Les cinq commandements pour un festival scopitone parfait

Réaliser le festival parfait, c’est le graal de tous les festivaliers à travers la planète. Il faut trouver le festival qui a la bonne prog, à savoir le juste mélange entre les gros noms qui font plaisir au fan qu’on est, et les petits noms, qu’on espère se voir transformer en découvertes, il faut savoir faire les bons choix : quelles scènes, à quel moment, pour quels artistes. Il faut trouver un budget, qui laisse de la marge pour les extras après avoir acheté le pass. En suivant ces cinq commandements, tu devrais réaliser le festival parfait. Ou en tout cas t’en approcher.

I. En avance, tu arriveras.

Pour beaucoup, le festival Scopitone se résume aux deux soirées à « la friche », le vendredi et le samedi. Mais ce qui fait le charme de Scopitone, c’est d’y être avant, de prendre ses marques dans la belle ville qu’est Nantes. Et pour cela, rien de mieux que d’aller voir la très recommandable soirée du mercredi à Stereolux (une salle qui n’est déjà plus à présenter, un an après son ouverture). A l’affiche, Woodkid, dont on ne peut que supposer que la prestation live effacera l’impression trouble (pour ne pas dire déception) qu’avait laissé Run Boy Run à sa sortie. Le Rémois sera précédé des Londoniens de Citizens!, dont la pop signée chez Kitsuné et produite par Alex Kapranos devrait faire des ravages sur le dancefloor. En cadeau bonus, une performance sous forme de laser show en musique orchestrée par l’Australien Robin Fox, qui ravira les yeux et les oreilles. C’est garanti.

II. Pingre tu seras (juste quand il faudra).

Le jeudi scopitonien est placé sous le signe de la radinerie. Les soirées sont gratuites, ce qui ne les empêche pas d’être de qualité. C’est là que le festivalier doit faire des choix, mais votre humble serviteur a choisi pour vous : c’est au Stakhanov qu’il faudra aller. Ce club rock (il faut dire les choses comme elles sont) a ouvert à l’hiver dernier et s’est déjà imposé dans la nuit nantaise. Je n’en dirai pas plus. L’affiche de cette soirée est dantesque : elle réunira le Nantais College (présent sur la BO de Drive) et ses sonorités joyeusement eighties, le duo londo-parisien Jupiter (dont on avait déjà croisé la route à Bars en Trans, et à Panoramas, et qu’on recommande fortement) pour l’électro-pop la plus folle et la plus disco-kitsch depuis…toujours. Mais c’est aussi I:Cube qu’on verra là-bas, avec l’excitation du gamin qui veut voir son idole depuis toujours, et là ce sera dans un cadre très intimiste, et bouillant.

III. En avance, tu arriveras (bis).

Pour rentrer au Stakhanov, il est fortement déconseillé de traîner dans les sympathiques bars alentours (coucou le bar du coin) en attendant une douce ivresse avant de vouloir y rentrer profiter de la musique. Non, tu arriveras en avance, tu seras le premier à visiter le fumoir, le premier à commander une Moustache au bar, le premier à t’effondrer dans les canapés. Tu seras même le premier à t’ennuyer parce que tout le monde est en retard. Mais il vaut mieux ça que de rester à l’entrée, coincé dans une centaine de Nantais frustrés. Vraiment.

IV. À la foule, tu te soustrairas.

Parce que tu auras déjà vécu une soirée (au Stakhanov) où tu seras mort de chaud/écrasé/enfumé (rayer la ou les mentions inutiles), tu éviteras la foule de la friche, le vendredi soir. L’affiche y est plutôt belle, réunissant Bromance au complet, mais aussi C2C, Breakbot ou Pégase, il faut dire. C’est donc une bonne raison pour l’éviter, et préférer l’alter-soirée à Stereolux, avec des noms plus pointus, et donc un public plus connaisseur, une ambiance plus intimiste. On pourra y voir Brandt Brauer Frick, trois Allemands (ça ne s’invente pas) qui créent une techno organique avec de « vrais instruments ». Juré. On se délectera de la perfomance Rynth signée Paul Prudence, qui joue sur la déconstruction de la géométrie. On atteindra le paradis avec le maître de la house version brainy, Nathan Fake. L’Anglais s’est éloigné de ses sonorités façon Aphex Twin (pas la pire des influences) pour glisser un peu de groove dans sa musique aussi glacée qu’irrésistible. On profitera aussi du live signé Byetone, un Allemand qu’on aimerait bien, si ce n’était pas aussi réducteur, placer entre Factory Floor et Rone. Rone, qui complète lui aussi l’affiche de ce soir. Le Français signé chez InFiné prépare un nouvel album, dont on devrait entrevoir quelques morceaux.

V. À la foule, tu te joindras.

Après une soirée dans le doux cadre de Stéréolux, le festivalier que tu es devrait être fin prêt pour l’expérience qu’est La Friche Électro. Tu pourras être lâché dans cette grande halle froide où tu te sauras désormais te fondre dans le public et vivre en communion avec le son et tes congénères. Tu comprendras. Tu seras dans l’ambiance optimale pour être captivé par le live dantesque de Don Rimini perché du haut de son trône (qu’on avait découvert aux TransMusicales, rappelle-toi), être impressionné par la maîtrise de Para One (que Louis a glissé dans son top des albums à la mi-année, si c’est pas la preuve qu’il faut y aller, je sais pas ce qu’il faut), découvrir Bambounou vs. French Fries (et préférer les frites), danser comme jamais pour le show qui s’annonce survolté des crétins/génies de Naïve New Beaters ou profiter du DJ set de Kavinsky – en regrettant que ce ne soit pas un live, sûrement. Ce sera aussi le bon moment pour être déçu par le DJ set d’Erol Alkan (c’est ce qui nous était arrivé à Panoramas), ou peut-être est-ce l’occasion pour une agréable surprise. Mais surtout, c’est le lieu idéal pour être emporté par la house latine signée John Talabot. Il faut imaginer un glaçon qui retiendrait le feu en son cœur, aussi con que ça puisse paraître. Cette soirée devrait être mémorable.

Ce festival devrait être mémorable, si tu suis les cinq commandements édictés ici. Tu peux aussi ne pas les suivre, mais crois-moi, mes conseils sont toujours parfois les meilleurs.

En tout cas, le festival a lieu à Nantes du 18 au 23 septembre, et les places sont en vente ici (les pass 2 jours pour la friche sont écoulés, d’où l’importance du conseil IV). Et si tu as envie d’y croiser ton humble serviteur entre deux concerts, fais-nous signe sur Facebook ou Twitter.