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En DVD et Blu-ray : Des Asiatiques aux côtés des Allemands lors du débarquement du 6 juin 1944 ?! Si, comme moi, votre première réaction est de balancer un sonore "WTF ?", retenez-vous. L'armée allemande a bel et bien intégré des volontaires étrangers dans ses rangs et c'est ainsi que des Japonais et des Coréens se sont retrouvés sur le Mur de l'Atlantique. L'un d'entre eux, Coréen, a même combattu sur plusieurs champs de bataille, en Asie, sur le front de l'Est puis en France.
Cette histoire incroyable et méconnue du grand public a ému le réalisateur coréen Kang Je-kyu, qui en a tiré une adaptation très libre : Far Away Les soldats de l'espoir, édité en vidéo par Wild Side. Dans la Corée occupée par l'armée impériale, deux enfants, Tatsuo le Japonais et Jun-shik le Coréen, s'affrontent à la course à pieds. Une fois adultes, de marathon en marathon, la rivalité fait place à la haine. Jun-shik se retrouve enrôlé de force dans l'armée nippone et se retrouve sous les ordres de l'inflexible Tatsuo. La guerre va entraîner les frères ennemis dans une odyssée qui les amènera à prendre part à des batailles sanglantes sous plusieurs uniformes.
Il faut sauver les chariots de Stalingrad !
Au-delà du récit, ce qui frappe dans Far Away, c'est la maestria de la mise en scène. Kang Je-kyu propose une vision inédite des combats de la deuxième guerre mondiale. Sa caméra plonge au coeur de l'action, virevolte, décolle, bondit au gré des charges et des explosions. C'est bluffant. Même énergie pour filmer les marathons. De quoi éclipser Il Faut sauver le soldat Ryan, Stalingrad et Les Chariots de feu. Faut le faire !
Et le plus fort dans tout ça, c'est que jamais le cinéaste n'en oublie ses personnages. L'amour-haine entre Tatsuo et Jun-shik est incarné avec justesse par Jo Odagiri et Jang Dong-Gun. Alors, oui, ici ou là, on peut trouver que le film, la caméra, les sentiments s'emballent un peu trop, notamment à la fin. Mais pas au point de nuire à l'histoire. On reste accro sans voir passer les près de 140 minutes du film. Personnellement, j'ai beaucoup aimé.
Anderton