Une fille de pasteur, jeune femme de 28 ans, célibataire sans enfant fuit le mariage, court enfin, pédale toute la journée. Un itinéraire jalonné de jambes malades à masser en passant par des aspidistras souffreteux, de remèdes à livrer et l'arrivage de nouveaux-nés.
C'qui faut pas faire pour remplir les bancs de plus en plus vides de l'église paternelle anglicane. Faut dire qu'il est pas très souple de caractère, le père.
Eh oui, ça n'rapporte plus l'anglicanisme pur, ça culpabilise trop la noblesse, alors chaque église y va de sa spécialité pour remplir les caisses, enfin, la corbeille.. la fièvre romaine s'empare de la ville..
Dorothy gère tout ce qui manque, tout sauf le vide qui s'installe en elle. Un coup d'aiguille dans le bras, et ça repart, et le moindre éclat de lumière émeraude et éphémère la ranime, pour un moment. Elle parvient tant bien que mal à résister aux attaques spirituelles de son « ami » Warburton, le scandale urbain incarné, mais n'esquivera que trop tardivement une attaque charnelle, que n'esquiveront pas les yeux de Mme Semprill, pour son plus grand plaisir. Dorothy se réfugie dans la confection de costumes en papier kraft, et se réveille dans la rue, inconnue de tous, et surtout d'elle-même.
Commence alors un parcours initiatique, qui commence dans un brouillard de houblon, se poursuit dans un vaudeville frigorifié et « clochardesque », se perd dans le cerveau formaté de jeunes filles en panne d'inspiration expirant l'ennui et finit dans des bottes en papier kraft. C'est fou c'qu'on peut travestir avec du papier kraft..
Non seulement Orwell a merveilleusement « dystopié », avec 1984, mais il excelle à décrire l'atrophie spirituelle, l'hypocrisie sociale, la misère d'une foi (ou inversement) qui se dit intrinsèque mais qui n'est à qu'à peine épidermique et fait frissonner d'effroi.
Croire. Il faut absolument croire, voir dans le noir, mais voir quoi, pour aller où ?
Et puis... il y a les aspidistras...