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Mourir comme Marion Cotillard dans Batman

Publié le 02 août 2012 par Doespirito @Doespirito

A une dizaine d'années d'intervalle, j'ai emmené deux de mes chats chez le véto pour abréger les souffrances d'une leucose récidivante qui les rongeait à petit feu. La piqûre mortelle les a fait miauler une dernière fois. L'un et l'autre ont eu un geste de défense identique : ils sont allés se réfugier dans la cage en plastique dans laquelle je les avais amenés. Puis le regard est devenu fixe, leurs yeux se sont asséchés en quelques secondes, tandis que l'étincelle de vie désertait leurs pupilles.
Marion_Cotillard_(July_2009)_1Jouer le passage de vie à trépas n'est pas donné à tout le monde. Visiblement, ce n'est pas son truc, à Marion Cotillard. Sa prestation dans le dernier Batman ne restera dans les mémoires, sauf pour cette scène grotesque où elle décède façon Hernani pour fête scolaire de fin d'année. On peut voir ici un gif de cette séquence. C'est tellement mauvais que la salle comble de l'UGC Montparnasse où j'étais s'est esclaffée devant sa prestation à cet instant du film. Evidemment, le web ricane avec un tumblr entièrement consacré à la rigolade. Et les contempteurs de Marion Cotillard en profitent pour remettre une couche sur la gloire surfaite, à leurs yeux, de l'oscarisée de "La vie en rose".
Même si j'ai été le premier à ricaner, je n'en veux pas pour autant à Marion Cotillard. D'abord, sa carrière en France et aux Etats-Unis parle pour elle, alors respect. Ensuite, elle était sensée être sous la coupe d'un réalisateur pour qui le ratage devait se voir comme les yeux au milieu de la figure. Or une scène ratée, on la retourne, si je ne m'abuse. Ce qui n'a pas été le cas. Enfin, comme le film dure 2h45, on a de quoi ricaner d'autre chose. La scène où les flics de Gotham, incarnant la résistance à l'oppression (c'est déjà à pisser de rire, quand on connait la réputation démocratique des flics américains), font face aux méchants façon manif de rue, cette scène est cent fois plus grotesque.
De toutes façons, la scène du décès au cinéma a sa référence, à mes yeux, et aucune autre ne l'a égalée. Dans LA Confidential, Kevin Spacey, qui joue l'inspecteur Jack Vincennes, est tué par Smith, un gradé ripou de la police californienne. Ce dernier lui demande s'il a une confession à faire et Vincennes murmure «Rollo Tomasi» (1) avant de calencher. Une répartie énigmatique que seul Vincennes peut comprendre et qui laisse Smith quelque peu désemparé. L'expression de Spacey incarne à la fois la surprise, la douleur et une ultime bravade avant une mort presque tranquille. Du grand art. Pas à dire, à mes yeux, pour les scènes de mort, Kevin Spacey a tué le job. Mes deux chats aussi. Mais eux, c'était pas du jeu.
(1) Un personnage imaginaire inventé par un collègue de Vincennes pour mettre un nom sur le tueur jamais pincé de son père.


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