Portfolio de 8 pages
Le cinéma appartient au spectateur. Il est en nous, il est à nous. Certaines images s’installent durablement dans notre mémoire rétinienne, voire reptilienne, collective. Elles sont là, tapies, enfouies, si vivantes. Pour se délivrer de leur emprise, Grégory Chatonsky a eu l’idée d’une opération de contre-magie. Comme un enfant découpe l’ourson qu’il adore pour voir ce qu’il a dans le ventre, il s’est lancé dans le dépeçage de plus de deux cents films, disséquant plan par plan les scènes qui le hantent.
Il lui faut des travellings, des plans longs, mais surtout des cinéastes dont la maîtrise de l’espace est envoûtement du regard, ensorcellement. Folle entreprise qui consiste soit à capter une image qui résumerait à elle seule le film, soit à fabriquer des montages express synthétisant la scène culte, voire l’œuvre. A la manière d’un pitch. « Les images que je construis n’existent pas et pourtant nous les avons tous vues », explique le photographe, qui avoue, à l’issue de son voyage fantastique, une admiration accrue pour Hitchcock.
Possession, dépossession et re-possession. Le cinéma comme art du faux et des fauves. Bienvenue dans le travail subliminal de Grégory Chatonsky dans la peau de David Lynch et les autres (Godard, Wenders, Tarkovski, Cronenberg, Wong Kar-waï…).
Dominique Frétard