…Je suis allé voir Rebelle jeudi après-midi, sur le Mans (au Colisée). Je suis d’accord avec ce qu’on dit : images somptueuses, une musique envoûtante, un humour subtil et des personnages franchement attachants.
En sortant de la salle, je me disais qu’il manquait quelque chose. Mais je crois surtout que nos attentes vis-à-vis des productions des studios Pixar est souvent démesurée : ils nous ont habitué à tant de perfection qu’un simple bon film peut ‘décevoir’. Rebelle est un bon film. Moins bon que les adaptations de conte de fées par les studios Disney. Des beaux clins d’œil aux films de Miyazaki, à travers notamment les feux follets –Le Château Ambulant. Des personnages assez drôles – ah les trois petits frères, excellents-, une atmosphère prenante. On est déçu car il n’y a pas vraiment d’épopée. On voyage peu en fait dans le film. Même si les images de l’Ecosse donnent envie d’y aller, le film est une belle invitation au voyage.
On regrette aussi que ce soit parfois superficiel. Merida ne veut pas devenir princesse ? Très bien mais alors qu’elle explique vraiment pourquoi. On a bien compris qu’elle aime tirer à l’arc, à cheval s’il vous plaît, mais est-ce vraiment un idéal de vie au jour le jour ? Elle n’a pas d’amis, pas d’amies, pas de compagnon, ou de copine, et on veut nous faire croire que sa seule obsession serait de tirer à l’arc au nom d’une certaine liberté ? Mais une relation amoureuse, un mariage, n’est pas forcément une prison (enfin, dans 1 pour cent des cas).
Si la relation mère-fille, un peu simpliste est toutefois bien abordée et très émouvante vers la fin, on regrette que ce ne soit pas le cas pour la liaison père-fille, ce qui est quand même troublant, c’est le père qui a offert un arc à sa fille quand elle était petite !
De toute façon, le père ne pense qu’à rire, boire et raconter des histoires. Voilà un film où les hommes n’ont aucune consistance. Je sais bien que la misogynie est redoutable mais faut-il la compenser par ce qui ressemble à de la misandrie ? Rien n’est moins sûr. Les hommes ne sont vraiment pas à leur avantage, pas un pour rattraper l’autre, c’est flagrant, et navrant, c’est sans doute un parti-pris –inconscient- du scénario mais on n’est pas obligé d’y adhérer, au même titre que je trouverais navrant un film où les femmes seraient des faire-valoir sans consistance. La musique n’est pas mal, mais pas transcendante. Voir le film en 3D n’apporte au rien (sauf aux exploitants, puisqu’on paye les lunettes, et cher). Certains passages sont assez sombres, d’autres hilarants, d’autres franchement grotesques – les saumons dans la rivière, je n’en dirais pas plus.
Au final, de la poésie, de l’enchantement, de la grandeur mais on est loin de la folie présente dans le film Raiponce (2010)plein de sous-entendus et beaucoup plus profond dans la relation mère-fille, un comble sachant qu’elle n’est pas basée sur les liens du sang, contrairement à Merida et Eleonore, mais surtout plus tourmentée car basée sur un terrible mensonge…
L.M
N.B : certains ont affirmé que Merida est la première héroïne rousse chez Disney-Pixar. Il n'en est rien, il s'agit d'Ariel, dans La Petite Sirène (1989)