Commençons tout simplement par dire une chose: tout le monde regarde du porn. Absolument tout le monde. Il y a quelques temps des chercheurs à Montréal ont voulu faire une étude sur des hommes qui n'avaient jamais vu de porn de leur vie. Ils ont dû abandonner leur recherche faute de sujets d'étude. L'anecdote est amusante et révèle tout simplement que la pornographie est présente, voire omniprésente, dans notre vie. Les trois-quarts des sites internet sont liés d'une manière ou d'une autre au cul. Les revenus du porn représentent autant que les revenus d'Hollywood (8.5 milliards de dollars en 2005 par exemple). Alors évidemment, on rétorquera que c'est un truc d'adolescent, qui ne concerne que les mecs. Conneries. Les femmes aussi regardent du porn, différemment, sûrement un peu moins et parfois pour d'autres raisons, mais une bonne partie d'entre elles en regarde quand même. Attention, regarder du porn ne veut pas dire que vous en regardez tous les jours, ça veut juste dire qu'à un moment dans votre vie, vous avez regardé du porn, et pas par hasard en zappant sur canal+ le premier samedi du mois, mais de manière délibérée. Je pense qu'objectivement personne ne pourra honnêtement dire que ça ne lui est jamais arrivé.
Maintenant qu'on a établi que tout le monde en mate, il faut voir qui en mate, pourquoi et à quelle fréquence. Je vais pas faire une étude sociologique du porn, mais juste faire une brève introduction pour ceux qui ne connaitraient pas trop le monde du porn, voire ses usages. Avant tout, je signale la présence du Tag Parfait qui est devenu la référence en France pour parler de porn intelligemment. Les mecs ont décidé que le porn était un produit culturel comme un autre, et qu'on doit en parler et en regarder sans tabous. Ils ont une vision d'un porn plus vrai, plus beau, sans forcément qu'il soit plus romantique, mais juste que le "porn à papa" avec des actrices dégueulasses et une vidéo crade ça ne devrait plus exister. Si je suis d'accord avec eux sur le principe, je n'ai rien contre les poitrines siliconées dans le porn, contrairement à une grande partie d'entre eux. Bref, allez sur le tag parfait vous cultiver (et promis je ne bosse pas avec eux).
Maintenant, on m'a demandé pour cet article de faire une sorte d'intro au porn. Je vais pas faire un historique, mais plutôt expliquer quels en sont les différents usages. Pour l'histoire du porn et des analyses plus poussées le tag parfait ou wikipedia vous aideront plus que moi. Signalons juste que le porn existait bien bien avant l'invention de la vidéo. Si certains sont allés voir l'expo X à Paris de la BNF, ils ont vu que la pornographie remonte à loin. On peut remonter aux romains, et sûrement bien avant, et on voit que les dessins et gravures pornographiques ont toujours eu beaucoup de succès. Bref, l'humanité aime le porn, et il serait grand temps d'arrêter l'hypocrisie à son propos.
Parce que c'est toujours un peu la honte de dire qu'on aime du porn, mais pourquoi aimes-t-on le porn? Qu'est-ce qui nous amène à regarder ça? En me basant sur des discussions, des articles mais surtout mon expérience personnelle je vais essayer d'expliquer cela. Je pense que les usages diffèrent en fonction de l'âge, du moment, de la situation et de ce que l'on recherche vraiment à travers ce média. Adolescent, le porn sert à la découverte de la sexualité, à sa première utilisation (la branlette), à pouvoir développer des fantasmes et des désirs, et aussi à transgresser l'interdit. Je sais que souvent je n'avais pas masse de temps pour mater mon porn, de peur de me faire gauler, l'ordinateur familial étant dans le salon. Donc tu profites d'un moment de répit, tu mets la première vidéo que tu trouves ou que tu as téléchargé via Kazaa (aaah, souvenirs!) et tu fais vite fait ton truc. Le plaisir c'est juste l'éjaculation, et de voir des gros seins et une nana se faire défoncer. A ce moment là tu n'as aucun recul sur la sexualité et forcément tu t'imagines en super héros qui va niquer toutes les nanas et en ne pensant qu'à toi. Puis, et du moins c'est mon cas, à la seconde même où tu as joui, tu es pris d'un remord. Un putain de remord inexplicable. T'aurais pas du mater ça, t'aurais pas du penser ça. Signe qu'on est marqué depuis l'enfance comme quoi le sexe c'est sale, et le porn encore plus, et ce même si comme moi on a eu une éducation sexuelle assez décomplexée et honnête avec ses parents. Bref, l'adolescent mate du porn comme il bouffe du Mcdo: c'est rapide, c'est bon, mais c'est plus pour satisfaire une envie qu'autre chose. Puis en grandissant plusieurs possibilités arrivent: soit tu arrêtes car tu n'en vois pas l'intérêt ou alors de temps en temps, soit tu te raffines, tu recherches autre chose.
Je pense que chacun bascule entre les deux, et que les films dégueus (au sens qualité d'image/actrice en plastique) qu'on matait étant ado on n'a aucune envie d'y retourner, sauf éventuellement par sentimentalisme. On se raffine, on recherche la qualité d'image, et en ce qui me concerne les visages des actrices. C'est le plus important. Le corps est méga important, mais si elle a une sale gueule c'est pas possible. Une fois que le visage est bon, j'ai différents goûts et caractéristiques qui m'intéressent, mais ça je le garde pour moi. Comme dit plus haut cependant je n'ai rien contre les gros seins, même faux.
