L’été est le temps des rediffusions ! Poezibao revient donc sur ses pas et reprend les tout premiers temps de l’anthologie permanente. Elle s’appelait alors l’almanach poétique et a commencé à paraître le 1er janvier 2002 sur le site Zazieweb aujourd’hui disparu (ce qui fait que les poèmes choisis à l’époque ne sont plus accessibles).
Les extraits étant très courts à l’époque, Poezibao en publiera deux chaque jour de cet été.
[10 janvier 2002/Guy Goffette]
Avec six mois de retard sur les oies
sauvages, cent vingt-neuf ans après l'as
des fugueurs ardennais et son merdre à
la poisseuse poésie, j'ai quitté
Charleville et l'inconnue d'en face
dont le dentelles festonnées de givre
battaient avec mon cœur contre la vitre.
J'ai fait un signe à la Meuse baignant
dans sa luxure verte, et dit Allons,
mais sur deux jambes, au diable le génie.
Guy Goffette, Un manteau de fortune, Gallimard, 2001, p. 29
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[11 janvier 2002/Jacques Réda]
Je regarde souvent la rue où je vais comme si
J'avais depuis longtemps quitté l'émouvante surface
Du monde pour l'autre côté sans fond qui nous efface
Un jour ou l'autre sans retour mais libres de souci.
Je m'applique assez bien à ce délicat exercice
Pour que très vite mon regard cesse d'appartenir
À l'amas nuageux d'espérance et de souvenir
Auquel j'aurai donné mon nom.
Jacques Réda, « Un citadin », in La course, nouvelles poésies itinérantes et familières (1993-1998), Gallimard, 1999, p.11.