La situation économique ne permet pas de dépenser autant que durant les années ’90. On ne peut plus acheter des grands champions affirmés, comme ceux qui ont caractérisé les campagnes d’achat des dernières années. On doit construire une grande équipe grâce aux jeunes et à travers une équipe d’observateurs. Barcelone a fait comme cela. Je rappelle que le grand Milan a démarré de la même manière : de Maldini, Baresi, Costacurta. J’aimerais dire aux tifosi : il y a la possibilité de construire un football amusant et efficace malgré le cadre économique difficile. Je leur dit qu’il ne faut pas avoir peur de ce changement, il est nécessaire et de perspective. »
Sur les ventes et les départs : « Qui n’aurait pas voulu encore avoir un joueur comme Seedorf par exemple? (nous!) Le temps passe pour tout le monde. On a salué plusieurs joueurs, et j’ajoute aussi Pirlo. Cela a été un choix imposé par les exigences financières, je répète, un choix imposé. »
Sur le futur : « Avant, on pouvait acheter de grands joueurs. Puis la crise est arrivée, la plus grave crise de l’histoire. Ma famille a versé chaque année 50 millions dans le football. Aujourd’hui, ce ne serait plus possible pour nous, qui contenons les couts dans les autres sociétés. Et puis nous ne pouvons pas dépenser cet argent pour Milan, une société de divertissement. »
Sur Thiago et Ibra : « On ne pouvait pas refuser la somme du PSG pour les deux joueurs. Cela a réglé les comptes de la société. On ne voulait pas les vendre tous les deux. Leo nous avait contacté et on avait refusé. Puis, les avances du PSG ont continué. Et on a pensé au fair play financier. C’est la dernière fois qu’on pouvait recevoir une telle offre. Avec ce sacrifice, on règle nos comptes pour les prochaines 3-4 années. Mon coeur pleurait, mais j’étais convaincu d’avoir de très bons joueurs dans l’équipe. En attaque, on ne sentira pas l’absence d’Ibrahimovic. En défense, on croit beaucoup en Acerbi. »
Sur l’effectif : « On aura un effectif de 22 joueurs car quand il y a trop de joueurs, il y a des mécontents et cela met aussi l’entraineur en difficulté. On augmentera les recherches pour attirer à Milan d’autres grands champions. »
De nouveau sur la crise : « Le football fait partie de l’économie globale, les recettes du football devront faire face à la crise : abonnements, billets et sponsors. En Italie, la crise financière est plus aiguë, mais cela ne dépend pas de l’Italie. Moi j’ai quitté le gouvernement et ils disaient tous qu’un gouvernement technique aurait amélioré la situation. Le gouvernement a travaillé mais malgré cela, la crise est toujours bien présente. Une crise économique s’est ajoutée à cela. Il y a de l’inquiétude et de la peur pour le futur. »
Sur les pétrodollars : « Je vois que les équipes qui continuent à dépenser beaucoup ont des propriétaires hors du système européen : ils viennent de Russie ou des Emirats. Pour ces équipes aussi seront concernées par le fair play financier. Certains clubs dépensent plus cette saison car ils sont conscients qu’ils ne pourront plus le faire dans le futur. »
Sur des investisseurs étrangers à Milan : « Les portes sont ouvertes à ceux qui veulent aider notre équipe. Nous on veut uniquement le bien de Milan. »
Un message aux tifosi : « On entrera toujours sur le terrain avec notre mission : être maitre du jeu. C’est notre mission. Les tifosi ne doivent pas avoir honte de leur équipe. Je ne crois pas que, subitement, la propriété et les dirigeants n’aient plus la confiance des tifosi. Le football n’est pas une science exacte, ce n’est pas celui qui dépense le plus qui gagne. Il suffit de voir Abramovich : il a seulement gagné cette année après avoir dépensé des fortunes. »
Que s’est-il passé avec Thiago? : « En juin, on pensait que notre réponse était définitive. Puis, avec l’offre liée à celle d’Ibrahimovic qui a 31 ans, le bon sens a prévalu. On ne pouvait pas injecter de l’argent frais comme on le faisait les années précédentes. »
On parle d’un retour de Kakà… : « Je n’ai pas approfondi l’argument avec Galliani. Kakà est dans nos coeurs pour le joueur et l’homme qu’il est. Je ne ferme pas la porte à une telle possibilité : il faut cependant voir à quelles conditions. »
Sur l’anniversaire de Galliani et Barbara Berlusconi, le 30 juillet : « Les deux générations doivent trouver l’entente. Ils ont les mêmes idées sur une table de travail. Cette nouvelle « alliance » est utile et elle peut servir à redoubler d’efforts pour passer au delà de cette crise. Après pizza et mafia, le mot Milan est l’élément italien le plus connu. »
