Weëna, T4 : Union - Eric Corbeyran & Alice Picard

Par Belzaran


Titre : Weëna, T4 : Union
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinatrice : Alice Picard
Parution : Octobre 2005


« Union » est le titre du quatrième tome de « Weëna ». Sa parution chez Delcourt date de octobre deux mille cinq. Comme les autres albums de la série, il est scénarisé par Eric Corbeyran et dessiné par Alice Picard. C’est le premier des deux qui m’avait attiré vers cette histoire. Je voue une affection particulière à ses œuvres depuis que j’ai découvert « Le chant des stryges », « Le maître de jeu » ou « Uchronies ». Je guette toujours avec attention chacune de ses nouvelles productions. La couverture de cet opus nous présente une jeune fille qui ne m’est pas inconnue. Il s’agit d’Opéra la meilleure amie de l’héroïne. On la découvre en tenue de prêtresse dans ce qui semble être un bâtiment de glace apparu lors des lectures précédentes. Je trouve cette illustration plutôt réussie et elle m’incite à me plonger au plus tôt dans ma lecture. 

Comme à chaque fois, la quatrième de couverture nous offre un état des lieux des aventures de Weëna. Voici celui qui accompagne cet album : « Protégée par l’enceinte du cloître des sœurs de glace, Weëna, qui pleure la disparition d’Opéra, croit avoir échappé pour un temps à la vindicte de Morckoor. Mais le prince maudit, tenace, va trouver en sœur Keëtha une alliée. Weëna est alors mise en demeure d’embrasser la foi du cloître ou de le quitter définitivement à ses risques et périls. Ne soupçonnant pas la duplicité de sœur Keëtha, Weëna approche à grand pas d’un piège qui va se refermer sur elle. 

Pour les novices de l’univers de « Weëna », il faut savoir que le scénario utilise les codes de la fantasy. L’univers apparait médiéval. Les légendes, les dynasties, la magie sont partie prenante dans la narration. Cette série s’adresse donc aux adeptes du genre. On retrouve également la notion d’élue qui prend ici les trait de la ravissante héroïne qui dont son nom à la saga. Il va sans dire, comme souvent dans ce type de trame, qu’elle n’a absolument pas conscience de son rôle et de ses pouvoirs. Ses aventures ont donc une utilité initiatique et révélatrice. Malgré le classicisme des grandes lignes de l’intrigue, les trois premiers opus se lisaient avec plaisir et sans effort. A défaut de révolutionner le genre, j’espérais que « Weëna » garde une qualité constante et au-dessus de la moyenne jusqu’à son dénouement. 

L’histoire se déploie sur plusieurs fronts. Le premier est construit autour du personnage de Weëna. Elle est réfugiée dans un couvent de glace. Elle y est entrée accompagnée de sa meilleure Opéra qui suite à une série d’événements se trouve enfermée dans les geôles du lieu. Le deuxième suit la quête de Morckoor. Prince d’une lignée maudite, il œuvre pour son retour dans la lumière qui passe par son union avec notre héroïne. C’est pourquoi leurs chemins passent leur à se croiser. La première cherchant à fuit le second qui lui utilise tous les moyens possibles pour la conquérir. Il se révèle également que Morckoor a son destin lié à un monstre né d’une union incestueuse. Cet aspect de l’histoire reste encore plein de zones d’ombre. Enfin, le troisième front nous mène sur les pas de Gwylym, ami d’enfance de Weëna. Suite à un concours de circonstance, il se trouve embaucher dans l’armée impériale, accompagné de l’ancienne nourrice de son amie. Cette partie de la trame est, pour l’instant, la plus indépendante vis-à-vis des autres.

Le fait que la narration ne soit pas totalement linéaire rend la lecture plus dense et agréable. En effet, le fait de basculer d’un personnage à l’autre, de changer de décors ou de se trouver immergé dans une quête différente a pour conséquence d’attiser en permanence notre curiosité. On ne ressent aucun temps mort. Il va sans dire qu’on s’interroge en permanence sur la manière avec laquelle toutes les pièces de ce puzzle vont s’assembler pour nous mener vers un dénouement qu’on espère réussi. Chacun des aspects de l’intrigue possède son atmosphère. Le destin de Weëna génère de l’empathie et de la compassion. Elle a été enlevée à ses parents, source d’une malédiction à sa naissance. Elle est recherchée par quelqu’un de terrifiant. Sa fuite, accompagnée d’Opéra, nous touche. On est de tout cœur avec les deux jeunes filles. On aimerait les aider. De son côté, la quête de Morckoor nous est tout de suite moins sympathique. Il est pour l’instant incontestablement le méchant de l’histoire. Son destin maudit ne nous touche pas tellement son attitude pour arriver à ses fins nous dégoute. Cela ne nous empêche d’être curieux de son avenir, tant il semble subir le poids de ses ancêtres. Enfin, le devenir de Gwylym est la caution humoristique de l’histoire. Sa maladresse couplée à ses rêves de gloire donne lieu à des moments très drôles qui accompagnent parfaitement le ton dramatique des événements. Sa relation avec Miureal est très réussie et fait partie sans hésitation des moments de bonheur de notre lecture.

Comme indiqué précédemment, les dessins sont l’œuvre d’Alice Picard. Je découvre son travail à travers « Wëena ». Je trouve une évolution positive dans le travail des personnages. Je les trouve tous relativement proches graphiquement dans le premier tome. Mais la dessinatrice a su profiter des nombreux voyages des protagonistes pour faire exister de manière plus marquée les différentes rencontres que génèrent ces longues aventures. Elle crée ainsi de manière plus profonde un univers qui existait déjà de manière très correcte par les décors. La première partie de la saga se déroulait dans les montagnes. Les paysages neigeux étaient donc au centre des débats. Ils étaient particulièrement mis en valeur par l’auteur. Les événements font que certains de nos héros ont quitté ces contrées pour des pays plus rocailleux. Cela n’a pas généré de baisse de qualité dans le dessin. Au contraire, cela offre une plus grande variété qui donne à chaque intrigue une identité graphique propre. 

En conclusion, « Union » est dans la continuité des précédents tomes de « Weëna ». La lecture est sympathique, divertissante sans être révolutionnaire. On se laisse prendre avec plaisir dans toutes ces aventures. On pourrait regretter que la trame générale n’avance pas plus vite et que les révélations ne soient pas plus fréquentes. Malgré tout, le scénario dose assez bien les rebondissements et laisse le temps à ses héros de vivre leurs aventures. Cela fait que je me plongerai avec joie dans le cinquième tome intitulé « Bataille ». Mais cela est une autre histoire… 

par Eric the Tiger

Note : 13/20