Par ailleurs, il est connu pour aimer les voyages et la vie mondaine. A 18 ans il passe trois mois d'été à Villers-sur-Mer, dans le Calvados et "son existence évoque alors, par certains aspects, la Recherche du temps perdu: comme à Balbec, la vie de plein air, la mer, le soleil, la baignade, se mêlent aux activités mondaines. ...Visites rendues aux visites, bals, déjeuners champêtres ou dîners..."
Reynaldo adore le monde et partout son charme opère.Il est alors recherché par toutes les maîtresses de maison mais il fréquente surtout le salon de la princesse de Polignac, avenue Georges-Mandel où on joue souvent ses airs et celui de Madeleine Lemaire dont Proust s'est beaucoup inspiré pour créer le personnage de Madame Verdurin. C'est d'ailleurs là que tous les deux se rencontrent.
La rencontre a lieu lors d'un "mardi". Exactement le 22 mai 1894. Ce jour-là, devant une assistance nombreuse et brillante, Reynaldo fait entendre les "Chansons grises" qu'on lui demande souvent d'interpréter. Proust qui vient à peine d'arriver est frappé par la beauté étrange du jeune garçon, son visage à la fois grave et doux, son teint légèrement bistré et ses yeux magnifiques, un peu tristes par moments, mais troublants. Sa culture immense,son intelligence brillante, la gentillesse qui émane de lui, son charme prenant, tout séduit Proust qui n'a de cesse de le revoir.En septembre 1995, ils font un voyage en Bretagne, en commençant par Belle-Isle où ils essaient de voir Sarah Bernhardt, mais en vain. Ils longent alors toute la côte sud. Proust est enthousiaste, Hahn moins. L'épopée bretonne se termine fin octobre et ils retrouvent très vite leur vie mondaine. Ils fréquentent le cercle des Daudet mais lassé des tristesses subites de Hahn, Proust est séduit par le jeune Lucien Daudet, 17 ans. En juillet 1896, après une lettre cinglante de Marcel à Reynaldo, la rupture est consommée. Plus tard, le dépit amoureux oublié, des liens fraternels les uniront toute leur vie.En 1900, ils sont tous les deux en Italie avec leurs mères, Hahn est à Rome où il rencontre Tolstoï et sa femme qui vivent au Grand Hôtel et qui l'invitent plusieurs fois à des soirées russes. Proust, lui, est à Venise, à l'hôtel de l'Europe, sur le Grand Canal. Ils s'y retrouvent bientôt et leur vie mondaine reprend. Un soir, Reynaldo Hahn entraîne tout son monde sur des Gondoles et se met à chanter sur les canaux, applaudis par les habitants aux fenêtres et les badauds. Cette biographie m'a donné bien envie de lire leur correspondance maintenant.
Reynaldo Hahn, Jacques Depaulis, 2007, 183 pages, éditions Séguier, Collection Empreintes. Biographie.Avec ce billet, je participe au challenge d'Anne: "Des mots et des notes",