Les utilisateurs des réseaux sociaux falsifient leurs informations personnelles dans le but de dépeindre une image de réussite sociale, et non pour préserver leur vie privée.
Un nombre considérable d’informations sur les individus est désormais disponible sur internet grâce à l’émergence des réseaux sociaux et à la popularité croissante de la communication numérique. Les utilisateurs de ces réseaux partagent avec leurs amis des renseignements personnels, et rendent publiques certaines caractéristiques fondamentales de leur identité telles que le nom ou le sexe. En revanche, ils falsifient ou refusent de divulguer des informations qu’ils considèrent trop personnelles ou inappropriées au public de ces réseaux, comme le numéro de téléphone ou le niveau d’étude. C’est en tout cas ce que révèle une étude menée par les chercheurs de l’Université de Penn State auprès d’une majorité d’étudiants de cette même université* dans le but d’étudier le comportement des utilisateurs face au mensonge sur ces réseaux et ainsi améliorer la réalité. Ainsi, ils sont 94% à reconnaitre avoir menti au moins une fois, souvent à propos d’informations spécifiques telles que leur localisation ou leur statut relationnel. La tendance d’un membre d’un réseau social à modifier certains types de données est corrélée avec son désir de dépeindre une image de réussite sociale, et n'est pas statistiquement liée à des préoccupations de la vie privée révèle l’étude.
Agir en fonction de ces amis proches
C'est parce que les utilisateurs intègrent leur cercle d’amis dans la plupart des actions qu’ils effectuent (commentaires et réactions) que ces proches influencent leur décision de mentir ou pas. Pour arriver à cette analyse, les chercheurs ont étudié le comportement d'un usager en fonction de ce qu’il décide de publier sur un réseau social. «Chaque information publiée par un utilisateur lui permet d’augmenter son capital social ou son capital vie privé, selon s’il la partage honnêtement, la déforme ou bien la garde secrète» explique à l’Atelier Christopher Griffin, chercheur à l’université de Pennsylvanie. S'il la partage honnêtement, il gagne des points en capital social, mais perd en intimité et court ainsi le risque que celle-ci lui nuise par la suite. S'il ment, il peut là aussi gagner en capital social, mais si l’on découvre la supercherie il perdra ses points. Cependant, il gagnera en capital vie privée, puisque il n’aura pas révélé quelque chose de vrai. Et enfin s’il garde pour lui cette information, il gagnera en capital vie privée, mais pas en capital social.
Détecter les mensonges
Les chercheurs ont ainsi voulu quantifier la nature des gains et des pertes du capital social et de vie privée, résultant des décisions d'un utilisateur en fonction des choix des autres usagers qui ont des répercussions sur ces gains et ces pertes. Par exemple, si un utilisateur a tendance à mentir, la perte subie lorsque son mensonge est découvert est moindre si les publications des utilisateurs de sa communauté ne sont pas véridiques. En outre, les chercheurs ont constaté qu’il est plus difficile de mentir si l’on publie régulièrement des informations (vraies ou fausses) puisque les preuves s'accumulent au fil du temps. Enfin, les témoignages des utilisateurs recueillis sur internet pour l’enquête soulignent qu'il est facile de détecter les mensonges émis par les usagers avec lesquels ils interagissent souvent, ce qui témoigne qu’une auto-validation est effective sur ces sites.
*Etude menée auprès de 296 personnes, dont 65% d’hommes et 35% de femmes.