Après avoir raboté, ponctionné, spolié, imposé et taxé, l’État n’a toujours pas trouvé le moyen d’endiguer la hausse mystérieuse du prix de l’immobilier, bien embarrassante pour un électorat ayant de plus en plus de mal à se loger pour un budget supportable.
Par Ulrich Genisson.
Il y a bientôt un an, j’écrivais ici même « L’euthanasie des classes moyennes par l’impôt immobilier », où je donnais de nombreux exemples sur la spoliation du peuple par l’impôt et évoquais ainsi l’incapacité de l’État à résoudre un problème pourtant majeur pour la plus grande partie de la population, celui de l’accès au logement.
J’avais rédigé à l’époque cet article sous le coup de la colère face à un gouvernement sans vision, exclusivement motivé par l’égalité si chère aux socialistes de droite comme de gauche. François Fillon nous avait alors fait le « bonheur », le 24 août 2011, de promulguer un nouveau cadre fiscal avec application immédiate en direct sur les chaines de télévision (avec comme effet indésirable mais prévisible, celui d’engorger un peu plus les tribunaux administratifs étant donné la publication au JO plus d’un mois après le discours). Je ne reviendrai pas sur les exemples aberrants de cette taxation car ils sont criants d’actualité, même si le gouvernement Fillon a depuis de nombreuses fois modifié le texte en question, créant, en plus de la spoliation et de la désorganisation, un climat d’insécurité fiscale majeur dans un secteur où la stabilité et la vision à long terme sont pourtant indispensables.
Je reviendrai seulement sur la fin de mon article ou j’indiquais ceci (donc en août 2011) :
Le bilan sera le suivant :
- Hausse continue du marché de l’immobilier en France.
- Augmentation des durées d’emprunt pour les acquéreurs.
- Blocage du marché immobilier, avec une raréfaction des transactions.
- Baisse des mises en chantier due à l’augmentation des prix du foncier et à la diminution des investissements locatifs (-60 000 logements / an prévus par le secteur).
- Licenciements dans le secteur du bâtiment (estimés à 60 000).
- Baisse de la collecte de la TVA dans l’immobilier neuf (déjà chiffrée à 2 milliards d‘euros).
- L’impossibilité pour les primo-accédants de suivre le mouvement : les transactions immobilières se feront, de plus en plus, entre propriétaires excluant ces primo-accédants.
- Non seulement cette mesure est injuste et inefficace, comme je l’ai démontré, mais elle va surtout produire des effets indésirables qui vont coûter, au final, plus chers qu’une absence de réforme…
Nous voilà 11 mois plus tard et voici ce que j’ai pu lire aujourd’hui dans le journal Le Parisien :
Logement : la construction et les permis de construire s’effondrent.
Michel Mouillart : «il faut remonter à 1998 pour retrouver un niveau aussi bas, c'est véritablement l'expression d'une panne » qui, selon lui, « risque de durer ».
L'économiste anticipe désormais pour cette année 320.000 nouvelles mises en chantier de logements neufs, contre 378.600 en 2011, et un recul supplémentaire en 2013. Pour expliquer cette chute de 60.000 unités « perdues » entre 2011 et 2012.
Nous y voilà donc : 60 000 unités perdues, raréfaction des transactions (environ -20% sur 12 mois), primo-accédants toujours plus exclus, chômage dans le bâtiment (35 000 emplois détruits en 2012 à ajouter à ceux qui ont déjà perdu leur emploi en 2011).
Voyons du côté des prix maintenant : à la fin du second trimestre 2011 l’indice INSEE des prix en France métropolitaine sur l’ensemble (maisons et appartements) était à 109.9. Un an plus tard, il est à 110.1 au premier trimestre et il est anticipé comme stable.
Ceci ne voudrait-il pas dire que malgré la grosse crise étatique que nous vivons – et non économique comme beaucoup voudraient nous le faire croire, à commencer par nos dirigeants – malgré tous ces impôts, cette spoliation du capital, les prix de l’immobilier ne seraient pas à la baisse ? Surprenant n’est-ce-pas ? Pourtant, la joie des collectivistes de tous poils n’était pas discrète après l’annonce d’une taxation supplémentaire des plus-values immobilières par François Fillon. À croire que le simple vol par l’État du capital de ceux qui « ont », suffit à contenter ceux qui « n’ont pas ».
Tellement surprenant que le non diplômé en économie que je suis a pu prédire avec exactitude ce qui allait se passer, comme toute personne ayant un peu de bon sens. Alors après avoir raboté, ponctionné, spolié, imposé et taxé, l’État n’aurait toujours pas trouvé le moyen d’endiguer cette hausse mystérieuse du prix de l’immobilier, bien embarrassante pour un électorat ayant de plus en plus de mal à se loger pour un budget supportable ?
Heureusement pour l’État la crise est là, le chômage de masse a de l’avenir, les prix devraient rester stables, à moins qu’à force de faire joujou avec l’imprimante de la BCE tout s’emballe. Mais ne vous inquiétez pas, comme à son habitude, l’État après avoir mis à mort un secteur, déréglé toute la machinerie d’un marché d’offres et de demandes, en voulant le remplacer par une administration soi-disant omnisciente, viendra largement subventionner, avec vos impôts, un secteur qu’il aura lui-même détruit.
Suite à la rédaction de cet article sur la taxation des plus-values immobilières, j’ai reçu des tombereaux de quolibets, très salvateurs au demeurant, puisqu’ils m’ont poussé à écrire un livre en collaboration avec mon jumeau libéral, Stéphane Geyres. Pas n’importe quel livre, un ouvrage collectif à 100 auteurs œuvrant pour un monde libre ! Rien de moins que la liberté et la responsabilité de décision rendues à l’individu. 100 auteurs, 100 idées en 100 pages recto-verso. 14 professeurs d’université, des médecins, des avocats, des artisans, des étudiants, des retraités, des salariés…
Une des 100 contributions, écrite par Vincent Bénard, en deux pages seulement, et compréhensible par tous, résume parfaitement les solutions à apporter au problème du logement en France. Après sa lecture vous comprendrez aisément que ce n’est pas avec une ministre du logement « verte » que nous allons résoudre ce problème, mais au contraire par l’absence d’un ministre et l’absence de réglementation foncière, de zonages, comme c’était le cas il y a un peu plus de 45 ans.
Les personnes qui souhaitent vraiment résoudre le mal-logement en France, mais aussi dans les autres pays, peuvent s’y attaquer très facilement pas l’abrogation totale des textes qui encadrent la gestion du foncier.
Sortir le secteur immobilier de l’ornière, laisser émerger des centaines de milliers d’emplois, pourvoir en logements adaptés des millions de français et donner un toit à chaque SDF est extrêmement simple, à la portée de tout le monde et tient en un seul mot : « Déréglementer ».
Je terminerai par la conclusion de Vincent Bénard dans « LIBRES ! » du Collectif [la main invisible] à paraître mi septembre 2012 :
Il faut rendre aux propriétaires la liberté d'aménager leur sol selon leurs préférences, sous la seule contrainte de respecter les usages qu’en fait leur voisinage. C’est la liberté des propriétaires et des aménageurs qui permettra de trouver les solutions pour développer des espaces urbains plus agréables que nos « cités radieuses » planifiées, et à prix abordable.