Le site Médiapart nous apprend que, il y a quelques jours, les électeurs de la 5e circonscription des Alpes-Maritimes ont reçu un courrier dans lequel Christian Estrosi les remerciait « très sincèrement » de lui avoir « renouvelé leur confiance », courrier affranchi aux frais de l’Assemblée.
Ce fidèle de notre ancien président avait profité de cet envoi pour glisser dans l’enveloppe un petit bulletin à retourner à l’adresse de la permanence UMP de Nice, afin d’être « informé(e) (des) activités » de l’association des Amis de Nicolas Sarkozy ou de « recevoir le bulletin d’adhésion ».
Petit ennui : le site du Palais Bourbon précise que « les correspondances d’ordre privé ainsi que les correspondances présentant un caractère général ou collectif (invitations, faire-part, cartes de visites, imprimés, tracts, appels à des souscriptions, journaux) ne bénéficient pas de l’affranchissement de l’Assemblée ». Le bulletin du dévoué Estrosi ne pouvait donc pas être diffusé aux frais de l’Assemblée.
L’honorable député n’a pas répondu aux questions de Médiapart. L’un de ses collaborateurs parlementaires déclare : « Je ne l’ai même pas eu entre les mains. Le courrier a été préparé à Nice, puis envoyé à l’Assemblée pour expédition. ». Voudrait-il nous faire croire que Christian Estrosi signe ses envois sans savoir ce qu’ils contiennent ?
Le président de l’Association des amis de Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, juge cette initiative « bonne » : «Je trouve ça très bien qu’il fasse de la publicité pour l’association ». Avec une totale impudence, il ajoute: « S’il est secrétaire général de cette association, c’est en grande partie parce qu’il est député, donc c’est lié à son mandat ». Moi qui croyais qu’il était président de cette association parce qu’il était le plus fervent ami de Nicolas et, en outre, le plus qualifié pour remplir ce poste ! Et une telle démonstration est prodigieuse pour justifier n’importe quelle dérive : Christian est resté amateur de moto parce qu’il est député donc tous les frais occasionnés par sa pratique de ce sport sont liés à son mandat.
Brice va encore plus loin dans l’innocence : « de toute manière, l’association a aujourd’hui zéro centime de ressources ». J’applique donc à mon tour le raisonnement Hortefeux : « mon association n’a pas d’argent donc c’est à l’Assemblée nationale de régler ses dépenses ».
Déjà en janvier 2011, le socialiste Hervé Féron avait accusé des collègues UMP d'avoir abusé de la poste du Palais Bourbon à l'occasion des vœux de fin d'année. Majestueux, le président de l’Assemblée, Bernard Accoyer, l’avait renvoyé dans ses buts en arguant : « que le principe du secret et de l'inviolabilité des correspondances interdit tout contrôle » du contenu des courriers. Autrement dit, on ne peut vérifier la nature du courrier affranchi au Palais Bourbon donc :
- Il est impossible de prouver qu’un député n’a pas respecté les consignes
-Etant donné que tout député sait qu’aucun contrôle n’est possible, il a à cœur de respecter scrupuleusement les consignes.
Et le ciel ne foudroie pas des pitres semblables !