«C’est ce qui arrive inévitablement lorsque l’on confie la protection de la liberté d’expression à des entreprises privées. Dans l’environnement médiatique d’aujourd’hui, le droit de parler et d’écrire librement des uns s’arrête là où commencent les intérêts commerciaux des autres.»
C’est l’évidence que décrit Dan Kennedy, professeur de journalisme à l’Université du Nord-Est à Boston à l’occasion du blocage du compte Twitter de Guy Adams. Le tort de ce correspondant aux Etats-Unis du journal «The Independant» ? Avoir critiqué via Twitter NBC pour avoir diffusé en différé certaines compétitions des JO de Londres…
La période est à la protection exclusive des marques, des ayants-droits, des actionnaires et autres profiteurs de haut-vol à grand renfort de lois, de surveillance, de restriction de libertés fondamentales. C’est ainsi. Durant les jeux, même l’expression individuelle des participants au barnum mondial est réglementée de la plus stricte façon. On y intime ce qu’il faut faire, comment le faire, et quasiment ce qu’il faut dire.
Une étrange sensation m’envahit : la fameuse toile, cet immense espace d’expression censé rapprocher les hommes et les idées, me semble de plus en plus étouffante. Accaparée par des pouvoirs de moins en moins cachés, internet échappe complètement à l’esprit initial que lui ont insufflé ses créateurs. J’ai d’ailleurs mal compris la participation à la cérémonie d’ouverture de Tim Berners-Lee, génial créateur du World Wide Web, que j’ai eu la grande chance de croiser en avril dernier à Lyon, lui qui est certes anglais, mais surtout si loin de l’état d’esprit pourri de ces Jeux. (Normalement, le CIO devrait me demander de retirer ce lien puisque, comme prévu dans les règles qu’il impose au monde, nul ne peut linker sur le site officiel des JO si les propos ne sont pas «positifs»)
Il faut que je me calme, sinon mon compte twitter risque de prendre du plomb dans l’aile.