« L’Amour & la Violence »

Par Wtfru @romain_wtfru


EXTRAIT :

« -Puisse-t-elle se réveiller dans les tourments! cria-t-il avec une véhémence terrible, frappant du pied et gémissant, en proie à une crise soudaine d’insurmontable passion
Elle aura donc menti jusqu’au bout! Où est-elle!…Pas là…pas au ciel…pas anéantie…où ?
Oh! Tu disais que tu n’avais pas soucis de mes souffrances…Et moi je fais une prière…
Je le répète jusqu’à ce que ma langue s’engourdisse : Catherine Earnshaw, puisses-tu ne pas trouver le repos tant que je vivrai ! Tu dis que je t’ai tuée, hante-moi, alors!
Les victimes hantent leurs meurtriers, je crois. Je sais que des fantômes ont erré sur la terre. 
Sois toujours avec moi…prends n’importe quelle forme…rends moi fou!
Mais ne me laisse pas dans cet abîme où je ne puis te trouver. Oh! Dieu! C’est indicible!
Je ne peux pas vivre sans ma vie! Je ne peux pas vivre sans mon âme! »

AVIS :

C’est dans des terres balayées par les vents du nord que se tient cette oeuvre merveilleuse et originale d’Emily Brontë. Chef d’oeuvre parmi les chef d’oeuvre anglais, « Les Hauts de Hurle-Vent » laisse comme une empreinte indélébile à quiconque parcourt ses lignes et chapitres.

C’est qu’il y a un caractère exceptionnel dans la description des êtres, moeurs, et sites peuplant l’imaginaire de la romancière anglaise. Elle semble sculpter ses personnages à la lumière de ses sombres pensées, ciselant avec violence chacun de leurs traits.
De l’amour à la haine, il n’y a qu’un pas, et E. Brontë semble adopter ce credo avec ferveur, sublimant ses héros dans la passion des sentiments, et dans la douleur des séparations. 
Heathcliff, Catherine(s), Hindley, Isabelle, Hareton…chacun des protagonistes de ce roman porte en lui un feu indomptable, un potentiel tragique immense, et tant de peine. 

On se plaît à imaginer les traits d’Emily Brontë, personnalité vraisemblablement incroyable, dont on raconte pourtant qu’elle sortait peu, menait une vie recluse, et ne s’accorde que de rares sorties à l’église ou sur la lande anglaise…
Ce génie énigmatique, cette personnalité insaisissable, cette jeune fille pieuse et innocente qui ne semble avoir d’appétit que pour le macabre, le monstrueux et la cruauté des passions, était loin de se douter de l’impression que laisserait « Les Hauts de Hurle-Vent », son seul et unique roman, dans la littérature anglaise.

La violence traversant les pages du roman, est si belle et subjuguante qu’on en oublierait presque son ancienneté..Au moment de sa sortie, en 1847, le public de l’époque ne voit pas d’un très bon œil ce récit si dramatique et grave. Il prend en horreur certaines scènes, bien trop dur, et douloureuse. La critique, quant à elle, est mitigée, restant relativement décontenancée! 

Aujourd’hui, il est communément admis la qualité indéniable de ce roman, aux apparences trop souvent classiques, et refermant pourtant un trésor toujours d’actualité. Le charme de ces histoires d’amour cruelles en fait un des meilleurs livres de la période romantique européenne.