Je n'ai pas coutume de pousser un coup de gueule dans mes articles, mais il y a des partenariats qui me laissent parfois sans voix. Ainsi en est-il de celui conclu entre la fédération française de hockey sur glace et de McDonald's.
(les liens vers les articles ou les documents concernés sont en gris et en italique)
Comment en effet concilier valeurs du sport et "malbouffe", encore appelée "junk food" ? Comment croire encore aujourd'hui à la philanthropie du géant américain qui, d'une main, vend de la nourriture saturée en graisses, en sucres et en sel, et de l'autre, prétend vanter les bienfaits et la nécessité du sport ?
L'objet de ma colère est l'action "Place aux loisirs", développée par la chaîne de fast-foods. Du 1er au 28 août, contre l'achat d'un Happy Meal, les enfants se voient offrir une initiation gratuite à l'activité sportive de leur choix, à faire d'ici au 31 août... 2013.
En s'associant à ce projet, la fédération française de hockey sur glace et les clubs participants espèrent, selon le communiqué, "favoriser le recrutement de nouveaux licenciés et accroître la visibilité de la discipline au niveau local et national".
Cette opération menée pour "le bien-être" des enfants n'est qu'une démonstration supplémentaire de l'hypocrisie qui se dissimule derrière la puissance financière que représente aujourd'hui le géant américain.
Si l'on traduit simplement, le message adressé aux enfants est le suivant : "Mange d'abord ton Happy Meal, que tes parents payent, et tu iras ensuite faire une séance de sport... gratuite !"
Comment croire en l'impact de quelconques retombées sportives pour les clubs et les fédérations quelles qu'elles soient d'une telle opération ?
Faut-il être à ce point à court d'imagination pour espérer par ce biais voir son nombre de licenciés augmenter et penser que le hockey sur glace gagnera en visibilité ?
La visibilité n'est que pour McDonald's qui s'offre une nouvelle fois d'un incroyable bonus d'image au détriment d'un réel intérêt porté à l'équilibre nutritionnel des enfants.
L'unique retombée de cette action sera, bien sûr, financière, mais pas en faveur du sport, mais bien au profit de McDonald's qui engrangera les recettes de chaque Happy Meal obligatoirement vendu pour que l'enfant ait droit à sa séance de sport.
Mais me direz-vous, je m'emporte pour rien, à l'heure où :
- Ferrero, apôtre également de la nourriture saine, a son palais des sports à Rouen baptisé Kinderarena
- le village olympique des J.O de Londres possède 4 McDonald's
- des sportifs tels Usain Bolt représente le géant américain au célèbre clown
- McDonald's soutient financièrement le Comité international olympique depuis 1976 et est aujourd'hui avec Coca Cola et Visa l'un des 11 principaux partenaires qui représentent 40 % des revenus du CIO à savoir 783 000 euros
Que les fédérations sportives, telle la Fifa avec Coca-Cola, le basket français avec Kinder, les clubs dans leur sponsoring, dont certains en hockey sur glace ont pour partenaire McDonald's, s'associent de façon lucrative avec de tels partenaires, cela ne regarde qu'eux, leur conscience et leur responsabilité morale vis-à-vis de leur public.
Non, ce qui me gêne, c'est d'associer de façon forcée McDonald's et pratique dite "gratuite" du sport. Il y a là un mélange des genres que je trouve d'un cynisme intolérable.
L'augmentation du nombre de licenciés et la visibilité accrue du hockey sur glace ne viendront que par une politique volontariste déjà mise en place et conçue sur le long terme par les clubs et de la fédération conçue sur le long terme, sans avoir besoin de recourir à ce genre de partenariats.
en complément : l'article paru dans le Figaro sur l'implantation de McDonald's dans les hôpitaux américains
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