“Aujourd’hui, les filles bataillent pour choisir entre rester fortes et honnêtes envers elles-mêmes et se conformer aux attentes de la société dans le désir de plaire.
On leur apprend à ne pas être trop passionnées, trop intelligentes, trop bienveillantes…
On les encourage à étouffer leur instinct, leur indignation, leurs désirs, à obéir aux règles.
Je suis une créature émotionnelle célèbre la voix authentique qui se trouve en chaque fille et les exhorte avec inspiration à s’exprimer, suivre leurs rêves et devenir la femmes qu’elles ont toujours voulu être.”
Après ses Monologues du Vagin, Eve Ensler s’attaque ici à la parole des adolescentes. Ce livre m’a plus touché que les Monologues.
C’est très probablement parce qu’elle prête ici sa plume à des jeunes filles meurtries qui ne peuvent pas ou n’osent pas utiliser leur propre voix pour exprimer leur mal-être. Abus sexuel, anorexie, maltraitance ou encore simple incompréhension, les affres de l’adolescence sont ici représentés avec des textes à la fois simple et puissant.
Si nous sommes toutes des Créatures émotionnelle, il faut tout de même admettre que l’adolescence n’est pas toujours aussi sombre que l’auteur le dépeint ici. Certes, nombreuses sont celles qui vivent des années horribles coincés dans un corps et une vie qu’elles n’ont pas désirés. Je pense cependant, que la créature émotionnelle en nous ne cesse pas d’exister quand on devient adulte. Au contraire, elle est encore plus présente, car elle s’est nourrie de notre adolescence.
Les Créatures émotionnelles de Eve Ensler sont des voix qui prennent vie pour la première fois. Elles ont ici la possibilité de s’exprimer sans peur des représailles ou du regard des autres. Elles sont fortes, émouvantes, poignantes, belles, tristes, aimantes… Elles sont une source d’inspiration et devraient ramener à la réalité bon nombre de demoiselles qui pensent que ne pas avoir l’autorisation de sortir jusqu’à minuit est la pire des choses pouvant leur arriver…