Thomas Gleb (de son nom de naissance, Yehouda Chaïm Kalman, 1912-1991) aurait eu 100 ans cette année. Il fait partie de ces artistes que l’aventure humaine rend attachants autant que l’œuvre. Né à Lodz, en Pologne, dans une famille de tisserands, il apprit ce métier, tout en se consacrant au dessin et à la peinture. Comme beaucoup de peintres de sa génération, c’est à Paris qu’il se rendit, en 1930, pour travailler et se mêler à ses pairs. Engagé dans l’Armée française lors de la deuxième guerre mondiale, puis dans la Résistance juive, il fut arrêté par la Gestapo et déporté. Il put toutefois s’échapper du train qui le conduisait en Allemagne. Thomas Gleb fut donc un rescapé. Il y a, chez lui, une dimension qui rappelle celle de certains héros des romans de Romain Gary.
Mais, si faire partie des rescapés, presque des miraculés, change sans doute le regard porté sur le monde et son propre destin, cette expérience ne transforme personne en artiste de premier plan ; le talent doit animer le créateur et ce talent, Gleb n’en fut pas dépourvu.
C’est à la richesse de ce parcours, et surtout de ce blanc parfois contrarié de quelques notes colorées, qu’est consacrée l’exposition Sacré blanc ! Hommage à Thomas Gleb qui a lieu au musée Lurçat d’Angers jusqu’au 18 novembre 2012. Une cinquantaine d’artistes y exposent leurs créations, toutes orientées vers le blanc et le sacré. Visions étranges, complexes, inquiétantes, magiques, totémiques qui font appel à la céramique, à la photographie, à la sculpture, à l’impression, à l’installation, à la broderie et, bien sûr, à la tapisserie.
Autant d’œuvres qui, dans une complice confrontation avec celles de Thomas Gleb, démontrent que le blanc n’a rien de fade, de neutre, mais se décline pour exprimer une gamme insoupçonnée de nuances.
Les artistes présents sont : Absalon, Amande In, Angélique, Artémis, Fabienne Auzolle, Olga Boldyreff, Anne-Lise Broyer, Monika Brugger, Jean-Marc Cérino, Monique Chapelet, Muriel Crochet, Cécile Dachary, Baptiste Debombourg, Marie-Noëlle Décoret, Marie-Noëlle Fontan, Jill Galliéni, Bernadette Genée et Alain Le Borgne, Josep Grau-Garriga, Marie-Ange Guilleminot, Daniel Henry, Françoise Hoffmann, Patrice Hugues, Majida Khattari, Nadine Lahoz-Quilez, Maria Loizidou, Marie-Rose Lortet, François Marcadon, Annette Messager, Françoise Micoud, Molénac, Cécile Monteiro-Braz, Catherine Noury, Roman Opalka, Philippe Parrot Lagarenne, Frédérique Petit, Christine Peyret, Simone Pheulpin, Denis Polge, Françoise Quardon, Jon-Eric Riis, Magali Rizzo, Nadia Sabourin, Yves Sabourin, Thomas Salet, Marjolaine Salvador-Morel, Mylène Salvador-Ros, Martine Schildge, Skall, Maïté Tanguy, Dominique Torrente, Kimiko Yoshida.
Illustrations : Thomas Gleb, Trace orange, 167 x 200, 1968, acrylique et enduit sur toile, Coll.musées d’Angers © Musées d’Angers, photo Pierre David – Olga Boldyreff La conquête de la couleur, dimensions variables, environ 270 x 300, 1996-2009, crochet et tricotin, Coll. artiste © Yves Sabourin – Angélique, Virus, 39 x 39 x 39 (avec le caisson), 1997, organdi cousu, Coll. Artiste, © B. Debombourg – Jon-Eric Riis, Manteau de crânes multicolores en tapisserie et perles, 86 x 167 x 4, 2009, tissage sur métier basse-lisse et broderie perlée, fils de laine, lurex, perles de corail et d’agate, Coll. artiste, courtesy galerie « Myrna Myers », Paris © Yves Sabourin.