« Chaque existence isolée sort d’elle-même à la faveur de l’image trahissant l’erreur de l’isolement figé. Elle sort d’elle-même en une sorte d’éclat facile, elle s’ouvre en même temps à la contagion d’un flot qui se répercute, car les rieurs deviennent ensemble comme les vagues de la mer, il n’existe plus entre eux de cloison tant que dure le rire, ils ne sont pas plus séparés que deux vagues, mais leur unité est aussi indéfinie, aussi précaire que celle de l’agitation des eaux. »
(Bataille, L’expérience intérieure, p. 113).
L’histoire nous laissait muette, effroi et mutisme. Les auteurs reliaient documentaire et lyrisme comme manière d’inscrire ce mutisme. À présent (et quel est ce présent) chacun inscrit sa voix, ses mots, ses gestes. Tout ceci est inscrit sur le réseau: les conditions même d’inscription et de mémorisation de l’histoire change, de sorte que c’est le concept même d’histoire (effroi de ceux qui étaient désignés comme auteurs, artistes, scribes) qu’il faut repenser. Non pas la fin de l’histoire, mais la clôture de cette histoire qui fut la nôtre.