Christian Blanc, le nouveau Secrétaire d’Etat au développement de la Région-Capitale n’a pas beaucoup parlé depuis sa nomination, mais a tenu a préciser dès le début que la Région-Capitale ce n’était pas le Grand-Paris dont il a dit «
ne pas savoir ce que c’est. » Pour le Grand-Paris, ce n’est pas une si mauvaise nouvelle, dans la mesure où cela lui évitera de partir avec des a priori et cela laissera la possibilité d’expliquer à
Christian Blanc ce qu’est le Grand-Paris ;-)
Mais cette simple déclaration
la Région-Capitale ce n’est pas le Grand-Paris, montre que d’une part Jean-Paul Huchon, le président PS de la Région et les Verts ont bien raison de s’étrangler, car en ligne de mire de ce nouveau secrétariat d’Etat, on ne trouve effectivement pas la question du Grand-Paris, notamment au sens réaménagement institutionnel, mais bien le développement de la région au sens SDRIF du terme. Le SDRIF, le Schéma Directeur de la Région Ile-de-France, que l’on avait un peu vite oublié dans le cadre des élections, au profit des différentes prises de positions sur le Grand-Paris, Panafieu, Karoutchi ou Jégo d’un côté, ou Paris-Métropole, avec Bertrand Delanoë de l’autre et sa réélection à la mairie de Paris. Et la création du secrétariat au développement de la Région-Capitale apparaît comme le terme - ou du moins une étape majeure - de l’affrontement entre pouvoirs publics et région soutenue par la gauche sur le SDRIF.
Depuis le début de la semaine dernière, on s’est peut-être un peu trop vite focalisé sur la question du Grand-Paris et pas assez sur celle du SDRIF. A propos de ce dernier, il faut rappeler que dès juin 2007 dans son discours de Roissy,
Nicolas Sarkozy déclarait : «
je ne souhaite pas que l’on adopte un nouveau schéma directeur de la région Ile-de-France avant d’être allé au bout de ces questions et d’avoir défini une stratégie efficace dans ces domaines. Je propose donc que l’ensemble des administrations concernées soient mobilisées dès l’automne 2007 sous l’œil attentif du Gouvernement pour préparer les propositions d’actions nécessaires dans les champs que je viens d’évoquer, et qu’un comité interministériel d’aménagement du territoire dédié à l’Ile-de-France se tienne fin 2008 pour adopter ce nouveau plan stratégique et le schéma directeur correspondant, ainsi que les textes législatifs ou réglementaires nécessaires. »
Alors bonne ou mauvaise nouvelle ?
Paris est sa banlieue n’a jamais caché son scepticisme pour ne pas dire son opposition au SDRIF, qui s’il pose les bonnes questions, n’y apporte pas les bonnes réponses. Que l’on reprenne simplement les transports. Si pour faire une rocade de métro de banlieue à banlieue, il faut plus de 25 ans comme le SDRIF le propose avec ses phases d’Arc-Express, alors cela vaut la peine qu’un Secrétariat d’Etat se penche sur la question, sous réserve, qu’il soit à la hauteur de sa volonté d’intervention en particulier en terme d’engagement financier. A ce prix là, sans pour autant renier la décentralisation, un retour de l’Etat dans les affaires d’une région si atypique que l’Ile-de-France, avec son poids spécifique (30% du PIB et 20% de la population française) n’est pas forcément une si mauvaise nouvelle.
Mais dans la série bonne ou mauvaise nouvelle, il ne faudrait pas oublier que Christian Blanc n’est pas arrivé tout seul au gouvernement et que parmi ses nouveaux petits camarades, se trouvent Hubert Falco, secrétaire d’Etat à l’aménagement du territoire, mais surtout Alain Marleix, en charge d’un nouveau Secrétariat d’Etat à l’Intérieur et aux Collectivités Territoriales. Et là, sans quitter la Région-Capitale on se rapproche du Grand-Paris et pas forcément d’une bonne nouvelle. Et lorsque à la question du JDD “
la nomination de Christian Blanc au gouvernement, en charge du « Grand-Paris » est-elle une menace ?“, Anne Hidalgo, première adjointe du maire de Paris, répond «
Que Jean-Paul Huchon puisse vivre comme une menace la nomination d’un tel secrétaire d’Etat ou que cela puisse être interprété comme l’anticipation de la campagne des régionales, c’est difficile de ne pas y penser », elle pourrait peut-être ajouter une autre menace - même si le terme tient un peu trop du procès d’intention - celle que pourrait représenter la nomination d’un secrétaire d’Etat aux Collectivités Territoriales, non seulement pour Jean-Paul Huchon, mais aussi et surtout pour le maire de Paris, Bertrand Delanoë, s’il veut faire aboutir son projet Paris-Métropole, déjà parasité par les initiatives de
Roger Karoutchi.
De son côté en guise de réponse, Bertrand Delanoë, le maire de Paris réélu, relance Paris-Métropole dans son premier discours à l’Hôtel de Ville, comme on peut le lire sur le site de
Pierre Mansat, dont la délégation aux rapports avec les collectivités territoriales est étendu à Paris-Métropole. «
Le temps est venu de créer Paris métropole, véritable institution de l’agglomération, où s’exprimera, à cette échelle, la solidarité, y compris fiscale. Bien entendu, la région Ile de France sera au cœur du processus. Et nous travaillerons avec l’Etat, animés d’une seule préoccupation : agir utilement pour la vie quotidienne des habitants et des usagers, ces millions de femmes et d’hommes qui attendent des choix ambitieux, des actes clairs, indépendamment de toute autre considération.
Je m’adresse donc aujourd’hui, au-delà de leurs différences politiques, à tous nos collègues qui viennent d’être élus ou réélus à la tête des collectivités de l’agglomération : engageons rapidement une démarche commune pour définir une méthode et un calendrier. »
Pour finir sur ce thème, il faut citer Laurent Lafon, le maire nouveau centre réélu de Vincennes, qui a lancé un « appel aux maires d’Ile-de-France pour construire le Grand-Paris ». Laurent Lafon, qui se présente comme « l’un des principaux initiateurs, avec le maire de Paris de la Conférence Métropolitaine », appelle ‘ l’ensemble des maires de la petite couronne, qui viennent d’être élus, à dépasser dès maintenant les clivages politiques pour mettre en commun leurs réflexions afin qu’en fin le mode de gouvernance de l’agglomération parisienne soit réformé. »
Et pour être complet, il convient de rappeler que Philippe Dallier, sénateur UMP du 93, doit remettre son rapport sur le Grand-Paris à l’office de la décentralisation du Sénat au début du mois d’avril.
Jean-Paul Chapon
Photo de Christian Blanc ©Gamma 2008 Elodie Grégoire