Le mano a mano désigne la corrida au cours de laquelle les matadors ou les novilleros ne sont que deux pour combattre six taureaux. Ici, on comprend donc tout de suite qu’on va évoluer entre Camargue et Andalousie, chez les aficionados et dans le sang des arènes.
Françoise Bourdin (30 romans publiés chez Belfond depuis 1994) est un auteur à succès dont le chiffre des ventes se compare avantageusement à celui d’un Guillaume Musso ou de Marc Lévy. Mais on en parle rarement car il s’agit de romans destinés aux femmes, qu’autrefois on disait « à l’eau de rose », qui se glissent subrepticement dans le sac pour être lus dans le RER ou sur une plage … Ayant repéré ce livre sur un présentoir de mon marchand de journaux, j’ai voulu savoir de quoi il retourne. J’ai vu.
Une histoire bien construite, dont la fin, ici est heureuse, une écriture fluide et bien documentée dans un milieu déterminé – le vieux truc de la série des « Cinq dernières minutes » - avec plein de définitions et des descriptions crédibles, des situations classiques de tragédie à deux sous … telles qu’en vivent aussi, dans la vie réelle, les gens simples, mais transposées dans un milieu et des décors de rêve.
Car les caractères des personnages principaux sont d’une banalité affligeante. Ici, une ravissante jeune femme de 30 ans, blonde aux yeux verts. De ce capital, elle n’a jusqu’ici rien fait de notable, gaspillant ses atouts sans mesurer la vacuité de sa vie : pas d’études sérieuses, pas de métier, pas de compagnon stable … sauf ce Jocelyn, bellâtre de vingt ans son aîné, promoteur immobilier plein de fric, tempes grises et peau hâlée en permanence, qui l’entretient depuis deux ans et qu’elle a su rendre fou au point qu’il s’apprête à la demander en mariage. Avant de sauter le pas, il la présente à son ami d’enfance, Virgile, qui possède un élevage de taureaux de combat en Camargue. Et patatras, la belle Raphaëlle rencontre Ruiz, le plus jeune fils de Virgile, 22 ans, matador de son état. Coup de foudre réciproque immédiat et drame familial à la clé, le père reniant ce fils impudent et gâté, adulé de tous dans l’arène.
Tous les ingrédients du roman-photo sont là, de quoi bâtir une série TV telles celles qu’on nous donne à voir les soirs d’été, dans le style des « Feux de l’amour » mais sans profondeur. La fin est convenue, la controverse sur l’art tauromachique – entre fascination et répulsion – une figure obligée, bref, un bouquin aussitôt oublié que lu… De la littérature à la chaîne qui fait recette chez les femmes qui s’ennuient. Bon, et après tout, j’aime bien les polars aussi …Chacun son trip !
Mano a mano, roman de Françoise Bourdin, édité chez Belfond Pocket, 254 p. 6,70€
Un bon petit roman que je recommande également.