une elfe, un gros balèze et un homme-bête aux griffes d’acier, le groupe des légendaires mélange figures classique de la Fantasy et personnages originaux. Les caractères sont bien trempés et les relations au sein du groupe clairement définies. Patrick Sobral a su par ailleurs créer un bestiaire varié et farfelu qui donne beaucoup de sel à son récit. Les autres points forts de la série tiennent dans le dessin, fortement inspiré par les mangas et les touches d’humour très présentes tout au long de l’aventure. Finalement, les ingrédients mis en place au départ sont ultra-simples et ultra déjà-vus. Pourtant, force est de constater que la recette fonctionne. De plus, le déroulement de l’intrigue est très linéaire et ne pose aucune difficulté de compréhension, ce qui est idéal pour « ratisser large » auprès du jeune lectorat.
L’ensemble fonctionne aussi parce que l’histoire est présentée sous forme de cycles et surtout parce que la sortie de chaque album est très rapprochée. Pour lancer la série, les quatre premier tomes sont sortis en un peu plus d’un an, une vitesse de publication phénoménale pour du franco-belge ! Le plus remarquable c’est que le rythme n’a pas baissé par la suite puisque nous sommes aujourd’hui à quatorze volumes publiés en sept ans.
Sans campagne de publicité pétaradante, sans véritable retour critique dans la presse spécialisée, les ventes des Légendaires ont explosé et se comptent en centaines de milliers d’exemplaires. Un spin off intitulé Les légendaires origines est classé depuis douze semaines parmi les meilleures ventes de BD. En juin, les cinq héros ont rejoint la bibliothèque verte et les agendas 2012/2013 font un carton en librairie. Bref, Les légendaires ressemblent un peu pour leur auteur à un conte de fée. Je pense qu’une série animée va suivre un jour ou l’autre, je ne vois pas comment il pourrait en être autrement.
C’est bien beau tout ça mais vous voulez peut-être savoir ce que j’en pense ? D’un coté, je me dis que j’ai passé l’âge de lire ce genre de chose. De l’autre, je constate que je me suis enfilé les deux premiers cycles d’une traite et que je ne me suis pas ennuyé une seconde. Au final, je reste persuadé qu’un tel succès, construit quasi uniquement sur le bouche à oreille et la fidélité des fans ne peut qu’être une bonne chose à l’heure où chacun se désole de constater (le plus souvent à tort) que les enfants ne lisent plus.
Sobral © Delcourt 2004