Sur le numéro 9 à Pato, le 10 à Boateng : « Pato est un buteur, le n°9 est parfait pour lui. Le buteur pense à transformer chaque occasion. Il ne peut pas jouer loin du but comme il l’a fait cette saison. Boateng? C’est vrai que quand on pense au numéro 10, on pense à des joueurs comme Gianni Rivera. Boateng est différent mais l’idée que ces deux glorieux maillots soient portés par ces joueurs me plait. »
Un dernier mot pour saluer : « J’espère qu’on se retrouvera dans quelques temps et avoir d’autres remerciements à faire. J’y compte bien. »
ANALYSE
Le silence de Berlusconi a été trop long. Ses absences injustifiées, lors des adieux aux grands champions le 13 mai, ainsi que lors du Raduno « appauvri » n’ont fait qu’accentuer la sensation de distance entre lui et le club, provoquant l’incompréhension et l’indignation des tifosi. Ce discours aurait du être prononcé beaucoup plus tôt, avant même que les tifosi se mettent en colère. Est-il sorti du silence pour sauver la face? En bon politicien, il a souligné les points positifs de l’équipe, notamment en énumérant les 5 joueurs qu’il considère comme des champions : Pato, Robinho, Boateng, El Shaarawy et Cassano. Uniquement des attaquants, tout comme les investissements du club, toujours ciblés sur des attaquants alors que Galliani doit se débrouiller avec du low cost pour la défense et le milieu. Le président pense que Milan peut réaliser un meilleur championnat que celui de la saison passée, caractérisé par un grand nombre de blessures. C’est une possibilité, notamment grâce au niveau assez bas de la Serie A mais qu’en est-il du niveau en Europe? A aucun moment il n’a parlé d’Europe.
Mis à part cela, il n’a fait que confirmé ce qui avait déjà été expliqué ici même sur Passion AC Milan, notamment avec l’article « Coup d’oeil sur la situation financière de Milan« . La situation du pays tout entier et du groupe Fininvest est critique. Le groupe ne peut pas dépenser des fortunes pour un club de foot tout en mettant en place des restructurations qui touches des centaines de familles italiennes. On savait depuis le début que l’AC Milan était dans l’impossibilité de dépenser le moindre centime lors du mercato sans vendre mais le aurait pu se passer de la vente de Thiago Silva. Là aussi, Berlusconi a implicitement avoué que sa vente n’était pas prévue ni voulue (On ne voulait pas les vendre tous les deux). Cela aussi avait été énoncé ici : l’idée était celle de vendre Ibrahimovic, qui a 31 ans et qui avait un salaire exorbitant mais seul le PSG était disposé à aider Milan, à condition d’y inclure Thiago Silva… Ensuite, il a ouvert les portes à d’éventuels investisseurs : Berlusconi ne nous a rien appris mais le déclarer clairement et publiquement après avoir assaini les finances du club ressemble à un appel à candidatures.
Il a évoqué le futur et là aussi, on l’avait anticipé, notamment avec son discours fictif : « Cela aurait (presque) suffi » L’idée est de repartir à zéro, avec une base saine et de miser sur les jeunes afin de les valoriser, d’aligner une équipe dynamique et de proposer du beau jeu. Encore faut-il que le discours théorique soit mis en pratique et on n’y est pas encore. Il suffit de voir ce qu’il se passe avec Didac Vilà après avoir vendu Merkel. Sur le plan du jeu, on verra durant la saison mais cela reste en partie liée à la qualité des joueurs même si l’entraineur à sa partie du travail à accomplir. La mission du club reste la même : être maitre du jeu et s’imposer grâce au beau jeu. Malheureusement le club n’a plus les moyens de financer sa mission. Il tente de défendre la nouvelle politique en affirmant que ce ne sont pas ceux qui dépensent le plus qui gagnent, en citant même Abramovich alors qu’il vient tout de même de remporter sa première Champions League, ce qui prouve le contraire : l’argent permet tôt ou tard d’atteindre ses objectifs, cela ne fait pas tout mais ça aide beaucoup. Et il est le premier à le savoir. Berlusconi a prouvé compter énormément sur Galliani et sa fille Barbara et leur bonne collaboration même si jusqu’à présent, ils ont prouvé avoir des idées assez différentes, avec comme résultat un manque de cohérence de la part du club tout entier. Tout comme le futur du pays tout entier (Il y a de l’inquiétude et de la peur pour le futur), celui de Milan reste nébuleux. Les objectifs de mercato sont plus ou moins connus (notamment Yanga Mbiwa et Kakà) mais ne sont possibles qu’à certaines conditions. Le dernier mois de mercato est important car il influencera fortement la compétitivité du nouveau Milan, en fonction de la valeur des joueurs recrutés. En attendant, Berlusconi a éclairci la situation à ceux qui en avaient encore besoin, car on était nombreux à avoir déjà tout compris mais le président en personne devait s’expliquer.
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