Les pays arabes, outres leurs révolutions, sont inquiétés par un tout autre phénomène aussi pertinent que délicat à tacler aux yeux des institutions internationales. Depuis maintenant plusieurs années, les têtes pensantes – libres et indépendantes – attirent l’attention de leur opinion publique sur le fait que l’immigration massive des populations asiatiques peut dangereusement affecter l’arabité des ces pays. Ajoutons-y un soupçon de théorie du complot occidental et nous nous retrouvons dans l’impasse du discours extrémiste borderline. L’écrivain qatari Mohamed Al-Misfir, a expliqué que « le jour arrivera fatalement où l’on soulèvera la question des droits de l’homme et de la naturalisation de ces travailleurs immigrés qui sont dans leur immense majorité d’origine asiatique ». Cela vous rappelle vaguement quelque chose n’est-ce pas ?
Un pays en pleine croissance doit soutenir cette-dernière en créant un maximum de richesses quelles qu’elles soient. La fin ne justifie pas nécessairement les moyens mais pourquoi les pays arabes se priveraient-ils d’une main d’œuvre peu cher, docile et dépolitisée ? De bons soldats au coup de pelle facile en quelque sorte. Les autochtones des pays du Golfe seront réduits à une minorité si l’on prend en considération l’ensemble des populations étrangères qui représentent jusqu’à 80% de la population de certains pays. Une bande d’illuminés a proposé de remplacer cette immigration asiatique par une immigration arabe et jeune pendant que d’autres considèrent que ce serait se tirer une balle dans le pied que d’ouvrir les frontières à de jeunes révolutionnaires ambitieux. Certes, mais considérons l’élément suivant : les Emirats Arabes possèdent une forte immigration indienne alors que l’Inde entretient des relations très fortes et de confiance avec Israël. Imaginez donc l’imbroglio politico-diplomatique si ces populations venaient à obtenir le droit de vote. Saisissez-vous maintenant la théorie du complot ? Dans ce contexte, Human Rights Watch tire la sonnette d’alarme et à demandé aux pays occidentaux « de ne pas signer d’accord de libre-échange avec ces pays avant que ceux-ci ne cessent de maltraiter la main-d’œuvre étrangère ».
A la lumière de ces problématiques, on nous avait annoncé que les européens – fatigués de la récession économique et l’austérité – se tourneraient vers les partis radicaux et hostiles. L’économie et l’ordre géopolitique à drastiquement bouleversé les habitudes européennes, mais cela ne veut pas nécessairement dire que chaque pays s’est renfermé sur lui-même comme une huître. Jusqu’à présent, le centrisme reste de mise quasiment partout. Ce n’est pas la recrudescence de l’extrémisme qui est remarquable, mais plutôt son absence, compte tenu de l’ampleur et de la durée des crises. Voir plus loin que le bout de son porte drapeau conduira nécessairement à la pérennité de politiques et actions communes. La dédiabolisation de l’immigration conduira vraisemblablement à un apaisement des relations et à éviter les inerties fatales à la démocratie.