Et le cinéaste nous conduit pas à pas vers un conte de fées. Entretemps il y a de la castagne et pas pour faire peur ou pour faire rire, juste pour cogner contre le destin. Ce monde est rude et on ne sait pas pourquoi les parents et les grands-parents se battaient déjà. Question de réussite sociale, enfin de magouilles réussies pour les uns et de malchance pour les autres, tous ceux qui manquent de l'imagination nécessaire pour truander là où il y a un vide à exploiter.
Et le cinéaste nous conduit pas à pas vers la figure de l’amour. Jésus, Marie et un magnifique bébé qui est né dans une zone de conflit. Cela pourrait se situer en Irlande ou à Gazza, à Vérone ou à Manhattan. Les couches mythiques sont nombreuses. Pourtant il n’y a pas ici de dieu salutaire, ni de compositeur génial pour faire danser les protagonistes, encore moins de guerre de religion. Sinon la religion du plus fort. Et pourtant il s’agit d’une histoire de miracle. Les dieux se trouvent parfois dans les tonneaux où ils laissent s’échapper la part des anges et les anges eux-mêmes par un surcroît de bonté. Ils se recrutent aussi chez les amateurs et les collectionneurs de whisky. Les dieux sont joueurs, nous sommes payés pour le savoir par toutes les légendes qui se superposent en nous au cours d’une vie.
Ken Loach est un malin avec ses gueules cassées qui deviennent des gueules d’anges. On sait bien depuis le début qu’ils vont se sauver, mais on partage leur détresse, leur besoin d’exister. Ils ont des dons. Ils en font des maladresses, parfois des délits et peuvent se retrouver devant le basculement du crime.
Ken Loach est un malin et c’est cette manière futée de mettre en scène qu’il faut aller voir. Vous les aimerez vite, ces anges sans ailes !