L'accident de François Fillon éclaire sur l'incapacité des politiques à répondre à la crise.

La semaine dernière, François Fillon a eu un accident de scooter relativement grave puisqu'il a fallu l'opérer de la cheville. Malgré l'actualité olympique qui occupe à l'excés le champ médiatique, la presse en a beaucoup parlé. Rien de choquant à cela, François Fillon est un homme qui compte dans le paysage politique français. Ce qui est plus étonnant, c'est que s'il a bien été dit qu'il a passé ses vacances à Capri chez Luca Di Montezemolo, cela n'a choqué absolument personne.

Pourtant, Mr Di Montezemolo n'est autre que le patron de Fiat et de Ferrari. Autrement dit, il est un des dirigeants d'entreprise les plus influents de la planète. Attention, je ne remets pas en cause les amitiés de Mr Fillon, celui-ci est libre de fréquenter qui il veut. Cependant, quand on est une des principales personnalités politiques et qu'on ne cache pas son désir de revenir un jour au pouvoir, il convient peut-être de faire attention à ses fréquentations.

A l'heure où le monde vit une crise économique sans précédent et où les comportements des financiers et des grands patrons d'entreprises sont pointés du doigt, à un moment donné où le monde du travail attend des politiques plus de protection, plus de justice, les vacances de François Fillon chez le patron de Fiat font tâche. Il ne s'agit d'ailleurs pas spécifiquement de l'ancien premier ministre, car il ne fait aucun doute qu'à gauche, ils ont les mêmes fréquentations, il suffit de regarder la liste des participants au dîner mensuel du Siècle pour s'en rendre compte.

Comment s'étonner alors de tous les cadeaux fiscaux aux entreprises depuis trente ans ? Comment peut-on croire encore que les politiques vont prendre les décisions qui s'imposent pour faire face à la crise, la première d'entre elles serait d'interdire les licenciements boursiers ? Ils ne le peuvent pas, à moins de remettre en cause leurs amitiés.

Mais le traitement médiatique de cet accident est également intéressant. Que cela n'ait choqué personne, qu'aucun journaliste ne l'ait relevé, montre à quel point les médias français, les politiques et les milieux d'affaires sont en collusion. Pas besoin de censure ou d'un quelconque contrôle, cela ne leur vient même pas à l'esprit qu'il puisse y avoir un problème dans le choix des vacances de François Fillon, puisqu'eux-mêmes, pour certains en tout cas, fréquentent les mêmes cercles (cf à nouveau les dîners du Siècle).

Que l'on se rassure, depuis son accident, François Fillon va mieux. On ne peut peut-être pas en dire autant de la déontologie et de la morale dans ce pays.