L'Europe face aux JO de Pekin : cette flamme qui brûle...

L'éditorial RELATIO par Daniel RIOT

Savoir ce que l’on veut. Savoir aussi assumer ce qui a été décidé. Savoir encore et surtout tirer parti de manière positive en faveur de la mondialisation des Droits de l’Homme d’un événement mondial qui a déjà perdu sa principale raison d’être, en étant détourné à plusieurs reprises à des fins commerciales, nationalistes et politiques. Le spectre des JO de Berlin donne toujours à la flamme olympique l’ambiguïté de tout feu.

Que veut-on ? Faire des affaires avec ce marché chinois qui s’est plus qu’éveillé ou faire en sorte que les Chinois puissent vivre dans un régime où chacun individu est considéré comme une authentique « personne » jouissant des droits fondamentaux inhérents à toute personne au-delà des systèmes politiques, des grilles d’appréciations philosophiques, des croyances et des religions ? L’Europe a placé les droits de l’homme parmi les principes fondamentaux de ses relations extérieures. C’est son honneur. Et c’est sa honte lorsqu’elle l’oublie…

Assumer ce qui a été décidé ? Oui. Bien sûr. C’est le CIO qui est là en première ligne. C’est lui qui a choisi Pékin. C’est lors de la préparation de cette décision qu’il fallait faire pression. C’est lors de l’examen du dossier chinois qu’il fallait mettre en relief l’impérative nécessité de concilier l’esprit olympique et la nature du régime du pays qui a l’honneur (et la charge) de le faire vivre, de le stimuler, de le rendre plus noble. Les règles du CIO sont à revoir: Qui ne le dit pas tous les quatre ans depuis longtemps?

Comment peut-on faire aujourd’hui, en dehors des pétitions (inutiles) qui circulent, des manifestations (plus symboliques qu’efficaces) qui sont organisées, des flots de propos qui sont déversés. Avec plus ou moins de bonheur….

 (Photo Reuters)

 « Boycotter les pays qui piétine les droits de l’Homme !». C’est la banderole que RSF (reporters sans frontière) a déployée lors de la cérémonie d’allumage de la flamme olympique. Une cérémonie placée sous hautes surveillance comme le sont toutes les cérémonies et tous les rassemblements sur cette planète promise à la terreur permanente du nihilisme des hyper-terrorismes qui ne se résument pas qu’à la galaxie Al Qaïda. Le journaliste militant des droits de l’homme que je suis aurait envie d’applaudir. Ne serait-ce que parce que les autorités chinoises en censurant ces images confirment leurs méthodes policières liberticides. Mais restons sérieux : ce type de manifestations ne résout rien. C’est de la communication. Non de l’action. On parie sur « l’effet », on ne cherche pas des progrès effectifs.Que l'ami Ménard me pardonne..

 (Photo AP)

Ce n’est pas le pays qu’il faut boycotter. C’est le régime qu’il faut gêner, contrarier, contraindre à changer. Tout ce qui blesse la sensibilité nationale d’un peuple, tout ce qui froisse la légitime susceptibilité d’une population renforce la position de ceux que l’on cherche à combattre.

Cet excès de communication reste plus respectable que les propos et les silences qui font de KOUCHNER le porte-parole d’une réal-politique, d’une « geopitik » bien éloignée de la geophilosophie des « french doctors »…

Les raisons qui poussent l’Europe en général et la France en particulier ne sont en rien des affaires secrètes. Les analyses mises en relief sur le NouvelObs.com, par exemple, ne sont qu’une accumulation d’évidences. Fric et influences. Economisme et rapports de forces. Hypocrise et cynisme.

Qui n’a pas aujourd’hui besoin d’entretenir les meilleures relations avec la Chine. Même l’économie américaine vit sous perfusion de l’argent chinois… Mais aucune raison ne justifie la perte de dignité. En donnant au dalaï lama une réputation qu’il ne mérite vraiment pas, et surtout en le taxant d’un rôle qu’il ne peut pas jouer. Allons Bernard, redeviens toi-même.

Entre contestation stérile et courtisaneries indignes, que faire ? Non boycotter la chine et les JO, mais multiplier les gestes, les pressions, les actions .

Que le CIO impose des conditions de liberté d’expression dans le Village olympique, fasse en sorte que les cérémonies d’ouverture et de clôtures ne soient pas que des manifestations à la gloire du régime.

Que les journalistes qui vont « couvrir » les JO multiplient les demandes d’accréditations pour visiter les zones interdites, dans les villes et les campagnes.

Que les télévisions européennes programment durant la durée des jeux émissions et reportages sur le »pays réel » et le « système chinois » qui est un curieux mélange de totalitarisme stalinien à la mode Mao, de fascisme jaune, d’Hyper-capitalisme exacerbé et de militarisme classique.

Que nos diplomates sachent, comme Angela Merkel, plaider le respect des droits de l’homme et miser sur les échanges culturels tout en faisant des affaires. Le commerce en tant que tel n’est pas condamnable :la circulation des marchandises précède celle des idées.

Au niveau européen, il importe surtout que TOUS les pays de l’Union tiennent le même discours, prennent les mêmes décisions, adoptent le même ton. Si possible avec la même voix, non en ordre dispersé, même si c'est fait, comme Srakozy cet après-midi, avec les meilleures intentions. Il faut, surtout, que tous fassent abstraction de leurs concurrences commerciales, technologiques, financières. Cela ne dépend pas des Chinois, mais de Nous. Que la flamme olympique nous éclaire. Sans nous brûler.

