Divine Kristin Scott Thomas

Par Ffred

L'histoire

Pendant 15 années, Juliette n'a eu aucun lien avec sa famille qui l'avait rejetée.
Alors que la vie les a violemment séparées, elle retrouve sa jeune soeur, Léa, qui l'accueille chez elle, auprès de son mari Luc, du père de celui-ci et de leurs fillettes.

Mon avis

Les films précédés d'une bonne rumeur me laissent toujours un peu septique quant au résultat. Très souvent la déception est au rendez-vous. Ici la crainte était bien là, la performance de Kristin Scott Thomas et le film lui-même étaient annoncés comme exceptionnels, je suis donc resté sur mes gardes. Et d'ailleurs dans les premières minutes j'ai craint le pire. C'était très lent, froid, sans âme, peu séduisant. Et puis arrive la scène du premier entretien d'embauche dans l'usine et là tout a basculé et ça a vraiment décollé, pris aux tripes et pas lâché jusqu'au générique de fin. Philippe Claudel écrivain à succès signe son premier film. Les retrouvailles des deux soeurs se fait avec une pudeur, une tendresse et une violence aussi, magnifiquement rendues par des dialogues très bien écrits, où les mots laissent souvent la place aux silences et aux regards tout aussi lourds de sens. La progression de l'histoire suit le retour à la vie de Juliette qui, au contact de sa famille et tout simplement des autres, de la vie, revient petit à petit dans le monde des vivants. Par petites touches presque imperceptibles, les vêtements, le sourire, les gestes, le visage on assiste à cette renaissance qui se fait dans la douleur. Pour cela la mise en scène de Claudel est simple, elle suit les deux femmes sans rien juger ni imposer. Mais là où il est très vicieux dans sa narration c'est la façon dont les scènes fortes sont traitées. A chaque fois qu'elles arrivent, l'émotion monte d'un cran et quand il commence à lâcher les chevaux et nous les larmes, la scène s'arrête brusquement pour passer à une autre beaucoup plus anodine. Assez éprouvant au bout du compte. La scène finale, et la révélation tant attendue, me laisse un peu perplexe et je n'arrive pas à décider si c'est la scène parfaite pour cela et pour conclure le film, ou si c'est un excès de pathos, de cris et de larmes qui gâchent un peu tout le reste, tellement sensible et pudique. Pour cela et pour quelques longueurs, je n'arrive pas à être totalement emballé.

Par contre, je suis totalement emballé par l'interprétation. Les deux actrices sont tout simplement parfaites. Beaucoup de personnes m'ont dit que Elsa Zylberstein était beaucoup moins bien que sa partenaire. Pour ma part je trouve qu'il n'en est rien. Elle est tout aussi convaincante, et fait jeu égal avec Kristin Scott Thomas. Cette dernière trouve ici, il est vrai, un de ces plus beaux rôles et sans doute le plus beau. Une très grande et belle performance pour cette actrice à la déjà très belle filmographie qui tourne avec autant de bonheur en France, en Angleterre et aux USA. Sans doute une des plus belles interprétation de cette année 2008. Elsa Zylberstein après La fabrique des sentiments, confirme qu'elle est une des actrices françaises les plus talentueuses de sa génération. Face à l'actrice anglaise elle est ici parfaite de tendresse, d'émotion, d'humanité et tout simplement d'amour. Elles sont vraiment à mettre toutes les deux sur le même pied d'égalité, elles forment un très beau duo. Mentions spéciales aux seconds rôles masculins que sont Frédéric Pierrot et Laurent Grévill tous les deux très bien aussi.

Malgré ses quelques défauts, Il y a longtemps que je t'aime est un très beau premier film. Fin, intelligent, émouvant, dur, poignant et rempli d'espoir. Avec deux actrices en état de grâce dont la performance vaut, à elle seule, le détour. A voir.

  

Filmo sélective Kristin Scott Thomas