Car le porn c'est encore le dernier endroit où tu peux être hyper exigeant envers une nana et que ce soit normal. Ou tu peux dire: quelle salope, ou tu peux l'imaginer se faire prendre salement, ou tu peux dire que telle nana est dégueue juste parce que t'aimes pas son cul ou parce qu'elle est un peu grosse. Les remarques que tu fais quand tu mates du porn ne seraient que rarement acceptables par une femme. Le porn dernier espace de liberté absolue? Oui, dans un sens. Car tu peux voir absolument tout ce que tu veux. Il y a du porn pour aveugle (true story), pour mecs qui aiment les pieds, les épaules, les gens déguisés en mickey, les gens qui se pissent dessus, tout. Tout. Tout existe, tout est trouvable (on pense à la rule 34 d'internet: if it exists, there is porn of it). Donc la liberté totale d'être seul et de voir le truc qu'on veut est possible. Même si ce qu'on aime n'est pas socialement acceptable, on peut le voir. En ce qui me concerne je suis assez classique, mais il y a forcément des trucs que j'aime voir que je ne ferais pas avec ma copine. Pas forcément parce que je la respecte trop, juste parce que c'est marrant à voir, pas à faire.
Bref, maintenant, quand on a plus de 20 ans, le porn ça devient quelque chose qu'on choisit délibérément de regarder. Parce qu'adolescent tu te dois un peu de mater ça, pour parler avec tes potes, ou simplement car c'est un truc qui se fait. Et c'est là que ça devient intéressant. On peut aimer les trucs un peu rough, ou justement les trucs plus doux. Le studio Elegant Angel a sorti récemment une collection qui s'appelle Romance, où le sexe est plus doux, plus naturel. Ca vise principalement les couples. Car le porn est bien devenu un média culturel qui est moins stigmatisé qu'avant. C'est toujours mal vu, mais c'est banal de dire qu'on mate du porn, il n'y a rien de subversif derrière. Et les couples regardent parfois ça pour s'exciter ou par curiosité. Le porn cherche donc à ressembler à cela et à montrer des choses plus sensibles, plus douces. Après l'explosion absolue de fantasmes et de délires liés à l'expansion d'internet, on voit qu'une tendance au naturel apparaît. Attention, ça ne veut pas dire qu'il n'y a plus d'exubérance, loin de là, et cette tendance à la douceur reste limitée, c'est une niche, mais c'est significatif.
Le porn devient aussi sujet d'art, et on pense à des films comme Malice in Lalaland qui est reconnu comme une expérience culturelle qui dépasse le simple film porno pour se branler. Certaines actrices ne sont pas uniquement des bimbos stupides, mais ont une véritable réflexion. Stoya, ou Kayden Kross par exemple sont des femmes qui acceptent complétement leur rôle dans le porn, qui l'intellectualisent, qui réflechissent à ce que veut dire la sexualité. Kayden Kross a même écrit un recueil littéraire. Je ne sais pas s'il s'agit d'un simple gimmick ou si ça vaut le coup, mais c'est intéressant. Le porn c'est aussi de la culture, ça fait partie de la société. Ce n'est pas seulement des pervers, mais des gens comme nous qui décident de le faire bien. Il y a de plus en plus de films bien faits en terme d'image ou d'histoire. Le jeu d'acteur se diversifie, car le porn se normalise, se banalise. Digital Playground par exemple sort régulièrement des films à gros budgets, avec des histoires, des effets spéciaux, une qualité d'image époustouflante et s'essaye même à l'humour. Alors ça mérite pas un oscar, et c'est souvent surjoué, mais ça s'améliore et surtout les acteurs sont conscients du potentiel comique et semblent jouer au second degré. Un mec comme Erik Everhard est tellement cliché qu'il en joue carrément (ou du moins j'en ai l'impression, sinon il est vraiment débile).
On pense aussi à X-art, un site qui fait du porn de très bonne qualité, avec des actrices jeunes, assez élégantes en général et une véritable sensualité. Car enfin le mot est laché. Le porn n'est plus uniquement sauvage, il sait embrasser son côté sensuel et amoureux. Des acteurs comme Manuel Ferrara et James Deen sont très appréciés dans le porn car apparemment ils aiment les filles, ils leur font l'amour, ils ne les baisent plus. Et de fait, on y croit. Quand je vois Ferrara et Deen avec une nana on sent que le plaisir est sincère, on sent que le mec aime la nana, la respecte et pense à elle et son plaisir. Bref, la sensualité prend une part importante dans le porn. Il y a toujours un côté performance, un côté physique et sauvage, mais ça évolue. Le gonzo (une scène sans histoire, sans rien, juste des acteurs qui baisent, sans introduction) lui même change un peu. On cherche l'excitation, on cherche un peu l'innovation dans les plans, les situations, les filles. Il reste plein de trucs tout à fait classique avec des nanas refaites, et pourquoi pas après tout Bref, le porn devient un média comme un autre, avec une palette de possibilités qui reste très importante. Il reste tellement à dire sur le porn, comme le fait qu'il ait façonné le monde moderne (voir les article de cracked.com: là et là pour apprendre des choses et se marrer), comme ses différents styles, comme son évolution, comme son rôle dans le féminisme etc. Mais on ne peut pas tout dire. Voilà donc une introduction au porn, c'est sommaire mais j'espère que ça vous a appris des trucs.
***
Pikachot est étudiant, il a commencé à mater du porn à 14 ans, comme tout le monde, et il a un dossier sur son ordi et son disque dur qui regorge de pleins de conneries qu'il ne regarde plus, mais qu'il garde car "on sait jamais, je pourrais vouloir regarder cette scène un jour". Il assume de mater du porn si on lui demande, mais il va quand même pas mettre son vrai nom sur internet pour que ses futurs employeurs puissent voir ça. A part ça, il s'intéresse à plein de trucs mais ça, vous vous en foutez.