Daniel RIOT

SUR RELATIO: L'APPEL DE WIESEL 

 (Dessin Charlie Hebdo)

SONDAGES:Les Français veulent un boycott politique des JO de Pékin

Les Français sont pour un boycott politique de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Pékin, mais pas pour le boycott sportif des Jeux, selon deux sondages (CSA pour Reporters sans frontières et IFOP pour L'Equipe) parus lundi dans Libération et L'Equipe.
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Selon le sondage CSA pour RSF que présente Libération, 53 % des Français sont plutôt favorables au boycottage de la cérémonie d'ouverture par Nicolas Sarkozy (42 % plutôt défavorables) "pour protester contre la situation des droits de l'homme en Chine". La tendance s'inverse quant au boycottage des JO par les sportifs français : 55 % n'y sont plutôt pas favorables, 41 % plutôt favorables.

Même tonalité pour le sondage réalisé par l'IFOP pour L'Equipe. A la question "selon vous, la France devrait-elle boycotter les JO de Pékin ?", 60 % répondent "non", 39 % "oui" et 1 % ne se prononcent pas. Par contre, ils sont 54 % à estimer "que les dirigeants français devraient boycotter la cérémonie d'ouverture", 45 % étant contre et 1 % ne se prononçant pas. Dans la même veine, 55 % des personnes interrogées estiment que "les athlètes français devraient cependant manifester pendant les JO leur opposition au non-respect des droits de l'homme en Chine", 45 % n'étant pas d'accord.

Par contre, 68 % des sondés pensent que "Jacques Rogge, le président du Comité international olympique" doit "condamner publiquement la Chine pour son non-respect des droits de l'homme" et 32 % ne sont pas d'accord. Massivement, 84 % des personnes interrogées estiment que le CIO devrait "réviser sa charte d'attribution des JO pour empêcher les pays qui ne respectent pas les droits de l'homme d'en obtenir l'organisation". 16 % ne sont pas d'accord.

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Cinq ans de prison en Chine pour l'auteur du slogan "Des droits, pas les JO"

Le dissident chinois Yang Chunlin, qui avait affirmé que la défense des droits de l'homme devait prendre le pas sur l'octroi des Jeux olympiques à Pékin, a été condamné à cinq ans de prison pour menées subversives, ont annoncé, lundi 24 mars, son avocat et sa famille.

Ouvrier sans emploi à Jiamusi, dans le nord-est du pays, il était passé en jugement en février pour avoir fait circuler en 2007 une pétition affirmant "nous ne voulons pas des Jeux olympiques, nous voulons les droits de l'homme". Sa pétition aurait été signée par plus de dix mille personnes, pour la plupart des paysans du Heilongjiang, dans le nord-est du pays, dont les terres ont été confisquées.

Pour le parquet, cette pétition porte atteinte à l'image de la Chine dans le monde et s'apparente à un acte de subversion. Selon sa sœur, il est peu probable que Yang Chunlin fasse appel de sa condamnation "car il n'a pas confiance dans le système judiciaire". – (sources AFP et Reuters.)

 Sarkozy appelle Pékin "à la retenue

et à la fin des violences au Tibet"

Nicolas Sarkozy (Reuters)

Nicolas Sarkozy a exprimé "la disponibilité de la France à faciliter (une) reprise du dialogue" entre la Chine et le dalaï lama dans un message au président chinois Hu Jintao, selon un communiqué de l'Elysée publié lundi 24 mars. Le président français "appelle à la retenue et à la fin des violences par le dialogue au Tibet". Selon l'Elysée, "il a adressé un message au président Hu Jintao lui faisant part de sa profonde émotion à la suite des événements tragiques récents".
Il y "émet le vœu que le dialogue engagé depuis plusieurs années entre les autorités chinoises et les représentants du dalaï lama reprenne rapidement et s'approfondisse, afin que tous les Tibétains se sentent en mesure de vivre pleinement leur identité culturelle et spirituelle au sein de la République populaire de Chine", ajoute le communiqué de la présidence.
La secrétaire d'Etat américiane Condolezza Rice a également appelé aujourd'hui la Chine à dialoguer avec le dalaï-lama dans le cadre d'une politique plus "durable" au Tibet, à l'issue d'une rencontre à Washington avec son homologue indien Pranab Kumar Mukherjee.
Silence assourdissant
La veille, l'ex-ministre socialiste Pierre Moscovici avait jugé dans un entretien au Journal du Dimanche, que le président de la République, Nicolas Sarkozy, était "d'un silence assourdissant" sur le Tibet.
"Le président de la République est d'un silence assourdissant. Comme il l'avait été lors de son voyage en Chine, en prenant soin, grand soin même, de ne pas inviter la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme et en pratiquant la diplomatie du carnet de chèques", déclarait le député PS du Doubs.
Favorable au boycott de la cérémonie d'ouverture
Pierre Moscovici se prononce dans cet entretien pour le boycott "par les démocraties" de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin: "cela manifesterait que le cœur n'y est pas, que la fête n'y est pas, qu'il n'y a aucune forme d'approbation au régime".
"Les JO sont une formidable opération de relations publiques pour la Chine. Alors raison de plus pour maintenir la pression", conclut-il, sans prôner toutefois leur boycott: "les boycotts ont rarement prouvé leur efficacité, qu'ils soient économiques ou politiques".
Sur Nouvelobs.com

• RSF mènera des actions jusqu'à l'ouverture des JO
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• Infographie Le trajet de la flamme">Infographie Le trajet de la flamme

 Liens

• Le site des JO de Pékin
• Le parcours de la flamme olympique
• Les compétitions et les sites
• Tous les jeux depuis 1896 (site du CIO)
• La campagne de Reporter sans frontières: "Non à Pékin 2008"