Fils de marchand de tapis Grec, il est encore aux couches quand la famille décide d'émigrer aux États-Unis.
Timide et solitaire, il ne suit pas l'avenir que son père voulait lui dessiner dans l'entreprise de tapis.
Dans la jeune vingtaine, Kazan est alors membre du parti communiste pendant un an et demi. Un choix déterminant à long terme.
Vers 26 ans, il a déjà dirigé quelques pièces pour la troupe de théâtre. Il dirige de jeunes Montgomery Clift, Tallullah Bankhead, monte des pièces d'Arthur Miller et de Tennessee Williams et épouse Molly Thacher, une employée de la troupe.
Kazan fonde deux ans plus tard le fameux Actor's studio, qui privilégie le method acting, une technique qui force l'individu à anihiler tout ce qu'il est afin de devenir le personnage. Comme la méthode fait révolution, elle attire beaucoup de gens, qui de plus, veulent faire partie des films sur grand écran de Kazan.
Marlon Brando, Montgomery Cliff, Julie Harris, Eli Wallach, Karl Malden, Patricia Neal, Mildred Dunnock, James Withmore, Maureen Stapleton sont parmis les touts premiers étudiants.
James Dean écrira à ses parents que cette école est ce qu'il y a de mieux au monde pour un acteur. Lee Strasberg en devient le directeur en 1951.
Lorsque Kazan reçoit un oscar honorifique en 1999 pour l'ensemble de sa carrière, la salle est clairement divisée. Des gens comme Nick Nolte, Ed Harris, Ian McKellen, Amy Madigan refusent d'applaudir tandis que d'autres, Kathy Bates, Meryl Streep, George Steevens Jr ou Warren Beatty se lèvent sans hésiter et l'accueillent chaleureusement.
Il est difficile de juger de Kazan sans consulter son parcours de vie et sans tenir compte du contexte de la guerre froide de l'époque.
Kazan a d'ailleurs regretté cet épisode qui a entaché jusqu'à sa réputation de réalisateur. Il exorcise le principe de délation dans le film On the Waterfront, et en particulier dans une scène aussi longue que transparente, au cours de laquelle Marlon Brando, une poutre sur le dos, suit son chemin de Croix devant les rangs des dockers trahis au début du film à cause de la mafia. Le film lui mérite encore 8 oscars, dont ceux du meilleur film, meilleur réalisateur et Brando, meilleur acteur.
En 1961, Kazan nous présente à l'écran le petit frère de Shirley MacLaine pour la toute première fois: Warren Beatty. Il écrit l'année suivante America, America sur son expérience d'émigré. Il en fera un film dès 1963. Sa première femme, avec lequel il avait eu 2 filles et 2 fils, décède cette année-là. Il écrit aussi The Arrangement, un autre best-seller, avant de le mettre en film en 1969. Il marie l'actrice Barbara Loden cette année-là.
Les acteurs travaillant avec lui disent alors qu'ils se sentent gâtés pourris pour la vie puisque Kazan est le parfait réalisateur "pour les acteurs". Ils ont par la suite de la difficulté à accepter les faiblesses d'autres réalisateurs sur d'autres projets.
Kazan tourne The Visitors, scénarisé par son fils en 1972.
Sa femme, avec lequel il a un autre fils, décède en 1980. Il se remariera en 1982 pour une dernière fois à l'auteure anglaise Frances Rudge jusqu'en 2003, année où il meurt lui-même à 94 ans.
Kazan dira de son travail qu'il croit fermement que la solution est de toujours parler de l'être humain et non de choses abstraites, de réveler la culture et le moment social tel que dévoilé dans le comportement et la vie des gens.
Il n'aura peut-être pas souhaité être l'homme qu'il aurait voulu être, mais aura été un sacré bon artiste.